Conte, récit poétique, on ne sait pas trop, mais ce coin de
Provence où se passe le récit à des airs de légende.
Giono y transfigure la région dont il vient en donnant vie - et quelle vie! - aux collines, aux arbres, à l'eau et au feu, ce feu qui comme une langue monstrueuse avale tout ce qu'elle trouve sur son chemin.
Janet se meurt. Janet, c'est le père de Marguerite, dite Gritte, et le beau-père de Gondran. Il se meurt comme il a vécu, mauvais, hargneux, revanchard et c'est de so
n oeil encore mobile, quand tout le reste est paralysé, qu'il jubile des malheurs qui s'abattent sur le petit hameau. La fontaine ne coule plus, il faut maintenant faire des kilomètres à tour de rôle grimper jusqu'à Lure qui domine les Bastides Blanches de son ombre, pour trouver de l'eau. La petite Marie tombe gravement malade. le feu, bientôt, gronde là-haut. Et Janet jubile. Lui seul sait où trouver l'eau souterraine. Sourcier, sorcier, il refuse de partir seul, c'est tout le village qui doit partir avec lui, et avec eux l'eau, la colline, les arbres, l'herbe.
Gondran, Jaume, Maurras, les hommes luttent contre les éléments, hésitent à croire les délires de Janet.
Car dans la bouche de Janet, la nature alentour commence à vivre, s'animer, comme dans les légendes japonaises.
C'est d'une poésie folle et profonde, on goûte les mots épais de
Giono.
Lu au retour d'une semaine en
Provence, j'ai retrouvé cette nature soumise à la force des éléments et ses belles collines arides. Une belle expérience.