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Critique de NMTB


Gide a écrit un vrai roman pour intellectuels. Court et ennuyeux, rien d'exceptionnel, si l'on ne s'intéresse pas à la vie intellectuelle de la fin du dix-neuvième siècle, une histoire sur un bourgeois, peu spectaculaire, mais dense et remarquablement synthétique en ce qui concerne les changements moraux apparus à cette époque. Il reflète l'air du temps de Nietzsche, de l'anarchisme, du darwinisme social et de la psychologie, sans compter qu'on pourrait tout à fait voir en Michel un mélange poétique de Verlaine et Rimbaud autant que de l'auteur lui-même.
Sous son aspect immuable de bourgeois, Michel représente toute une tendance à remettre les anciennes valeurs morales en question. Il a été éduqué par une mère protestante disparue tôt et un père intellectuel. Juste avant la mort de ce dernier, pour lui complaire et le rassurer, Michel épouse une catholique prénommée Marceline. Pendant leur voyage de noce dans les colonies nord-africaines il tombe gravement malade et il frôle la mort. Avant sa maladie, Michel était donc un jeune homme austère et sans goût pour la vie sensuelle, indifférent en somme ; un savant, quelque chose comme un historien ou un philologue, plongé dans les études. Avec la maladie il connait l'horreur de la mort et par conséquent l'appétit de vivre, puis il découvre la sensualité.
Ce serait trop compliqué de détailler la doctrine de Michel et son parcours, trop de choses entrent en ligne de compte. Mais psychologiquement il ne va pas bien, ses idées ont pour origine l'angoisse de la mort ; sa pédérastie latente, son homosexualité qui a du mal à s'exprimer et en particulier son goût pour les mauvais garçons (il n'admet de vigueur qu'à l'immoralité, vicieuse ou naïve), tout ça fait qu'il a tendance à se mépriser lui-même, car il n'a pas perdu toute morale. Il est certainement moins individualiste après sa maladie qu'avant ; s'il n'aime pas sa femme, il garde de la tendresse pour elle et un sentiment de devoir envers celle qui l'a soutenue sans faille pendant sa maladie. Il est certainement immoraliste dans l'esprit mais plus circonspect dans les actes. Aujourd'hui, un hédoniste individualiste dirait qu'il ne s'assume pas et qu'il a besoin d'une bonne psychanalyse, mais la psychanalyse n'existait pas quand Gide a écrit ce livre. Je pense qu'il ne voyait simplement pas de solution à ces contradictions entre les instincts individuels et la morale collective.
Le roman est un appel au secours de Michel à trois de ses vieux amis pour qu'ils l'aident à revenir dans le droit chemin.
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