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sur 1800 notes
Jean Giraudoux - La Guerre de Troie n'aura pas lieu - 1935 : Subjugué par son immense beauté, Paris a enlevé Hélène à Ménélas son mari. Plus qu'une intrigue amoureuse, cette fuite est un affront total fait à un des rois les plus puissants De Grèce. Alors qu'elle est à l'abri sous les murs de Troie, une délégation est en route pour réclamer son retour. En cas de refus ce sera la guerre. Cette pièce est une relecture moderne du drame antique relaté par Homère dans l'Iliade. C'est aussi pour beaucoup une oeuvre visionnaire tant elle s'inscrivait dans son temps et dans son siècle (l'histoire ne préfigurait-elle pas l'opposition naissante entre les grandes démocraties Européennes construites sous le modèle athénien et un régime nazi confiscatoire des libertés et des biens d'autrui ?). Elle se lit comme un roman grâce à la fluidité des mots et aux ressorts dramatiques distillés par un auteur qui trouva souvent son inspiration dans l'écriture ancienne (voir sa version d'Electre par exemple). Les efforts d'Hector pour sauver la paix captivaient même si l'issue des négociations ne faisait aucun doute. Toutes ses tentatives pour renvoyer aux siens cette femme infidèle et envoûtante que chaque homme de la cité voudrait garder pour lui étaient vouées à l'échec. Car la guerre est une fatalité terrible qui entraîne dans son engrenage l'humanité tout entière y compris les volontés les plus pacifiques. le cataclysme mondial qui se profilait à l'horizon ne fera que confirmer la supériorité des armes sur la raison. Malheureusement aucun prétexte, aucune supplication ne peuvent détourner de sa route l'individu qui veut faire plier les autres par la force. Ce livre regroupe dans ses pages la beauté du texte et l'intérêt historique, il est bien le complètement idéal à la merveilleuse prose que le grand dramaturge ionien rédigea en Grèce plus de deux mille ans plus tôt. Captivant de ce point de vue, il donne un éclairage particulier sur la façon de penser à l'époque sur les rives du bassin méditerranéen et ce même si personne n'a jamais pu prouver archéologiquement l'authenticité de ce conflit. Il faudra dix années de siège, d'immenses sacrifices humains, d'insondables ignominies (le meurtre d'Iphigénie par son père le roi Agamemnon, immolée sans pitié pour rentrer dans les bonnes grâces de la déesse Artémis) avant que la ville de Troie ne soit détruite et Hélène rendue à Ménélas. Combien ces désastres auraient été évités si on avait écouté la sagesse d'Hector. Les mêmes qui n'écoutèrent pas Jaurès en 1914 ou De Gaulle en 1936 quand celui-ci proposa d'écraser Hitler alors qu'il était à peine plus puissant militairement qu'un chef de bataillon. La vie est un éternel recommencement et l'humanité dans son ensemble n'invente rien d'autre que des situations propre à la jeter dans la pire des violences. «La guerre de Troie n'aura pas lieu» rend justice à l'esprit de conciliation de certains et signale malgré le temps qui passe la redondance d'évènements aussi tragiques qu'inévitables…un texte incontournable
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Lorsqu'en 1935, Jean Giraudoux délivre sa pièce “la guerre de Troie n'aura pas lieu” il sait probablement déjà que celle de tente-neuf se prépare. Ecoutez, si vous en avez l'occasion, son message radiophonique aux élèves pour la rentrée des classes de 1939, une archive douloureuse pour les écoliers de ce temps.

“La première lâcheté est la première ride d'un peuple”. La guerre de Troie, Hector a tout fait pour l'empêcher mais en vain. La guerre fait la force pour Priam, elle n'est pas de taille à rivaliser avec la possession d'Hélène pour Pâris et, pour Hélène il est illusoire de croire qu'elle peut être empêchée par son retour chez Ménélas : pas d'issue. le mal est fait. le prétexte tout trouvé.

La langue, classique, de Giraudoux est d'une finesse remarquable, à la fois limpide et pointue. La pertinence de la dérision des va-t-en-guerre du XXème siècle, est avivée par les multiples touches de malices, offensives, ironiques et drolatiques des personnages.

