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Critique de BlackKat


Ce recueil de huit nouvelles est essentiellement axé sur la femme. La maman célibataire, l'adolescente fragile, la jeune musulmane, la réfugiée sans papier, l'épouse en fin de vie ou encore la femme traquée.
La femme, gibier et victime de l'homme, sa proie la plus convoitée depuis la nuit des temps… Ou plus rarement la femme aimée jusqu'à la mort…
Il n'y a que deux nouvelles centrées sur un homme avec J'ai appris le silence et L'homme en noir.

« Aleyna » est une nouvelle déjà découverte dans un autre recueil, 13 à table!, mouture 2016. Donc pas de surprise mais cette histoire m'avait bouleversée et je l'ai relue avec plaisir.
Une histoire de famille, de fratrie bien sûr, mais surtout un récit sur le poids de la religion musulmane, des traditions, des crimes d'honneur mal placé, du drame et de l'horreur indicible que vivent tant de jeunes femmes encore au XXIe siècle! Une petite histoire percutante sur un mariage arrangé forcé, qui nourrit la rage devant ces victimes et la vigilance féminine de la femme occidentale.

« Aurore » est une histoire qui nous parle du mal être adolescent, ou l'âge gouverné par des émotions brutes quand un jour est merveilleux et le lendemain un enfer!
Un frère et une soeur qui, dans l'absolu, ne manquent de rien matériellement, sont élevés dans une famille classique au niveau social correct mais qui, psychologiquement, sont fragiles par manque cruel d'attention de leurs parents, trop centrés sur leur nombril, leur travail et leurs engueulades.
J'ai relevé un petit clin d'oeil pour un de ses personnages de Terminus Elicius, lors d'un trajet en train d'Alban.
Une histoire touchante qui nous renvoie à cette époque d'hyper-sensibilité qui peut s'avérer bien dramatique!

« Ce que les blessures laissent au fond des yeux » est une nouvelle qui m'a instantanément évoqué « L'intérieur », une autre nouvelle découverte dans le recueil Crimes au musée et qui figure également plus loin dans ce même livre.
De la difficulté à être maman célibataire, a fortiori quand on est une réfugiée pour l'un des deux personnages principaux, et de se retrouver à la merci de prédateurs masculins abjects dans une société qui n'est guère présente, significativement, pour elles.
Récit lu avec la rage au ventre et un sentiment de tristesse dégoûté malgré une solidarité et une amitié féminine des plus belles.

« J'ai appris le silence » est également une nouvelle découverte dans un autre recueil, 13 à table! de l'édition 2017. Un petit bijou de sadisme vengeresque!
Parce que j'ai appris le silence.
Parce que j'ai appris la peur.
Parce que j'ai appris l'endurance.
Parce que j'ai appris la prudence.
Mais j'ai appris à supporter bien pire.
Une vengeance à assouvir pour fêter un anniversaire. Faire payer. Faire souffrir. Faire mourir.
Mais réaliser ses fantasmes est-il si jouissif?

« L'été se meurt » ou quand une femme suscite une passion possessive mortelle. Elle est la proie, elle ne le sait pas. Il est le chasseur et compte bien laisser son empreinte… au moins dans ses tous derniers moments d'existence.
Suspens jouissif et effrayant au final qui nous prend à rebrousse poil!

« L'homme en noir » est une histoire sombre de vengeance mal placée. Comme pour le précédant récit, Karine Giébel surprend par la chute accordée à cette quête de justice. J'ai beaucoup aimé ce personnage qui n'arrive pas à assumer son traumatisme passé et voit l'homme en noir peut-être comme sa propre rédemption, en vain…

« L'intérieur » est une nouvelle violente dans son analyse sociale du marché du travail actuel, alors que les plus faibles de notre société alimentent le nouvel esclavage moderne, juste pour survivre. Et quand la victime est une maman célibataire, on lit cette nouvelle malheureusement pas si fictionnelle que cela avec la rage au ventre.

« le printemps de Juliette » clôture avec grande émotion ce recueil sombre et violent. Une insondable douceur pour l'amour sincère entre un homme et son épouse, pour le meilleur mais aussi le pire. Quand la finalité de la vie reste toujours et à jamais la mort…

Je suis forcément un peu déçue que les huit nouvelles n'aient pas été huit réelles découvertes mais une déception vite oubliée tant la plume incisive de Karine Giébel est énivrante! Des mots sombres qui claquent et qui atteignent leur cible immanquablement. Comme à son habitude, Karine Giébel réussit à nous captiver avec ces récits courts et efficaces.
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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