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Critique de Escapist


Ah, Atlantis! Un titre qui fait rêver, un mot qui a lui seul nous fait voyager dans un univers ancestral, une fantaisie historique, un imaginaire inaccessible et pourtant attractif. La couverture elle-même incite au voyage et au mystère tandis que le résumé nous plonge dans les coins les plus obscurs de l'Histoire et la promesse d'une cité retrouvée: celle de l'Atlantide. En bref, un emballage attirant sur l'un des plus célèbres mythes de notre société ponctué d'une quatrième de couverture qui nous offre la promesse de l'aventure... et pourtant quelle déception!

Le défaut majeur de ce roman qui peine à atteindre les sphères du thriller est de trop vouloir en faire. "Docteur en archéologie, il fait autorité dans le domaine des civilisations disparues" nous informe la courte biographie de troisième page. Il s'agit plutôt d'un avertissement déguisé: "attention, thèse à haute teneur en données scientifiques et archéologiques". Car autant le dire, que les non-amateurs d'archéologie et de technologie de pointes militaires tracent leur chemin car ils ne trouveront dans cet ouvrage qu'un imbroglio de termes par trop précis, de noms barbares et une agaçante surabondance d'explications historiques. Oui David Gibbins maîtrise parfaitement son sujet, oui il fait honneur à l'archéologie et oui il aurait dû se cantonner à son domaine et non s'élancer dans la littérature. Ce roman est bien sûr lisible, mais disons que très rapidement le ton est donné et que moments d'ennui s'enchaînent à moments d'ennui. Les termes sont beaucoup trop techniques (les noms de chaque arme utilisée, dont on ne retrouve jamais deux pareilles, sont barbares et constituent un outrage à la poésie littéraire) et constituent plus une liste de tout le savoir en la matière de l'auteur qu'une véritable importance à l'histoire. S'y rajoutent également des discours pédants de connaissances et de théories de la part des personnages qui ne font qu'alourdir l'ensemble. Les dates s'enchaînent à une vitesse vertigineuses dans un maelstrom de chiffres qui perd à jamais le lecteur... et comme l'histoire est mal soutenue, finalement ce-dernier n'a guère l'envie de combattre et se laisse malmener par ces flots ininterrompus de données jusqu'à la prochaine pause dans le récit.

En plus de cette technicité assommante de savoirs scientifiques, David Gibbins semble ne pas savoir rester humble. Défaut professionnel sans doute, il donne trop de détails sur des événements historiques, se sentant obligé de rappeler les lieux et dates des faits, ce qui ne permet que de rallonger considérablement les phrases. Pour tout amateur de l'Histoire (ou toute personne dotée d'un minimum de culture), la plupart de ces détails sont des redondances irritantes et exaspérantes qui n'apporte rien à l'histoire même du roman.

Enfin, le troisième défaut majeur de l'ouvrage est de ne pas assez approfondir la période de 9000 avant J.-C, date où s'ancre une Atlantide à l'aube de sa perte. Seul le prologue permet de revivre ces siècles passés dans une ambiance mystique. A lire le résumé, on s'attend donc à ce que cette période prenne plus d'importance dans le roman, peut-être en alternant époque contemporaine et époque antique au fil des chapitres, de sorte à donner plus de cadence et de ne pas endormir le lecteur. Au contraire, le roman se fixe à décrire les déboires d'un comité de scientifiques menés par des archéologues qu'aucune situation ne laisse jamais à l'imprévu, dont le savoir est pénible et rébarbatif et qui doivent à la fois affronter les mystères que soulèvent l'Atlantide et un exécrable cinglé de taliban mû par l'appât du gain. Quel originalité! Quant aux personnages, ils rivalisent de connaissances tandis que le héros Jack est maître en l'art de la perfection. Tout finalement lui réussi et il nage comme un poisson dans l'eau dans des problèmes que même John McClane ne pourrait résoudre. Et pourtant Jack Howard y arrive: beau comme Apollon, riche à faire pâlir Crésus, plus doué qu'Indiana Jones en archéologie, il maîtrise à la perfection tout ce qu'il touche, que ce soit un hélicoptère, un sous-marin, missiles nucléaires, armes à feu en tout genre... il en fait presque passer ses compétences archéologiques comme un hobby.

Le sujet de l'Atlantide est pourtant fécond, et David Gibbins possédant suffisamment de connaissances dans le milieu de l'archéologie, il est donc dommage qu'il n'est pas utilisé ce savoir à meilleur escient. Les quelques moments d'actions sont les bienvenus jusqu'à ce que des termes techniques viennent anéantir tout espoir de voir l'histoire s'envoler vers une approche plus littéraire. Si les théories et les suppositions des personnages sont travaillés en détail, de sortent que nous avons l'impression qu'ils récitent chacun un rapport de stage (donc que l'aspect improviste des situations est abolis), ce n'est pas le cas des moments d'action. Les milieux sont mal décrits, ce qui ajoutent à la confusion du lecteur qui visualise avec difficulté chaque scène. Les éléments descriptions somme toute importants sont brouillés au profit d'une mise en lumière sur l'aspect purement scientifique de chaque situation.

David Gibbins mérite parfaitement son doctorat en archéologie et son savoir des civilisations antiques est respectable, seulement il manque une part cruciale de matière littéraire pour faire de son ouvrage un roman. Il semble oublier que son lecteur n'est pas familier à son domaine et donc se perd dans des détails minutieux. Il y a pourtant une bonne idée à traiter l'Atlantide et certaines scènes qui méritent de s'attarder pour les lire si seulement l'ensemble ne se voulait pas une thèse tentant de convaincre sur la géolocalisation de cette île dont les us et coutumes sont dépeints de manière trop utopique. Si Gibbins semble très prosaïque et professionnel dans la majeure partie de son roman, il se laisse facilement convaincre par l'idéal chimérique lié à la mystérieuse légende de l'Atlantide.
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