Les Mots de la Tribu est la traduction du titre original
Lessico Famigliare. Il s'agit bien de tout un lexique auquel les parents de
Natalia Ginzburg avaient recours pour évoquer les jours anciens, pour saisir les traits et le caractère des personnes de leur connaissance. Des phrases toutes faites, des éléments langagiers, des antiennes pour saisir le révolu et mettre en boîte les absents. de cette chronique turinoise ressort la figure inénarrable du père, être bougon, gueulard, un brin intolérant. Très peu de choses ou de gens trouvaient grâce à ses yeux, il avait ses idées arrêtées, ses préceptes à l'usage de chacun.
La mère était d'une nature douce, entourée de souvenirs qu'elle aimait rappeler à tout propos, à l'aide du fameux lexique à l'usage de la tribu, regrettant mélancoliquement les jours révolus de la maison précédente mais toujours prête à accueillir d'un sourire juvénile le jour nouveau qui s'annonçait. C'est une chronique douce-amère, cocasse et tendre, qu'il nous est proposé de lire. Ces expressions toutes faites sont des habitudes rassurantes, des refrains invitants chacun à se remettre dans les dispositions d'esprit idoines. Ce récit autobiographique est aussi un témoignage précieux sur l'Italie de la première moitié du XXème siècle, sur le milieu intellectuel de l'époque, le climat politique et social d'un pays en pleine fermentation. Un joli moment de lecture couronné par l'un des plus prestigieux prix littéraires transalpin, le Strega, en 1963.
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