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Critique de mariefrance6344a17


Dans l'avant-propos de son essai, l'historien Carlo Ginzburg exprime son intérêt pour les relations entre les normes et les anomalies. le fromage et les vers, qui s'intéresse à un hérétique condamné à mort par le tribunal de l'Inquisition, s'inscrit dans ce rapport d'opposition. Ainsi surgit la réflexion centrale du livre, qui s'avère intimement liée au décor : comment Domenico Scandella dit Menocchio, un meunier d'un minuscule bourg d'Italie, a pu se forger une cosmologie propre ayant attiré l'attention des autorités catholiques au XVIe siècle ? Afin de comprendre les mécanismes derrière la synthèse des croyances de Menocchio, Ginzburg s'appuie sur les archives judiciaires et autres monographies pour reconstituer l'existence du meunier à Montereale, dans les collines du Frioul, une société « aux traits fortement archaïques » sous le joug de la noblesse féodale (Ginzburg, 2014, p. 54). Ginzburg rappelle également la position sociale particulière du meunier à l'écart du reste de la communauté en raison de l'isolement du moulin, lieu de rencontre propice à la circulation des idées.

Comme tout historien qui se doit de décrire le contexte, Ginzburg édifie les assises nécessaires pour répondre à sa problématique de travail. En conséquence, malgré les siècles qui séparent le lecteur de la vie de Menocchio, Carlo Ginzburg réussit à mettre en relief l'unicité du meunier hérétique d'une manière approfondie. En dépit des défis que posent l'accessibilité et la teneur des sources primaires, il brosse un paysage détaillé, indispensable pour apprécier les acrobaties intellectuelles faites par le meunier et aller au-delà de leur étrangeté initiale.
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