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Critique de Melisende


Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une est le titre qui a révélé Raphaëlle Giordano. Je ne l'ai pas lu et en ai eu des retours tantôt éblouis, tantôt franchement déçus. Mais curieuse, j'avais envie de découvrir ce que l'autrice propose et ce qui plaît tant à certains dans ses livres. Je me suis donc lancée dans Cupidon a des ailes en carton, sans a priori, avec le sourire et ouverture d'esprit. Et j'ai été plutôt agréablement surprise par ce que j'y ai trouvé.

La particularité de ce titre – et des anciens, il me semble – c'est le mélange assez intéressant entre le roman (une intrigue fictionnelle) et le développement personnel (une réflexion plus « pratique » sur un sujet en particulier) ; la fiction illustrant la réflexion, évidemment.
Ici, sans surprise, Raphaëlle Giordano nous parle d'amour. Et elle nous en parle de façon « raisonnée », principalement à travers la quête un peu étrange de Meredith, l'héroïne au premier plan dans ce roman.

La jeune trentenaire rêve de brûler les planches. Comédienne talentueuse mais ne s'étant pas encore fait un nom, Meredith manque cruellement de confiance en elle et se cherche. Elle aime Antoine, brillant homme d'affaire bien sous tout rapport, mais elle doute de l'amour qu'il peut lui porter, ne comprenant pas ce qu'il peut lui trouver. Et surtout, elle doute de pouvoir l'aimer correctement.
Alors Meredith a une idée, elle va partir sur les routes pendant 6 mois et 1 jour, pour tenter de comprendre ce qu'elle ressent vraiment et surtout, pour trouver qui elle est et se prouver ce qu'elle vaut. Car selon sa théorie – que l'on découvre petit à petit – il faut s'aimer soi-même (et s'aimer bien) avant d'aimer l'autre (et de l'aimer bien). C'est la clef pour éviter les relations malsaines de dépendance affective, de jalousie maladive liée à un besoin de posséder entièrement l'autre…

Autant de réflexions que j'ai déjà eu plusieurs fois au cours de ces dernières années et que je tente de mettre en pratique dès que l'occasion se présente. On peut donc dire que j'ai eu quelques atomes crochus avec l'héroïne et, plus globalement, avec la réflexion amenée par Raphaëlle Giordano.
Mais je peux comprendre que cette intellectualisation du sentiment amoureux soit un peu déstabilisante. Après tout on parle d'émotions, de sentiments et donc de choses a priori difficiles à rationaliser. C'est presque enlever l'essence même de l'amour, sa spontanéité et son intensité que de vouloir tout contrôler. Peut-être. Ou pas.
Etant ce genre de personnes très paradoxales qui tentent à la fois d'appliquer la théorie présentée ici mais qui possèdent également un caractère passionné et entier, je suis bien incapable de répondre.
Mais je pense que se questionner sur ses sentiments, sur sa façon d'aimer (soi, le monde, les autres), ça ne peut qu'être bénéfique ou en tout cas pas nocif. Prendre du recul aide souvent à se sortir de situations que l'on pourrait juger inextricables de prime abord.

Le roman gagne en intérêt grâce aux trois voix narratives mises en place par l'autrice. Celle de Meredith évidemment, mais aussi celle d'Antoine – qui m'a semblé un peu fade, je l'avoue – et celle de Rose, la meilleure amie qui relie les deux et que j'ai vraiment beaucoup aimée. C'est la touche de légèreté et de fraîcheur de l'histoire, le pilier indispensable. Elle a elle-même une vision assez précise de l'amour, certainement une vision qui n'est pas la bonne… mais elle apprend elle aussi de la quête de Meredith puisqu'elle la suit sur les routes, meilleure amie dans la vie et comédienne partenaire pour leur duo sur les planches.

J'ai sincèrement passé un moment agréable avec ce livre auquel je n'ai pas grand chose à reprocher si ce n'est ce petit côté « too much » que j'ai parfois ressenti à la lecture de certaines scènes. Il faut bien avouer que certains éléments scénaristiques : l'oiseau surdoué, le gardien du parc bon samaritain… sont trop peu crédibles et donc à la limite du ridicule. Mais l'autrice a su équilibrer son récit, alors heureusement, on ne franchit jamais la marche de trop.

Je ne sais pas si je lirai les autres livres de Raphaëlle Giordano mais celui-ci m'a apporté quelques heures d'évasion. C'est plutôt frais et divertissant, et en même temps aidant voire salvateur pour ceux qui auraient besoin de se poser quelques questions sur leur façon d'aimer/être aimé (leur « amourability »)… à condition de valider les théories de l'autrice (ce qui est mon cas).
Lien : http://bazardelalitterature...
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