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Critique de Phil56


Si j'en crois le profil des lecteurs ayant posté une critique du livre La comtesse des digues de Marie Gevers, je serai le premier homme à m'y risquer.
Allons-y donc.
- Dès l'entame du roman, le décor est planté. On entre d'emblée dans le vif du sujet, faisant rapidement connaissance avec les principaux protagonistes.
Fin des années 20 du siècle dernier, après le décès de son père (le comte des digues des rives de l'Escaut), Suzanne est tiraillée entre des velléités d'ailleurs et son attachement quasi viscéral à la glèbe qui l'a vu naître et grandir. Également perturbée par l'éveil de ses sens, la jeune femme va être amenée à faire des choix. Des amants restant en lice, le plus important n'est peut-être pas celui que l'on croit. Évoluant dans une société encore figée dans le respect d'immuables conventions, notre héroïne parviendra-t-elle à vaincre le conformisme ambiant ?
- En substance, Marie Gevers nous donne à voir un esprit assez libre (selon les critères de l'époque), curieux de tout, parfois frondeur et régulièrement confronté aux convenances tant sociales que familiales. On peut également affirmer que l'auteur fait oeuvre novatrice en magnifiant son personnage principal en symbole d'une certaine émancipation féminine. Par ailleurs, l'écriture est riche et luxuriante (parfois à l'excès). Les descriptions des choses et des gens sont à la fois bucoliques, minutieuses, extrêmement détaillées, très sensuelles et colorées à petites touches (influence de l'impressionnisme ?). La glorification (parfois un peu mièvre) des bonheurs simples presque toujours liés à une nature bienveillante si on la respecte, nous fait immanquablement penser à du Giono publiant , à la même époque, sa trilogie de Pan . La structuration du roman est, quant à elle, quasi cinématographique : chaque chapitre étant un plan séquence dont l'intitulé est systématiquement évocateur du contenu à l'instar des panneaux titres du cinéma muet.
- Néanmoins, si la narratrice a manifestement pour ambition de nous convaincre du triomphe de la jeunesse et de l'amour sur les préjugés et les conformismes, son propos reste trop lisse, trop consensuel. En effet, pas ou peu de remises en question d'un ordre social immuable de cette micro société vivant repliée sur elle-même à l'abri de ses digues. Au final, chacun se doit de rester à sa place et les vaches seront bien gardées ! On n'échappe pas à sa classe sociale. Cela reste, malgré son respect (parfois condescendant) des "petites gens", le regard extérieur d'une bourgeoise, à l'esprit éclairé certes, mais dont on sent qu'elle n'a jamais dû, si ce n'est par curiosité mais jamais par nécessité vitale, mettre la main dans le cambouis ni aller au charbon.
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