AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Yggdrasila


Ouvrir un livre de Karine Giebel c'est vouloir se frotter à ce qui existe de plus inquiétant en l'homme, à l'horreur de ses actes, aux défaillances de sa sombre psyché.
C'est à travers une lecture commune en compagnie de mon amie Siabelle que j'ai découvert ce recueil composé de huit nouvelles.
Inutile de préciser que Madame Giebel n'affectionne pas les « Happy-end », elle est bien connue pour cela et on peut dire qu'encore une fois, on est servi!

- Aleyna est une nouvelle que j'avais déjà lue dans le recueil 13 à table 2016. C'était d'ailleurs l'histoire qui m'avait le plus marquée dans ce livre. La relire a donc été un vrai bon moment.
Aleyna est une rêveuse... elle rêve d'amour, de partage et de complicité avec celui qu'elle aura choisi. Quoi de plus normal quand on a 17 ans ?
Mais les traditions le lui interdisent. Originaire d'une famille turque, elle va devoir suivre le destin que sa famille lui a dicté. Mais l'acceptera-t-elle ?
Dans cette histoire, l'auteure dénonce une réalité effrayante : celle du poids des traditions familiales et de l'honneur qui doit être respecté quel qu'en soit le prix. Dans cette nouvelle, elle alterne les points de vue entre Aleyna et Aslan, son frère jumeau. D'un côté on suit cette jeune femme opprimée et de l'autre celui qui, malgré lui est chargé de ce lourd carcan familial. Bien que cette nouvelle soit assez courte, je me suis beaucoup attachée à Aleyna. J'ai aimé son courage et sa volonté. 5/5

- Aurore est la seconde nouvelle du recueil.
C'est aussi une lycéenne qui a des idées noires. Une rencontre va pourtant tout changer. Cela sous le regard interrogateur et bienveillant de son frère bègue qui voue un amour inconditionnel à sa soeur. Malgré les moqueries continuelles au lycée, il rêve d'héroïsme...
Dans cette histoire, j'ai adoré le petit clin d'oeil au personnage de Terminus Elicius. Écrit sous forme d'un journal, Giebel décrit bien comment la haine et le désespoir peuvent prendre la place sur tout le reste. On ressent bien la sincérité et la mélancolie qui caractérisent Alban, le jeune frère d'Aurore. Cette histoire montre le fossé qui peut exister entre les illusions d'une vie rêvée et la réalité qui est tout autre. 4/5

- Ce que les blessures laissent au fond des yeux est la nouvelle la plus longue. C'est aussi une de mes préférées.
Deux femmes, Delphine et sa voisine Kilia vivent dans un immeuble insalubre, sous le joug d'un propriétaire malhonnête et tyrannique. C'est l'histoire d'une belle amitié, d'une entraide dans les moments de galère. Cette nouvelle est particulièrement touchante car elle décrit de tristes moments emplis de détresse. J'ai ressenti une forte empathie pour le personnage de Delphine. C'est une mère qui fait preuve d'énormément de courage pour tenter de s'en sortir comme elle le peut. 4,5/5

- J'ai appris le silence est l'histoire d'un homme qui a passé vingt-deux ans derrière les barreaux. Il a été condamné à tort à perpétuité pour l'assassinat et le viol d'une jeune fille. Au bout de ces nombreuses années, on l'a innocenté. Sauf que rien ne peut effacer ce qu'il a vécu. Rien ne peut non plus effacer sa haine et son rêve de vengeance.
La fin m'a vraiment surprise! Je pense que cette histoire est la plus représentative des tournures machiavéliques fidèles à l'auteure. Elle montre bien comment la haine peut s'emparer d'un homme blessé, quand l'esprit jongle entre le bien et le mal. Mais la nature même de l'homme refait-elle toujours surface? 4,5/5

- L'été se meurt est une très courte nouvelle. On suit homme fou amoureux d'une femme. Celui-ci pense qu'elle le trompe alors il souhaite se venger.
La chute de cette histoire est également assez surprenante. Ici la psychologie est au premier plan. L'auteure nous montre comment une obsession peut parfois prendre le dessus. 3/5

- L'homme en noir, est encore une histoire de vengeance mais sous une autre forme.
Un homme retrouve par hasard, à la descente d'un train, celui qu'il cherchait depuis des années. Depuis son enfance, il n'a jamais oublié ce visage. Alors que l'occasion se présente, il décide de le suivre...
Cette histoire montre à quel point la culpabilité peut être lourde à porter. On a affaire à un désir obsessionnel de vengeance mais qui ne se passe pas du tout comme prévu. Même si j'avais en partie deviné la fin, j'ai beaucoup apprécié cette nouvelle. 4/5

- L'intérieur, cette histoire était assez difficile à lire car elle reflète des faits réels malheureusement très (trop) souvent racontés. Cette nouvelle nous plonge au coeur du harcèlement sexuel au travail. On suit le personnage de Virginie, qui tente de faire bonne figure malgré les souffrances qu'elle endure.
C'est une histoire prenante et percutante, mais je suis un peu déçue par la fin qui à été trop expéditive à mon goût. 4/5

- le printemps de Juliette, dans cette dernière histoire très courte, un couple âgé fait face à la maladie après quarante ans de vie commune. C'est une nouvelle qui ne fait que quelques pages et c'est celle avec laquelle j'ai le moins accrochée. Giebel termine son recueil avec une note beaucoup plus légère, avec cette histoire qui témoigne de l'amour d'une vie. 3/5

Pour conclure, c'est un très bon recueil de nouvelles que j'ai pris plaisir à lire. Je le trouve intéressant pour ceux qui veulent découvrir l'auteure. Même à travers de courtes histoires, Giebel parvient toujours à trouver les mots justes pour décrire la souffrance, la haine et le désespoir qui peuvent s'emparer d'une personne.
C'est éprouvant, oppressant, douloureux parfois... et Giebel tâche de toujours faire en sorte qu'on s'en souvienne!

Je vous invite à aller lire la belle critique de Siabelle. Un grand merci à toi de m'avoir accompagnée dans cette lecture d'une de mes auteures chouchous! C'est toujours un plaisir de lire en ta compagnie!
Commenter  J’apprécie          6418



Ont apprécié cette critique (56)voir plus




{* *}