Hector se veut lucide face aux glorificateurs de la guerre entre les hommes, pourtant il rencontre encore plus pragmatique que lui, Ulysse représente son Janus, tout aussi lucide mais pessimiste. le personnage d'Hélène personnifie-t-il l'opinion publique ? Aisément malléable ? L'apathie d'Hélène, contraste avec les passions que l'on prête ordinairement à la foule, mais finalement n'est ce pas la soumission indifférente qui, encore plus que les révoltes, caractérise les peuples ?

“Le privilège des grands, c'est de voir les catastrophes d'une terrasse.”

Qu'est ce qui mène à une guerre ? un geste malencontreux ? un prétexte ? une légèreté ? une glorification de l'homme guerrier ? un caprice ? un enchainement implacable que l'on ne peut enrayer ? le destin ?

Giraudoux semble prendre le parti, quoique lucide, de la paix contre la guerre qui “emprisonne le droit” et contre ceux qui adoptent une certaine légèreté coupable face à elle. de là à faire de celui dont l'attitude face à l'Allemagne, La défaite française et la société de son temps reste ambiguë un humaniste c'est un autre débat. Je préfère retenir de cette pièce que tout, ou en tout cas beaucoup de ce dont l'Europe fut témoin dans son Histoire, était déjà écrit… dans l'Iliade d'Homère.

Qu'en pensez-vous ?
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Voilà un livre que j'avais envie de découvrir depuis longtemps ! Quelle oeuvre !

Jean Giraudoux, adepte de l'Antiquité, comme pour son oeuvre "Electre" publiée deux ans plus tard, reprend ici les mythes antiques dans un récit moderne, puisqu'il fait référence à la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi, Giraudoux met en scène la fameuse Guerre de Troie, entre les Troyens et les Grecs, à partir de l'enlèvement d'Hélène par Pâris, le séducteur. S'ensuit alors des discussions entre les partisans d'une nouvelle guerre, (comme Pâris, Priam et la majorité du peuple troyen) et ceux qui la condamnent en défendant la paix (ce qui est le cas d'Hector, d'Andromaque ou encore de Cassandre). J'ai beaucoup aimé replonger dans les légendes antiques tellement enrichissantes !

Cette pièce en deux actes seulement nous présente des facettes différentes, qui correspondent d'une certaine façon aux idéologies de l'époque de l'auteur : Giraudoux se cache en réalité derrière Hector, le personnage central de cette pièce, las de la guerre, et présentant vivement ses arguments favorables au départ d'Hélène et ainsi à une entente totale entre les différents "peuples"...Andromaque, celle que l'on retrouve notamment dans la pièce de Racine, bien que peu présente, joue un rôle majeur, car c'est elle qui encourage son mari (Hector) à continuer sa défense...D'autres personnages sont au contraire pour une guerre qui incarnerait le sacre de Troie et l'honneur des citoyens, mais échoueront finalement dans leur action...En effet, finalement, comme le suggère le titre, les Dieux s'opposeront à ce conflit ; et pourtant la véritable Guerre de Troie aura bien lieu tout comme la terrible Guerre de 39-45...

A travers de magnifiques répliques et dans un style étonnant, l'auteur nous délivre un si beau texte pacifiste encore valable aujourd'hui, mais qui m'a énormément plu...

A lire !!!
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La guerre de Troie n'aura pas lieu
Une merveilleuse pièce de théâtre! Comme qui dirait tout chemin mène à Rome, Avec La guerre de Troie n'aura pas lieu, Jean Giraudoux, par une position bien maquillée d'une forte négation, nous entraîne avec délicatesse vers la guerre mythique en prenant des tournures très surprenantes que le lecteur serait tenté de croire jusqu'à la dernière minute qu'effectivement l'auteur serait sur le point de nous présenter une autre version où la guerre de Troie n'aura pas lieu effectivement...

Pendant que Cassandre prédit que la guerre aura lieu qu'on le veuille ou non, Hector manage de fortes négociations afin que la guerre n'ait pas lieu. Il demande à Paris de remettre Hélène la femme de Menelas, alors que les troyens sont contre le départ de cette beauté, ils préfèrent se préparer pour la guerre...

