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Critique de fabienne2909


J'ai longtemps eu peur de lire un roman de Karine Giebel. Trop dur, trop violent, trop atroce, bref trop d'adjectifs négatifs pour la réticente à l'horreur que je suis. Mais pour remplir les objectifs de plusieurs challenges, il a fallu prendre mon courage à deux mains. Et je n'ai apparemment pas choisi le plus facile de cette autrice, puisque le synopsis de « Toutes blessent, la dernière tue » est plus que particulier, puisqu'il traite de l'esclavage d'enfants, et pas dans un pays lointain, non, en France, aussi incroyable que cela paraisse (et malheureusement vrai, l'autrice s'étant beaucoup documentée auprès d'associations dédiées) : Karine Giebel raconte ici l'histoire de Tama, une jeune Marocaine vendue par son père à une compatriote qui lui a fait croire qu'elle l'enverrait à l'école, alors que c'est plutôt en enfer que la fillette atterrit. Assommée de travail, battue, humiliée, torturée même dans une famille française tout ce qu'il y a plus de classique, la petite fille puise malgré tout dans l'adversité une force inébranlable, qui lui permet de résister face à ses bourreaux. Mais jusqu'à quel point ?

Parallèlement à cette première histoire, on découvre Gabriel, un tueur qui ne semble vivre que pour la vengeance — on découvrira laquelle au fil des pages —, qui découvre une jeune femme blessée dans l'écurie attenante à sa maison. Qui est cette jeune femme ? A-t-elle un lien avec Tama ?

Et en effet dans l'horreur j'y ai plongé avec cette lecture. Mais pas dans celle à laquelle je m'attendais ! J'ai très vite été agacée par les formules, censées être d'une profondeur implacable, dont Karine Giebel use et abuse à chaque fin de chapitre, mais qui tombent lamentablement comme un cheveu sur la soupe pour moi, du type : « Elle allait survivre. Il allait devoir la tuer. » J'ai eu de ce fait beaucoup de mal à entrer dans cette histoire, peuplée de personnages plus ou moins bien réussis. Autant j'ai réussi à croire à celui de Tama, autant je n'ai pas cru une seule seconde dans le personnage de Gabriel, qui sonne très faux et assez cliché.
Et que dire de cette histoire aux rebondissements assez invraisemblables, et de cette surenchère dans l'horreur, dans ce panorama de toutes les violences, le plus souvent assez gratuites ? Tout au plus peut-on en dire que Mme Giebel a une vision du monde et de ses semblables plus que négative, puisque quasiment aucun personnage n'est épargné par la violence (tant mieux car ceux qui le sont un peu sont ceux qui souffrent le plus) ni par le sadisme, et que même les sentiments censés être les plus purs, comme l'amour, sont contaminés par une laideur dominante. Sa vision du couple est assez effroyable, puisqu'a aucun moment le relation entre Izri et Tama n'envoie du rêve : Tama passe d'une domination à une autre, privée de sortie, d'espoir ; l'homme qui est censé l'aimer ne souhaite que la posséder, et non pas l'aider à s'épanouir, l'amour et la haine ne semblant jamais très loin…

Une lecture éprouvante donc, et malgré cela, les 744 pages sont passées assez facilement, et surtout, très vite (j'ai un peu abrégé mes souffrances en fin de roman ceci dit). Bref, un essai plus que mitigé, et pas sûr que je retente l'expérience une nouvelle fois…
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