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Critique de Presence


Ce tome est le premier dans le cadre de la relance (mais sans remise à zéro) des séries DC Comics en 2016, opération appelée Rebirth. Il comprend les épisodes 1 à 6, ainsi que le numéro Superman: Rebirth, initialement parus en 2016, tous coécrits par Peter J. Tomasi & Patrick Gleason. L'épisode Rebirth a été dessiné par Doug Mahnke, encré par Jaime Mendoza, avec une mise en couleurs de Will Quintana. Les épisodes 1, 2, 4 et 6 sont dessinés par Patrick Gleason, encrés par Mick Gray et mis en couleurs par John Kalisz. L'épisode 3 est dessiné et encré par Jorge Jimenez, avec une mise en couleurs par Alejandro Sanchez. Enfin l'épisode 5 est dessiné par Doug Mahnke, encré par Jaime Mendoza, et mis en couleurs par Will Quintana, comme l'épisode Rebirth.

Superman: Rebirth- Il y a quelques temps, un Superman barbu en costume noir s'est battu aux côtés d'un Superman sans barbe en costume habituel bleu & rouge (sans le slip rouge) et ce dernier a succombé au cours de la bataille (dans Requiem pour un Superman, Superman Univers 11 & 12). Maintenant, Lana Lang s'introduit par effraction dans le tombeau de Superman (New 52), elle se retrouve face à Superman (post-Crisis). Ce dernier évoque le fait qu'il est déjà mort au combat contre Doomsday, dans Ma mort de Superman. Il décide de rapatrier les cendres de Superman dans la forteresse de solitude New 52. Épisodes 1 à 6 - Lois & Clark Kent élèvent leur fils Jon Samuel Kent, dans une ferme isolée, située dans le comté d'Hamilton, à peu à 500 kilomètres au nord de Metropolis.

Jon regarde son père sauver un cheval d'une étable en flammes, depuis la fenêtre de sa chambre. Il obtient la permission de ses parents d'aller se promener dans la prairie, en courant après leur chatte Goldie. Mais il se produit un incident qui le conduit à utiliser maladroitement ses rayons optiques qu'il ne contrôle pas, sous les yeux écarquillés de Kathy Branden, une voisine de son âge. le même soir, Superman en costume vient chercher son fils dans sa chambre pour l'emmener décoincer un sous-marin dans le grand nord. Sur place, il lui demande d'observer pour apprendre. Par la suite, Superman retourne à la forteresse de solitude avec Lois et Jon. Ils sont confrontés à une résurgence du passé kryptonien de Clark.

En 2011, dans Flashpoint, Geoff Johns & Andy Kubert mettent un terme à la continuité interne de l'univers partagé DC, établie depuis 1985, à partir de Crisis on infinite earths de Marv Wolfman & George Perez. À partir de 2011, l'ensemble des séries et des personnages DC redémarrent à zéro dans une opération baptisée The New 52. le personnage de Superman a lui aussi droit à sa remise à zéro et à son redémarrage avec 3 séries dont celle écrite par Grant Morrison. En 2016, l'éditeur DC Comics annonce un nouveau redémarrage, l'opération appelée Rebirth, mais il ne s'agit pas d'une remise à zéro. Lorsque ce présent tome d'une nouvelle série de Superman paraît, le lecteur ne sait pas encore ce que recouvre Rebirth, ni quels changements il va amener aux personnages datant de New 52. Si le lecteur n'a pas suivi la fin des séries Superman du New 52, il tombe de haut en découvrant la situation de départ. Les coscénaristes ne s'appesantissent pas pour rappeler ce qui s'est passé précédemment. Si le lecteur veut raccrocher les wagons, il lui faut jeter un coup d'oeil aux épisodes consacrés à Superman dans Convergence: Flashpoint Book One pour comprendre d'où sort Jon Kent. Il doit ensuite faire un tour par Superman: Lois et Clark, de Dan Jurgens & Lee Weeks.

Néanmoins le lecteur n'ayant pas tout suivi finit par comprendre l'essentiel de la situation, en particulier la responsabilité parentale de Lois & Clark. En outre, il est possible qu'il soit venu à ce recueil pour les auteurs, Tomasi & Gleason ayant précédemment collaboré sur la série Batman & Robin, s'étant achevée avec Robin rises dans laquelle la relation père/fils était mise en scène avec sensibilité et justesse. Or quel est le coeur de leur nouvelle collaboration ? Une nouvelle relation père/fils. En outre, Patrick Gleason dessine 4 épisodes sur 7, et 2 autres épisodes sont réalisés par son colocataire de studio Doug Mahnke. L'épisode Rebirth dessiné par Mahnke présente une grande force d'impact lors de l'évocation du combat contre Doomsday, et une étrangeté certaine dans la forteresse de solitude. Il est visible que l'artiste s'est plus impliqué dans la représentation des personnages que dans celles des décors. Les protagonistes ont une apparence sérieuse, et empreinte de gravité, du fait du décès de Superman (New 52). L'épisode 5 est essentiellement constitué d'un long affrontement physique, dans lequel Mahnke s'affranchit rapidement de dessiner les arrière-plans pour se consacrer entièrement aux coups portés, et aux décharges d'énergie. La mise en scène est efficace et conserve l'attention du lecteur pendant tout l'épisode. Pour l'épisode 3, Jorge Jimenez réalise des dessins de superhéros plus classiques qui rendent bien compte de la brutalité de l'affrontement et des sentiments très marqués des personnages, avec des aplats de noir assez appuyés, aux contours agréables.