Dans les négociations avec Ulysse, l'auteur feint au départ une espèce de volonté d'asseoir la paix, mais quand intervient la plus grosse insulte jamais adressée à un homme, ce qui remettrait même en cause l'honneur de tout un peuple, c'est de traiter les troyens d'impuissants, alors là c'est l'huile qui vient d'être jeter dans le feu, bien sûr qu'il serait or de question que la guerre n'ait pas lieu...

Un bon voyage dans une autre version de la mythique guerre de Troie!
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La Guerre de Troie n'aura pas lieu est un des plus beaux pamphlets de la littérature française contre la guerre, contre toutes les guerres.
N'en déplaise à Jean Giraudoux son auteur, la Guerre de Troie eut bien lieu et tant d'autres après. Mais après, c'est quand ? Est-ce dans la traversée des vingt-cinq siècles qui nous séparent de cette guerre antique ou bien depuis 1935, date à laquelle Jean Giraudoux écrivit cette pièce de théâtre devenue elle aussi une oeuvre mythique.
Qu'importe ! Toutes les guerres se ressemblent, tous les champs de bataille aussi, qu'on soit sur la grande plaine de Troie ou dans les rues de Marioupol... Et les hommes qui font les guerres n'ont pas changé eux non plus... Ils sont à la fois misérables et grandioses dans leurs gesticulations tragiques et presque vaines...
Pourquoi ce récit de la mythologie antique, ce péplum extraordinaire vieux de plus de deux-mille cinq ans raisonne-t-il à nos oreilles avec tant de modernité ?
La Guerre de Troie n'aura pas lieu nous plonge dans les coulisses de la diplomatie qui tente par tous les moyens d'éviter la guerre. Ils sont là ces personnages entrés dans la légende, Priam, Cassandre, Andromaque, Hector, Pâris, Hélène... Bientôt Ulysse en émissaire venu De Grèce les rejoindra... Tout se joue dans ce huis-clos pour espérer encore, éviter l'innommable.
« La guerre de Troie n'aura pas lieu, Cassandre ! », dit Andromaque quand le rideau s'ouvre sur la terrasse du palais de Priam.
Cassandre, la prophétesse que nul ne croit jamais, pour une fois verra juste.
On dit toujours que c'est la der des der, Andromaque et Hector le disaient bien pourtant et tout le monde les écoutait avec émotion, elle attendant le fils qu'Hector allait lui donner. Quel couple ! Hector en vaillant guerrier connaît les affres de la guerre et ne veut plus vivre cela, à présent qu'il s'apprête à devenir un père... À eux deux ils offrent un couple étreint d'amour bien plus digne que celui qui sera la cause de ce gâchis épouvantable, à venir.
Mais justement, venons-en... Ce huis-clos nous ramène aux origines de cette guerre. Dire que celle-ci repose sur un malentendu serait un doux euphémisme, si le mot doux peut se prêter au vocabulaire belliqueux...
Bon, je ne vous apprendrai rien sur ce qui a déclenché les hostilités. Pâris fils de Priam roi de Troie, lors d'un périple, a eu l'idée inspirée d'enlever la belle Hélène femme de Ménélas, roi de Sparte. Pâris ici m'est apparu comme un jeune bellâtre et Hélène une reine plutôt écervelée. Tout ça pour ça, me direz-vous ? C'est ce que pense aussi Andromaque, pour qui vous l'aurez compris, j'ai la plus grande admiration. Tout ça pour ça, d'autant plus que les deux tourtereaux ne sont même pas sûr qu'ils s'aiment encore ou qu'ils se sont même aimés un seul instant depuis le fameux enlèvement. Tout ça pour ça, une amourette sans gloire, les guerres tiennent à peu de choses, il est parfois vain d'y trouver une raison profonde...
Tout le monde s'accorde à dire que la guerre est le pire fléau du monde, mais quelle injustice lorsqu'elle repose sur des sables mouvants !
En plus, nous avons une petite longueur d'avance, je dis ça pour celles et ceux qui ont lu l'Illiade, l'opinion d'Homère est clair sur le sujet, ces deux-là dans leur amourette de pacotille ne sont que deux pions sur l'échiquier des dieux qui se jouent des hommes comme de vulgaires marionnettes...
