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Critique de Fabinou7


Lorsqu'en 1935, Jean Giraudoux délivre sa pièce “la guerre de Troie n'aura pas lieu” il sait probablement déjà que celle de tente-neuf se prépare. Ecoutez, si vous en avez l'occasion, son message radiophonique aux élèves pour la rentrée des classes de 1939, une archive douloureuse pour les écoliers de ce temps.

“La première lâcheté est la première ride d'un peuple”. La guerre de Troie, Hector a tout fait pour l'empêcher mais en vain. La guerre fait la force pour Priam, elle n'est pas de taille à rivaliser avec la possession d'Hélène pour Pâris et, pour Hélène il est illusoire de croire qu'elle peut être empêchée par son retour chez Ménélas : pas d'issue. le mal est fait. le prétexte tout trouvé.

La langue, classique, de Giraudoux est d'une finesse remarquable, à la fois limpide et pointue. La pertinence de la dérision des va-t-en-guerre du XXème siècle, est avivée par les multiples touches de malices, offensives, ironiques et drolatiques des personnages.

Hector se veut lucide face aux glorificateurs de la guerre entre les hommes, pourtant il rencontre encore plus pragmatique que lui, Ulysse représente son Janus, tout aussi lucide mais pessimiste. le personnage d'Hélène personnifie-t-il l'opinion publique ? Aisément malléable ? L'apathie d'Hélène, contraste avec les passions que l'on prête ordinairement à la foule, mais finalement n'est ce pas la soumission indifférente qui, encore plus que les révoltes, caractérise les peuples ?

“Le privilège des grands, c'est de voir les catastrophes d'une terrasse.”

Qu'est ce qui mène à une guerre ? un geste malencontreux ? un prétexte ? une légèreté ? une glorification de l'homme guerrier ? un caprice ? un enchainement implacable que l'on ne peut enrayer ? le destin ?

Giraudoux semble prendre le parti, quoique lucide, de la paix contre la guerre qui “emprisonne le droit” et contre ceux qui adoptent une certaine légèreté coupable face à elle. de là à faire de celui dont l'attitude face à l'Allemagne, La défaite française et la société de son temps reste ambiguë un humaniste c'est un autre débat. Je préfère retenir de cette pièce que tout, ou en tout cas beaucoup de ce dont l'Europe fut témoin dans son Histoire, était déjà écrit… dans l'Iliade d'Homère.

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