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Critique de pencrannais


Merci à Babelio et aux éditions Talent pour cet envoi dans le cadre d'une mass critique.
Post frontière de Maxime Gillio est un roman très féministe dans le bon sens du terme. Il est centré sur la vie de trois femmes à trois époques différentes. Trois femmes et trois époques qui nous permettent d'en savoir beaucoup plus sur l'Allemagne de 1945 à nos jours.
Patricia Sammer est une journaliste au Tageszeitung et entreprend un dossier sur les personnes qui ont fui l'Allemagne de l'Est à pendant la guerre froide et qui y sont revenus. Dans ce cadre, elle rencontre Oelze qui accepte de lui raconter ses souvenirs : son enfance dans un village de l'ancienne République démocratique allemande, son premier amour, son passage à l'ouest.
Le roman se concentre surtout sur la relation entre ces deux femmes. Patricia a perdu son père et sa mère est en phase terminale et ses démons semblent la pousser vers un puit sans fond d'autodestruction. Son enquête et sa volonté d'interviewer Oelze ne semble pas si désintéresser que cela. Que cherche-t-elle ? Pourquoi semble-t-elle en vouloir à cette femme ?
A travers l'histoire de ces deux personnages, se dessine celle de l'Allemagne de la guerre froide, et notamment celle des années de plomb, de la fin des années 1960 aux années 1980.
En parallèle, l'auteur nous raconte aussi l'histoire de la mère d'Oelze, une Sudète, une Allemande qui vivait en Tchécoslovaquie avant la Seconde Guerre mondiale. Or, en 1945, suite à la défaite du troisième Reich, cette population est victime de la vengeance des peuples se relevant de la terreur nazie. Anna, c'est son nom, subie les vexations des tchèques, puis, avec tous autre sudètes encore en vie et avec ses deux enfants, est parquée dans les mêmes camps de concentration qui servaient aux nazes et qui sont réutilisés contre les Allemands eux-mêmes.
Ces chapitres sont vraiment terrifiants mais dévoilent un pan de l'histoire jusqu'ici très peu exploité par les auteurs. La vie de tous ces allemands et surtout allemandes (car les hommes étaient presque tous soit morts soit prisonniers de guerre) qui ont souffert eux aussi de 1944 à 1946 suite à la défaite nazie et dans le cadre d'une vengeance à grande échelle des pays occupés d'Europe de l'Est.
La vie d'Oelze m'a aussi particulièrement intéressé, la vie en Allemagne de l'Est aurait pu être un peu plus développé et m'a laissé sur ma faim, mais le personnage est plutôt attachant.
En revanche, j'ai trouvé le personnage de Patricia Sammer un peu trop caricatural dans son travail d'auto destruction, même si je ne remets pas du tout en cause ses motivations.
Le livre se lit très facilement avec des chapitres cours qui alternent sur les trois époques et avec un style plutôt dynamique qui ne s'éternise pas sur les descriptions et qui se concentre sur les personnages. J'aurai aimé une densification du récit avec des personnages secondaires qui auraient pu gagner en épaisseur, le frère d'Oelze, son petit ami, le père de Patricia, la vie même d'Oelze en Allemagne de l'Ouest.
Au final, un bon moment de lecture avec des passages parfois difficiles mais qui nous apprend quantité d'informations sur l'Allemagne post guerre mondiale sur des sujets peu souvent évoqués dans la littérature française.
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