AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sachenka


Deux personnages, deux trames. Kanai, un traducteur de Calcutta, se rend chez sa vieille tante dans les Sundarbans, cette région marécageuse à la frontière de l'Inde et du Bangladesh, où le Gange et le Brahmapoute rencontrent l'océan Indien et ses tempêtes. C'est un endroit quasi magique, où des iles apparaissent et disparaissent au gré des marées, avec des forêts de mangroves, une végétation luxuriante et des animaux sauvages… Complètement dépaysant ! C'est le pays des marées. En cours de route, il croise Piya, une cétologue américaine d'origine indienne qui effectue des recherches sur les comportements des dauphins d'eau douce. Ceux du Gange sont-ils réellement éteints ? Elle n'en voit aucune trace, jusqu'à ce qu'elle se fasse aider de Fokir, un pêcheur illetré (quoique que sa culture orale est remplie de légendes fascinantes) qui se fie davantage à la déesse protectrice des eaux qu'à autre chose.

Ces deux destinées se croisent dès le début dans le train, s'éloignent puis se croisent à nouveau, fort intéressant. D'un côté, un travail scientifique prenant, un mystère de la nature à percer, rempli d'obstacles (les autorités indiennes peu collaboratives, voire obstructives, les caprices de la météo…). de l'autre, la découverte de son passé, de soi-même, de ses espoirs et de ses rêves. Ces deux trames finiront dans une quête quasi mystique. J'aime bien cette dimension spirituelle à l'oeuvre. Après avoir peu aimé le dernier roman d'Amitav Ghosh, mon opinion s'améliore un peu. J'ai bien aimé ce voyage exotique.

Ceci dit, si l'intrigue est intéressante, elle est un peu longue. D'autant plus qu'il n'y a pas de grandes surprises, on sent venir les coups. Vers le milieu du bouquin, j'avais hâte d'arriver à quelque chose d'un peu plus concret. C'est que Kanai se met à lire les papiers de son défunt oncle, une sorte de testament spirituel. Ils relatent entre autres une série d'événements datant de quelques décennies, de migrants bengalis, de lutte contre les autorités qui souhaitaient préserver des espaces naturels pour les animaux. C'est qu'il était révolutionnaire, le vieil oncle. Cette trame supplémentaire complexifie inutilement et rallonge le livre. À ce point, je veux savoir si Piya réussira à localiser ses dauphins et je veux que Kanai la retrouve, pas qu'il passe son temps à lire l'histoire de sa famille !

Le récit du vieil oncle permet de lier davantage Fokir à l'histoire de Kanai et Piya (même si ce n'était pas absolument nécessaire) et, surtout, de soulever d'excellentes questions. Qu'est-ce qui est mieux ? Soumettre la nature aux besoins des humains ou préserver l'environnement ? Quel est le prix des vies humaines ? La disparition des dauphins ? Et après, celle des tigres du Bengale ? L'auteur ne donne pas de réponse à vous d'y réfléchir. Ceci dit, il aurait pu l'aborder d'une autre façon que ce long détour.

Dans tous les cas, on retourne éventuellement à l'intrigue principale. Kanai retrouve Piya et décide de l'accompagner dans ses recherches. Mon intérêt a décuplé d'un coup ! J'imaginais une romance prendre son envol, des péripéties à droite et à gauche, un brin de mystère. Dès le début de ce nouveau segment, on assiste à une scène étrange : sur la rive, des villageois émeutés allument des torches et mettent à mort un tigre. La scientifique d'une droiture remarquable doit se rappeler qu'elle n'est pas aux États-Unis. le groupe retrouve les criques et canaux où on avait aperçu les dauphins, le paysage a changé avec les marées, un nouvel ilot, il l'explore. Kanai y fait une expérience spirituelle puis une tempête violente se déclare…

Le pays des marées, c'est de l'aventure, un brin d'amour, de suspense et de mysticisme, quelques occasions de réfléchir à l'environnement et aux conséquences de l'activité humaine mais, surtout, une chance de découvrir une parcelle de ce grand pays qu'est l'Inde. À lire absolument !
Commenter  J’apprécie          450



Ont apprécié cette critique (42)voir plus




{* *}