Tiens, les dieux, parlons-en ! Ils sont peu présents dans le récit, sauf dans un échange entre Andromaque et Hélène où cette dernière lui dit : « Si vous avez découvert ce qu'ils veulent, les dieux, dans toute cette histoire, je vous félicite. » Et la réplique d'Andromaque est à la fois belle et cinglante : « Je ne sais pas si les dieux veulent quelque chose . Mais l'univers veut quelque chose. Depuis ce matin, tout me semble le réclamer, le crier, l'exiger, les hommes, les bêtes, les plantes... Jusqu'à cet enfant en moi... »
Andromaque est dans ce récit d'une beauté douloureuse.
L'homme est-il libre de ses choix ou doit-il obéir à son destin qui lui est dicté quelque part plus haut que lui ? Jean Giraudoux se moque des dieux et renvoie la décision finale aux seuls personnages de ce huis-clos.
C'est la malédiction de la guerre, avec Ulysse qui entrouvre la possibilité d'échapper peut-être à celle-ci. Il se moque bien de savoir si Hélène et Pâris s'aiment. Pour l'honneur de Ménélas, la question est de savoir si l'amour a été consommé entre Hélène et Pâris. Cette interrogation lancinante offre l'occasion de savourer l'humour de Jean Giraudoux dans ce passage où est évoqué le retour en bateau des deux amoureux vers Troie. Trois jours et trois nuits sur le ponton d'un navire... Qu'ont-ils donc pu faire ? Parler du ciel, des étoiles ? Évoquer des lectures communes ? M'est avis que j'ai une petite idée sur le sujet...
Ici la grandeur des héros avant le combat est qu'ils se parlent, cherchent des solutions, personne ne veut de cette guerre. Ô combien certains soi-disant grands de ce monde pourraient aujourd'hui en être inspirés !
La diplomatie va bon train, même si elle échouera.
Le rideau se referme et je pleure contre l'épaule d'Andromaque, connaissant avant elle le sort qui sera offert au père de cet enfant qu'elle attend.
Comme ce texte est beau, sublime !
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Au bout du compte, la guerre de Troie aura bien lieu…
Malgré son intelligence, son prestige, ses mille ruses et sa volonté farouche de l'empêcher, Hector n'est pas de taille à lutter contre la fatalité du destin et l'idiotie des va-t-en-guerre.
Reprenant l'histoire de l'Iliade d'Homère, Giraudoux laisse les Troyens s'entredéchirer en attendant une délégation grecque dirigée par Ulysse qui doit demander réparation suite à l'enlèvement de la belle Hélène par Pâris. Pour éviter la guerre entre Grecs et Troyens pour une question d'honneur, Hector qui, lui, en revient épuisé et écoeuré, demande à Pâris de la laisser repartir, mais le puissant clan des bellicistes ne l'entend pas de cette oreille.
Deux choses me plaisent dans cette pièce que je lis pour la première fois (hé oui, je suis passé au travers au lycée !)
Son côté intemporel, d'abord. Bien sûr, elle fut représentée pour la première fois en 1935, et on ne peut la comprendre sans connaître son contexte historique : celui d'une époque qui fonçait droit vers la guerre. Giraudoux pousse un cri pacifiste, mais un cri désespéré, d'un pessimisme noir, puisque les hommes qui s'agitent dans cette pièce se montrent incapables de saisir cette opportunité de contredire l'histoire en refusant de faire la guerre de Troie. Mais les arguments développés pour ou contre la guerre sont de toutes les époques. La guerre qui donne un sens à la vie et qu'on accepte de perdre au nom d'un idéal, d'une patrie ou d'une religion… Ou bien la guerre que l'on refuse parce qu'elle tue autant les ennemis que les proches, et éloigne les enfants de ses parents, ou le mari de son épouse… Question vraiment épineuse !
Son côté décapant, ensuite. Priam, Hector, Hélène, Andromaque, Cassandre, Ulysse, tous ces personnages de légende, ces êtres suprêmes, majestueux, olympiens, en train de discuter le bout de gras au coin d'une table et de se donner des surnoms du genre « ma petite chérie » a quelque chose de très drôle et de rafraichissant.
En bref, je ne regrette pas d'avoir passé un peu de temps à lire cette pièce et, vraiment, j'espère pouvoir un jour la voir au théâtre.
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1935. Jean Giraudoux, diplomate, sent venir la guerre. Pour avertir les peuples de cette menace inéluctable, il écrit "La guerre de Troie n'aura pas lieu", transposant dans la lointaine Antiquité les conflits d'actualité.

