Attention !!! Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donnent rendez-vous chaque samedi à 14h00 pour vous faire découvrir leurs passions du moment !
Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici !
La Saison des ombres de Jo Baker et Christel Gaillard-Paris aux éditions Robert Laffont
https://www.lagriffenoire.com/la-saison-des-ombres.html
Une saison à Longbourn de Jo Baker aux éditions Livre de Poche
https://www.lagriffenoire.com/une-saison-a-longbourn.html
le Bâtard de Palerme: Histoire des Beati Paoli T.1 de Luigi Natoli aux éditions Métailié
https://www.lagriffenoire.com/le-batard-de-palerme.html
Athlètes de l'innovation: Les femmes à la conquête de la tech de Delphine Remy-Boutang , Marc-Antoine Coulon aux éditions Flammarion
https://www.lagriffenoire.com/athletes-de-l-innovation-les-femmes-a-la-conquete-de-la-tech.html
Thieves' Gambit, tome 01 : Voler à tout perdre de Kayvion Lewis et Aurélien d' Almeida aux éditions Poket Jeunesse
https://www.lagriffenoire.com/thieve-s-gambit-tome-1-voler-a-tout-perdre-1.html
Wajestix - Lecture roman jeunesse fantastique Dès 10 ans de Benoît Grelaud et Sylvain Guinebaud aux éditions Poule fictions
https://www.lagriffenoire.com/wajestix.html
Cézembre de Hélène Gestern aux éditions Grasset
https://www.lagriffenoire.com/cezembre.html
555 de Hélène Gestern aux éditions Folio
https://www.lagriffenoire.com/555-2.html
Eux sur la photo de Hélène Gestern aux éditions Arléa
https://www.lagriffenoire.com/eux-sur-la-photo.html
Les Déracinés de Catherine Bardon aux éditions Pocket
https://www.lagriffenoire.com/les-deracines.html
L'Américaine de Catherine Bardon aux éditions Pocket
https://www.lagriffenoire.com/l-americaine.html
Et la vie reprit son cours de Catherine Bardon aux éditions Pocket
https://www.lagriffenoire.com/et-la-vie-reprit-son-cours.html
Carolyn et John de Stéphanie des Horts aux éditions Albin Michel
https://www.lagriffenoire.com/carolyn-et-john.html
Pamela de Stéphanie des Horts aux éditions Livre de Poche
https://www.lagriffenoire.com/pamela.html
La Cuisinière des Kennedy de Valérie Paturaud aux éditions Les Escales
https://www.lagriffenoire.com/la-cuisiniere-des-kennedy.html
Les Délices de Tokyo de
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Car être musicien, avant d’affronter la scène, les feux de la rampe, le public, c’est cela, avant tout : s’asseoir devant son instrument, aligner les notes pendant des heures, chaque jour, chaque semaine que Dieu fait, et nourrir l’illusion de toucher, de temps en temps, à une éphémère perfection.
À quoi sert la musique, si ce n’est à être partagée ? Je ne connais rien qui égale sa capacité à reformuler nos chagrins dans une langue supportable.
Oh, je sais bien, il paraît que maintenant le citoyen a le droit et même le devoir de pouvoir à toute heure contempler la saloperie du monde, les corps ensanglantés sur les chaussées de Syrie ou d’Irak. Même une enfant qui se noie centimètre par centimètre au journal de vingt heures, on nous la montre.
Peut-être que c'est de la lâcheté de ma part, que je vieillis, mais moi, je n’y arrive plus. Si ça ne nous laisse que le temps d’avoir mal à notre impuissance, sans rien pouvoir y faire, merci bien.
Depuis toujours, je suis fasciné par les musiciens. J’ai beau savoir que leur technique, leur virtuosité sont le fruit d’heures de pratique et de milliers d’exercices enchaînés, pour moi, ce sont des magiciens, des prestidigitateurs. Je regarde leurs doigts courir à une vitesse surnaturelle sur le clavier et, chaque fois, j’ai l’impression d’assister à un miracle.
(pages 37-38)
Pour les vacances, Irene n’a jamais tenu parole. Et quand un accident de voiture l'a emportée, à l'âge de trente-six ans, laissant mon père incrédule et son second mari anéanti, mon frère et moi n’avions toujours pas mis les pieds dans sa maison romaine.
Malgré tout, je suis certaine qu'elle était sincère quand elle nous faisait ses promesses, et qu'elle aurait aimé avoir le temps de mieux nous connaître. Il n’y avait aucune méchanceté, aucune sécheresse de cœur chez ma mère. Juste l'égoïsme des grands artistes, et un oubli total de ce qui n’était pas la musique.
Et il se trouve que nous, ses enfants, nous n’étions pas la musique.
Hier, le petit Polonais lui a suggéré de décrire un lieu où elle avait été heureuse. Elle s’est rappelé Cézembre, un jour de baignade avec Hélène. La mer était calme, le soleil réchauffait sa peau, le vent caressait son visage avec une infinie douceur. À demi étendue dans un fauteuil de toile rayée, elle avait pensé aux pages du Sâr qui parlaient de réincarnation : elle avait soudain senti son corps se fondre dans les éléments et en épouser chaque particule. Alors elle s’était faite goéland, ciel, vent, les ailes déployées, glissant en silence dans le ciel ; elle avait été eau, herbe et sable, sa chair dissoute dans une paix magnifique. Elle s’était endormie.
À quoi sert la musique, si ce n’est pas à être partagée ? Je ne connais rien qui égale sa capacité à reformuler nos chagrins dans une langue supportable.
(page 330)
Je me suis rendue cinq fois en prison, dans le cadre de rencontres avec les détenus.Depuis longtemps, je voulais savoir à quoi ressemblait la vie carcérale. L’habitude de considérer la prison comme une poubelle de l’espace sociale, le lieu d’un justice immanente où les violeurs sont violés et les assassins torturés est absurde et inquiétante : c’est ignorer que le condamné, à plus ou moins long terme, aura une place à reprendre dans la société. Comment le faire si l’on a détruit en lui le capital d’humanité qui lui reste ?
Je me demandais ce qui fait la vérité d'un être, ce que l'on devient quand on a grandit sans souvenirs, qui étaient ces gens qui m'avaient connue et dont je ne savais rien, s'il restait en moi quelque chose d'eux, un mot, une image, une odeur.
Vingt-six lettres, ça tient sur une ligne et cela suffit pourtant à composer les poèmes de Villon et de Louise Labé, la Recherche du temps perdu et Cent ans de solitude. La Montagne magique et La Promenade au phare. Vingt-six lettres, c’est assez pour inventer les univers qui remplissent nos nuits et réparent nos solitudes. Pourtant, un alphabet est labile, fragile, poreux : il laisse passer le vent. Le sable efface la pierre où des mots furent gravés, la lumière mange l’encre qui les a imprimés, des fous de Dieu ou d'autre chose brûlent les livres en place publique. Mais tant pis. Quand on écrit, on chiffre la vie en s’objectant contre le transitoire de toute chose. On y jette sa révolte et sa foi, à la faveur d'un jeu minuscule d'encre et d’imprimerie, dont on sait que la portée nous échappera.
Ou qu’elle nous transcendera, peut-être.
Vingt-six lettres : notre monnaie d’échange contre la gratuité de la vie et l’inéluctabilité de l’oubli.