Citations sur Rolling Blackouts : Dépêches de Turquie, de Syrie et d'.. (10)
Le journalisme, c'est le contact et la distance.
Le mieux que l'on puisse espérer, c'est que cette histoire circule. La manière dont le lecteur l'utilise pour comprendre le monde le regarde. (p.298)
Qu'est-ce que le journalisme ? Est-ce proposer à son lecteur un récit dont il n'entendrait sinon pas parler, et qui donne un contexte aux événements ? Est-ce lui montrer l'histoire d'un individu touché par l'injustice, dans l'espoir qu'il fasse le lien avec d'autres injustices similaires d'actualité ? Est-ce faire quelque chose dans l'espoir que les gens y réagiront selon ce que vous estimez être "correct", agissent à leur tour ? Est-ce raconter l'histoire qui vient à vous, même si ce n'est pas celle que vous cherchiez ? La question est peut-être : le journalisme, pour QUOI ? Dans quel but ? (p.296)
Parce que je veux croire qu'être informé permet de nuancer ses opinions pour ne pas reproduire les mêmes erreurs grossières. Tout mon journalisme est basé sur l'idée que si les gens sont exposés à davantage d'informations, alors ils pourront remettre en questions ce qui leur paraissait juste. (p.241)
Si quelqu'un me demandait quelles sont les idées reçues les plus courantes sur mon métier... C'est que les journalistes se fichent de ce qu'ils font. Ils cherchent juste des scoops, sordides et pas chers. Mais en réalité, je n'ai pas rencontré un seul journaliste, depuis cinq ans que je fais ce métier, qui ne se sente pas profondément concerné par ses sujets de reportage. Mais ils font partie d'un système. Ils comprennent qu'être concerné par un sujet, c'est aussi s'assurer qu'il attirera l'attention. (p.67)
Quand on a commencé ce boulot, je me disais que j'allais raconter des histoires passionnantes de gens dans telle ou telle situation, et que tout le monde adorerait. Mais les lecteurs cherchent des choses auxquelles ils peuvent s'identifier. (p.67)
Le matin, je suis au milieu de centaines de gens forcés de quitter leurs maisons, qui ignorent s'ils pourront un jour rentrer chez eux, qui ont perdu des amis, des membres de leur famille et qui, par-dessus tout, ignorent ce que l'avenir leur réserve.
Et quelques heures plus tard, je suis à l'aéroport international d'Istanbul pour un vol payé par des donateurs sur Kickstarter, je retourne à ma vie confortable, dans une ville riche du pays riche qui a démarré la guerre, forçant ces gens à quitter leurs maisons.
Quand on lui demande ce qui est le plus dur pour un réfugié, elle nous répond :
-Dans un autre pays, tu passes toujours en second. C'est drôle de se faire appeler réfugié, comme si on avait trouvé refuge. Mais on se déplace constamment, on n'a pas encore trouvé de refuge. C'est la première chose que tu apprends en tant que réfugié : faire la queue. Être patient.
Les Américains ne prennent pas vraiment au sérieux ces déplacements de population. Il y a trois millions de réfugiés irakiens en Syrie et en Jordanie. Ces migrations gigantesques ont des conséquences énormes. Ce sont des populations créées par les conflits nous que nous avons initié. On ne peut pas partir en fermant les yeux !
-Quelles fausses idées les gens se font-ils des réfugiés ?
-Ils oublient que ce sont des humains. Quand ils pensent aux réfugiés, ils imaginent des gens avec des habits sales. Mais les réfugiés sont parfois riches. Einstein était un réfugié. Ils ont des compétences, des idées.