La belle Hélène, reine grecque, a été enlevée par Pâris qui l'emmène chez lui à Troie. Rapidement, Hélène est devenue pour les riches Troyens qui viennent de pacifier leur territoire le symbole de la beauté, de la jeunesse et de l'amour. Ils tiennent à la garder près d'eux, au coeur de leur cité, comme un gage de renouveau. Mais Hector, fils de Priam le roi de Troie, général des armées, veut la paix et voit en Hélène le prétexte à une nouvelle guerre avec la Grèce. Partant de là, sous l'influence de ses proches et des politiciens dont les intérêts se heurtent, Hector va tout tenter pour préserver la paix en restituant Hélène à Ulysse, l'envoyé plénipotentiaire de la Grèce. Mais ce plan logique et prudent ne peut réussir, le dramaturge y veillera personnellement, démontrant que la guerre ne peut être éviter dès lors que les hommes sont décidés à la mener.

Première pièce de l'auteur que je lis et ce fut une belle découverte. Au début, je craignais de devoir relire mes cours d'histoire antique pour m'y retrouver mais c'est inutile, l'action comme les personnages se mettent en place facilement et on est rapidement en terrain stable.

J'ai aimé l'écriture tout en gravité et qui se fait l'écho de l'imminence du danger. J'ai été aussi agréablement surprise par le ton cynique et désabusé du texte qui sert une philosophie certes masquée mais universelle, qui a traversé tous les âges, celle de la guerre à laquelle hélas l'homme ne peut pas résister.


Challenge 1914/1968 - 2017
Challenge Petit Bac 2017 - 2018
Challenge ABC 2017 - 2018
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L'histoire est connue : Pâris a enlevé Hélène, l'épouse du roi de Sparte. Ils se sont réfugiés à Troie, chez le père Pâris. le frère de ce dernier, Hector, est las de la guerre, et rêve de paix. Mais beaucoup de troyens, fascinés par la beauté d'Hélène, ne veulent pas qu'elle parte, seul moyen d'éviter la guerre.
Une négociation s'engage avec Ulysse qui, contre toute attente, se montre en faveur de la paix. L'auteur décrit les vains efforts d'Hector pour sauver la paix. Une réflexion sur le bellicisme des hommes.
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J'ai rencontré Ulysse au détours d'une rue en bord de Seine.
Il était fatigué, ce qui est normal pour un marin qui a fait l'Odyssée sur toutes les mers du monde^^
Taiseux, mystérieux, bougon.
La cinquantaine bien tassée.
Un papillon tatoué sur l'épaule gauche.
Un marin en somme ^^
Mais célèbre !
Il avait une démarche chaloupée plus proche d'une baleine échouée sur le rivage que d'une antilope gambadant dans les près.
Je lui ai donné rendez-vous au restaurant : « la Marée Montante » pour ne pas trop le dépaysé ^^
On a commandé un plateau de fruits de mer et j'ai commencé à décortiquer les écrevisses roses en commençant mon entretien :
-Un beau casting : Hector, Andromaque, Pâris, Priam, Hécube, Cassandre, Hélène…*
Que du beau monde !
(*Je m'étais faite une antisèche avant l'entretien pour paraitre plus intelligente
Donc j'ai jeté un coup d'oeil sur le minuscule papier que j'avais planqué au dos de mon portable
1.Hector-Fils de Priam et chef des Troyens.
2.Andromaque -femme d'Hector,
3.Pâris -le séducteur et Frère d'Hector qui a enlevé Hélène.
4.Priam-Roi de Troie
5.Hécube -Reine de Troie
6.Cassandre -Fille de Priam
7.Hélène -Femme de Ménélas, enlevée par Pâris.
Mais chut pas un mot à Ulysse ^^)
-Oui en effet ,mais l'erreur c'est d'avoir kidnappé Hélène
-Vous voulez dire qu'elle n'était pas consentante pour partir ?
-En effet Ménélas son mari n'étais pas d'accord pour la laisser partir !
-Amusant les intrigues de votre petit monde ^^
-Nous aimons la tragédie !
-C'est le cas de le dire, tout est rebondissement chez vous.
A propos vous pouvez donc me certifier que « La guerre de Troie n'aura pas lieu « ?
-Vous êtes naïve ?
Oui parfois je pose des questions surprenante…surtout le soir avant de me coucher !
-C'est une affaire d'hommes !
-Ah bon !
-Oui nous avons beaucoup discuté avec Hector.
-Le beau Hector ?
-Le physique importe peu ,c'est un homme respectable : fils de Priam et chef des Troyens.
-Vous n'avez pas les mêmes opinions mais vous vous apprécies !
Et Cassandre ?
-Quoi Cassandre ?
-Je l'adore
-Ah oui (pas très bavard le marin)
-Une femme qui prédit l'avenir mais que personne ne croie.
Des dons gâchés…
-Laissez Cassandre tranquille.
-Ah ! Elle vous plait ?
-Mais non !!!Moi je suis un homme fidèle et je n'aime que ma femme Pénélope ?
-c'est ce qu'on dit^^ Lui dis-je en lui faisant un clin d'oeil appuyé et en riant de mon rire communicatif !
Je l'ai senti mal à l'aise mais c'était pas le sujet je devais revenir à des sujets plus sérieux comme Troie…même si on était que tous les deux ^^
-Alors Ulysse ,que pensez-vous de l'état actuel de Troie ?
Et là il m'a fait sa superbe tirade avec une voix grave et charismatique :
-« Ce n'est pas par des crimes qu'un peuple se met en situation fausse avec son destin, mais par
des fautes. Son armée est forte, sa caisse abondante, ses poètes en plein fonctionnement.
Mais un jour, on ne sait pourquoi, du fait que ses citoyens coupent méchamment les arbres, que
son prince enlève vilainement une femme, que ses enfants adoptent une mauvaise turbulence, il est perdu. Les nations, comme les hommes, meurent d'imperceptibles impolitesses. C'est à leur façon d'éternuer ou d'éculer leurs talons que se reconnaissent les peuples condamnés... »
-Whaou !! ai-je soupiré car je m'y attendais pas du tout .
Ce mec m'a impressionné en si peu de temps et je continuais à le fixer en clignant des cils façon Betty boop!
Il était en partance !
Je veux dire il aller partir !
-Partant ? Me suis-je écrié malgré moi .