Par comparaison avec Mahnke et Jimenez, Patrick Gleason semble beaucoup plus impliqué que ses 2 collègues, alors qu'il est soumis à une rythme de production plus important dans la mesure où la fréquence de parution de cette série était bimensuelle. le lecteur constate tout de suite que ce dessinateur intègre plus de détails : les tenues vestimentaires à commencer par celle de Jon (et ses baskets), des décors plus régulièrement présents dans les cases, avec une réelle interaction entre les personnages et la topographie des environnements dans lesquels ils évoluent. En outre, Gleason a conservé toute sa capacité à capturer et à retranscrire le comportement d'un enfant. Jon Kent n'est pas un mini-adulte, il a des mimiques d'enfant, des enthousiasmes d'enfant, des moues d'enfant, etc. Jon Kent éprouve des émotions peu filtrées et dégage une empathie irrésistible. Alors même que le lecteur se disait que Superman n'a pas besoin d'être décliné en une version abâtardie de plus de Superboy, il se prend immédiatement d'affection pour Jon.

Il faut dire que Patrick Gleason sait y faire pour montrer l'amour maternel de Lois, ou l'inquiétude des parents pour la manière dont leur enfant va pouvoir gérer ses pouvoirs, ou encore l'amour paternel de Clark qui se double d'un sens des responsabilités vis-à-vis de cet enfant qui sort de l'ordinaire. Tout ça peut se voir dans les attitudes de Lois et Clark en face de leur enfant, dans leur langage corporel, avec des nuances très inhabituelles pour un comics de superhéros. Cet artiste a l'art et la manière pour donner vie à tous les personnages, y compris ceux un peu différents comme Bibbo Bibbowski, un propriétaire de bar vouant une confiance et une admiration sans borne à Superman. Gleason s'y entend également pour mettre en valeur la force de Superman, sa stature impressionnante, et la puissance de ses hauts faits, conformément aux conventions en vigueur dans les comics de superhéros.

En même temps, le lecteur n'éprouve pas la sensation de relire des épisodes de la série Batman & Robin des mêmes auteurs. Ils sont même capables de s'auto-citer (la formidable armure apparaissant dans le tome Robin rises, surnommée Hellbat), pour mieux faire ressortir les différences entre les 2 séries. Comme dans Batman & Robin, Peter J. Tomasi hérite d'une série dans laquelle il doit développer les personnages, mais sans que cela n'interfère avec les intrigues des autres séries principales dans lesquelles apparaît Superman. À nouveau, il sait trouver des espaces de liberté pour le faire. À partir de cette situation très particulière du Clark Kent post Crisis (mais pré New 52), il se concentre sur la relation entre père & fils, en montrant les sentiments de l'un et de l'autre au travers des aventures. Bien sûr, le lecteur peut trouver que le scénariste y va parfois fort avec les grosses ficelles, avec un niveau d'exigence élevé pour la suspension consentie d'incrédulité du lecteur. le fait que le méchant de l'histoire puisse absorber le corps physique de plusieurs personnages dans le sien (puis les recracher) relève de la facilité scénaristique un peu paresseuse. En outre, en prenant un peu de recul une fois la lecture terminée, il apparait que l'intrigue n'est pas très épaisse, et que le scénariste a ménagé de belles plages pour que le dessinateur puisse s'en donner à coeur joie. Cela n'obère en rien le plaisir de lecture d'un comics de superhéros qui en maîtrise les conventions, qui fait la part belle au spectaculaire avec des dessins insufflant du caractère à chaque séquence, évitant au lecteur l'impression de lire toujours les mêmes combats.

Ce premier tome de la série Superman reprend la même dynamique que la série précédente des mêmes auteurs : la relation père/fils entre le superhéros du titre (Batman pour la série précédente) et son improbable rejeton (Damian pour la précédente). Mais la situation est fort différente, et les relations prennent tout de suite une saveur différente, ne serait-ce que parce que Damian était plus âgé et plus autonome. L'intrigue n'est pas forcément très originale, mais elle bénéficie d'une mise en images compétente par Mahnke et Jimenez, et très savoureuse par Patrick Gleason. En outre, la relation père/fils exhale des sentiments et des émotions honnêtes qui touchent le lecteur.
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