Le mythe du Déluge.
... En l'état des connaissances, le plus ancien témoin d'un tel récit se rencontre dans le mythe babylonien d'Atrahasis dont la composition ne peut guère remonter au-delà du - XVIII°s et dont le mythe sumérien homologue, qui n'est connu que par un seul manuscrit des environs des - 1600, n'est qu'une adaptation.
Car le thème du déluge n'est pas un motif narratif ancien. A l'origine, le mot sumérien que l'on traduit par "déluge", amaru, signale un phénomène météorologique ou une arme redoutable entre les mains de la guerrière Inana. Cette signification exceptée, il figure dans un hymne à la gloire d'Ishme-Dagan d'Isin, où, pour la première fois, il fait référence à l'abandon d'une ville par son dieu et à la destruction qui lui est consécutive. Le même hymne par la suite, d'enchaîner avec la promotion d'Ishme-Dagan à la dignité royale "après que le déluge eut nivelé", l'hymne continue la chronique, le fait mérite d'être souligné, usant de la même formule.
C'est donc à l'extrême fin du -XX°s ou au tout début du -XIX°s que les théologiens et les mythographes d'Isin conviennent de situer dans le temps du mythe, c'est-à-dire à l'origine, le phénomène appelé "amaru", tout en le créditant d'une portée universelle. L'horizon du mythe, en effet, se situe partout et toujours dans la même perspective temporelle, un événement mythologique n'en précède pas un autre car le mythe, récit "sans date d'événements ponctuels, en dehors de l'histoire et ouvrant à l'histoire" (Didier Anzieu), est invariablement "à l'origine"... Environ un siècle plus tard, à la charnière des -XIX° et -XVIII°s, les historiens à leur tour introduisent le déluge dans la trame de l'histoire.
pp. 127-128
Erra-imittî, le roi, fit monter Enlil-bâni, le jardinier, sur le trône comme substitut royal et posa la couronne de royauté sur sa tête. Erra-imittî mourut dans son palais en buvant à petites gorgées une bouillie chaude. Enlil-bâni, qui était assis sur le trône, ne se leva pas et fut élevé à la dignité royale.
Chronique des rois anciens, p. 220.