Il m'a regardé de son regard noir ,a froncé les sourcils et à répondu :
-« C'est là la difficulté de la vie, de distinguer, entre les êtres et
les objets, celui qui est l'otage du destin. Vous ne l'avez pas distingué. «

J'ai rien compris mais mais sa tirade était magnifique…
C'est ça de discuter avec un marin célèbre, ça… dit'vagues…souvent ^^
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Mon verdict est définitif : je préfère de loin lire une pièce de Jean Giraudoux qu'une de Racine. Et cette sentence n'a rien à voir avec le talent de l'un et de l'autre, qui sont tous les deux justement reconnus, seulement avec leur style. Celui de Racine m'est trop éloigné. Au contraire, Jean Giraudoux a réussi à me happer dès les premières lignes.

Si le lecteur sait depuis le début que la guerre de Troie a bien eu lieu, il ne peut s'empêcher d'espérer quand-même que, peut-être, avec le talent croisé d'Hector, Andromaque et Cassandre... Ces trois personnages sont magnifiques dans leur tentative d'empêcher la guerre, de raisonner leur entourage, et dans l'amour qu'ils se portent.

Malgré le fait qu'il s'agisse d'une tragédie, la pièce ne manque pas d'humour (un humour qui tient beaucoup aux discours ironiques, aux remarques sarcastiques, aux jeux de mots et aux quiproquos). le ton est parfois même badin, voire familier, ce qui n'aurait pas manqué de choquer notre cher Racine.

Bien-sûr, la pièce est avant tout une réflexion sur la guerre (elle a été écrite et jouée en 1935) et sur ce qui peut la légitimer (ou pas !). Mais il y a aussi une réflexion sur la condition de la femme, sur la place des poètes dans la société, sur la politique.

Je me suis vraiment laissée porter par les mots, par les personnages, et si j'ai bien senti l'inéluctabilité du destin, mon esprit pacifiste n'a pu éviter de partager les espérances d'Hector. La Guerre de Troie n'aura pas lieu rejoint mon Panthéon des pièces théâtrales que je rêve de voir sur scène, à côté de l'Antigone de Sophocle.
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