Je lui ai montré A Streetcar Named Desire (1951). Je lui ai dit qu'en 1948 un jeune acteur peu connu, Marlon Brando, était parti sur le pouce depuis New York jusqu'à la maison de Tennessee Williams, à Provincetown au Massachusetts, auditionner pour un rôle dans une production de Broadway, et il avait trouvé le grand dramaturge en pleine crise d'anxiété; l'électricité venait de lâcher et les toilettes ne marchaient plus. Il n'y avait pas d'eau. Brando a rétabli le courant en mettant des pièces de monnaie derrière les fusibles; il s'est mis à quatre pattes pour réparer la plomberie; quand il a eu terminé, il s'est essuyé les mains, il est allé dans le salon et il a lu le rôle de Stanley Kowalski. C'a duré à peine trente secondes, selon la légende, et Tennessee, à moitié paf, l'a fait taire et lui a dit "c'est bon" avant de le renvoyer à New York avec le rôle.
«...les choses ont l'air pires qu'elles sont.» Des mots si inutiles, des mots si méprisables, détestables, inefficaces. Comme des pétales de fleurs jetés devant un bulldozer.
J'ai continué en disant, en répétant plutôt , ce que mes maîtres m'avaient dit à l'université: que quand on regarde un film pour la deuxième fois, il s'agit en fait de la vraie première fois. Il faut connaître la fin pour pouvoir apprécier la beauté de l'échafaudage depuis le début.