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Critique de Darjeelingdo


Relecture, dans le cadre du Challenge Solidaire, d'un livre que j'avais beaucoup aimé adolescente..j'étais curieuse de voir si la magie des mots de Giono opérait encore. Verdict : oui !

« Après boire, l'homme qui regarde la table et qui soupire, c'est qu'il va parler. Surtout de ces hommes qui sont seuls dans le monde, seuls sur leurs jambes avec un grand vide autour, tout rond ; enfin un de notre bande, un de ceux qui se louent dans les fermes, à la moisson, ou à peu près. Cette fois, j'étais de la louée des foulaisons à Marigrate, un gros ménage sur les bords de Durance, une campagne avec des blés à perte de vue, des bois chasseurs, des vignes, tout le tremblement. »

Voilà, dès les premières lignes, le décor est planté, les protagonistes présentés et la langue imagée de Giono commence à faire son oeuvre !
Le narrateur, c'est Amédée, un ouvrier agricole plus tout jeune qui s'est pris d'amitié pour l'Albin, « grand, avec des yeux d'eau claire qui débordaient sur ses joues » , un de Baumugnes, « la montagne des muets […] dix maisons et le poids silencieux de la forêt ».
Ému par l'histoire que le jeune Albin lui a racontée , Amédée décide de le soulager de ce fardeau qui l'empêche de vivre.

C'est bien sûr une belle histoire d'amitié, d'amour, des portraits hauts en couleurs de ces hommes et femmes de la terre, durs au mal et se renfermant sur leur honte et leurs malheurs, comme cette Philomène et « ses yeux toujours mouillés et la façon de renifler son pleur avec le bout de son nez qui en disait long sur son bon coeur »

C'est aussi une véritable ode à ces terres de haute Provence que Giono a tant décrites, un monde rural disparu, âpre mais riche du travail partagé.

C'est un roman plein d'humanité et d'optimisme finalement, une leçon de vie que transmet l'ancien au jeunot :
« Les batailles avec les mauvaises choses, garçon, ça dure toujours longtemps, mais, même quand on touche des deux épaules, on ne doit pas dire : c'est fini . On se relève et on recommence; à la fin, c'est le malheur qui reste dans la poussière.»

C'est,enfin, une langue si particulière, vivante, truculente, poétique, pleine d'images et de sons, qui vous enveloppe jusqu'au dénouement.
Un bon moment de lecture !
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