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Critique de isanne


Je reviens d'un long voyage dans la région des lacs, dans l'état du Minnesota. J'ai ralenti la lecture comme on ralentit pour avancer dans la neige, quand celle-ci entrave les pas, pour observer les alentours, les arbres, les étendues d'eau qu'il faut franchir coûte que coûte, pour m'imprégner des mots, des sensations, des odeurs transmises par l'écriture, pour être au coeur de cette nature majestueuse et indomptable.

Harry disparaît, il se réfugie dans ses forêts, dans ses terres d'eau, ses rivières et ses lacs car même au coeur de la maladie qui emporte ses pensés, il a encore l'intuition qu'il peut choisir la façon dont il va quitter sa vie.
Gus, son fils, sans espoir, part pour le retrouver, tous le cherchent, une traque pour essayer d'être plus rapide que la décision qu'a prise Harry. Ils ne retrouveront que son bonnet dont le pompon a été remplacé, par son propriétaire, par un flotteur en liège : ultime signal envoyé, dernier mot d'adieu, dernière évidence d'une décision librement choisie.

Gus et Berit - celle qui a toujours su qu'elle attendrait à jamais la présence d'Harry dans sa vie, évoquent leurs souvenirs : ce père et ce compagnon qu'ils ont aimé, attendu, qu'ils ont parfois davantage deviné que compris. Gus évoque "le" Harry de ce temps passé en pleine nature pour hiverner loin de tout, dans la cabane au milieu de cette forêt, de l'importance de cette cartographie qui les a amenés jusque là, alors qu'il n'avait pas encore dix-huit ans et Berit fait revivre  "le" Harry jeune homme, celui qu'elle a tant espéré et aussi l'homme mur qu'il est devenu et dont elle a enfin pu partager l'existence au lendemain de cette hivernage tragique.

Le même personnage mais vu par des regards différents qui sculptent un être secret, farouche, volontaire, opiniâtre, parfois ambivalent, nimbé de mystères. Ces mêmes regards et souvenirs ressuscitent la petite ville de Gunflint, ses habitants, ses destins d'émigrés, ses jalousies, la corruption, la violence, la cruauté et même la folie qui l'habitent.


C'est un magnifique récit choral qui laisse la nature souvent hostile et dangereuse prendre possession de notre âme, provoquer les rencontres avec ses occupants : ces animaux que l'on admire, que l'on craint, que l'on accueille en partage pour survivre, si différents de la rencontre humaine qui n'est que violence et abjection, ces indices que l'on croise qui sont autant de clefs pour comprendre Harry.
C'est la rencontre d'un homme, d'une communauté, de destinées souvent marquées par la solitude et le chagrin.
C'est la rencontre d'un fils et d'une femme éprise, d'une famille qui se reconstruit au fil des souvenirs empreints de nostalgie.



Une fois le livre refermé, Berit, vous êtes toujours assise auprès de moi... Et pour longtemps, vous y resterez, je pense. Je ne vous oublierai pas.
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