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Critique de Zebra


« 125 Rue Montmartre » est un polar écrit par André Gillois en 1958. Edité chez Hachette dans la collection le Point d'Interrogation, l'ouvrage de 191 pages -imprimé par Brodard et Taupin- présente en couverture un vendeur de journaux exhibant la une de France-Soir et criant le nom d'un criminel fraîchement démasqué.

Le lecteur est plongé dans un quartier à l'époque dédié avant tout à la presse, celui des NMPP et des vendeurs de journaux à la sauvette, avec son lot de tracasseries et de misère sociale. Pascal, vendeur à la sauvette vend tous les jours la ration de journaux qu'il se choisit en début de matinée. Il est aimé de Germaine, dit Mémène, une nana sympa, populaire et bien en chair, guichetière à l'entrepôt de France Soir. Une nuit (page 60), alors qu'il était assoupi sous un pont de Paris, Pascal rattrape Didier par le col de la chemise au moment précis où il allait se jeter dans la Seine. Didier, désespéré, fuit sa belle-famille qui l'accuse d'être fou. Pascal se prend d'amitié pour Didier et il lui apprend les rudiments du métier de crieur afin qu'il empoche assez d'argent pour fuir à l'étranger. Les débuts de Didier sont difficiles et puis, un jour, Didier explique à Pascal qu'il a planqué de l'argent dans un pavillon, rue des Marronniers : ils n'ont qu'à aller le chercher, de nuit, sans réveiller Catherine, qui dort au 1er étage. Pascal, étonné, marche dans la combine et se rend nuitamment avec Didier devant le pavillon. Didier fait le guet. Pascal entre dans la place mais, alors qu'il vient de se saisir de l'argent, il est assommé puis cueilli par la police qui, curieusement, arrive sur les lieux … du crime, oui, car il y eu un crime, celui d'un dénommé Barachet, chiffonnier de son état. Dodelot, en bon commissaire proche de la retraite, interroge Pascal, qui se croit accusé du meurtre de Didier : c'est un flagrant délit. Dodelot écoute les explications de Pascal, notant sa déclaration sans chercher à s'y retrouver dans le désordre où patauge Pascal. Meurtrier ? Pascal a le souffle coupé par l'accusation et il proteste car il pense que Catherine a fait le coup et qu'elle veut lui mettre ça sur le dos. Il s'apprête à le dire au commissaire mais un des agents arrive avec ce qu'ils croient être l'arme du crime, une lampe un tantinet cabossée trouvée dans le jardin devant le pavillon. Heureusement pour Pascal, Dodelot voit que l'entente entre les époux Barachet n'était pas excellente et il hésite quant à l'identité réelle du coupable. Quand Dodelot allume la lumière et que Pascal découvre que la victime n'est pas Didier, il a l'impression d'assister à une farce. Et Dodelot a la conviction que Didier n'est pas un mythe. Alors, si Catherine avait fait assassiner son mari afin d'hériter de sa fortune ? Et si Didier jouait un double jeu ? Diabolique, certes, mais …

L'auteur réussit à nous faire toucher du doigt l'énergie et l'urgence de ce milieu populaire, sans vulgarité et avec sérieux. Les dialogues sont truculents. Il y a du rythme et beaucoup de justesse dans le propos. le suspense est réel et va grandissant. Les personnages sont hauts en couleurs (jusque dans les seconds rôles). Ça fourmille de détails croustillants sur ce petit monde où les journaux passent de main en main jusqu'au crieur de journaux. L'analyse psychologique est assez profonde avec, en toile de fond, les notions de confiance, d'amitié, de trahison, de vengeance, de justice et de vérité. L'écriture est fluide et ciselée, comme au scalpel. du point de vue strictement policier, c'est une énigme policière classique, « à la Maigret », avec une affaire rondement menée, des policiers qui font le job et un superbe retournement de situation. Certes, la fin est un peu « téléphonée » et il y a un peu de manichéisme derrière tout ça (des ouvriers « bons » et des bourgeois « méchants »). Mais il ne faut y voir qu'un attrait idéaliste d'André Gillois pour les petits métiers, pour les milieux populaires. Au final, « 125 Rue Montmartre » est un polar humaniste doublée d'une belle réussite (pour ne pas dire une perle, ce qui est normal de la part d'un écrivain dont le nom de famille est Diamant-Berger) marquée par le Prix Quai des Orfèvres 1958, prix décerné par Georges Simenon. On en redemande : je mets quatre étoiles.
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