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Critique de Syl


Syl
14 février 2015
Sonia est la narratrice de l'histoire.
« Les Misérables » de Victor Hugo font débat dans une classe de collégiens. Afin de comprendre les personnages, le professeur pose des questions sur Fantine. « Est-ce que Fantine a été une bonne mère en abandonnant sa fille Cosette ? » Avant d'approfondir le sujet, les réponses fusent dans un charivari d'objections.
« – Moi je dis qu'abandonner son enfant, c'est dégueulasse.
- Sérieux, ça se fait pas, laisser sa fille comme ça…
- Fantine, les Thénardier elle les connaît même pas, sûr qu'elle abandonne sa fille. Si elle l'aimait vraiment, elle l'aurait gardée avec elle. Ma mère elle est comme Fantine, seule avec moi, elle travaille aussi mais elle m'a pas placé chez les Thénardier. »
Sonia regarde tous ses camarades prendre part de façon unanime et remarque que seul Abdou ne participe pas. Plongé dans un silence, absorbé par une feuille blanche, il est ailleurs. Ou peut-être pas… Nerveusement sous le bureau, ses jambes tressautent ; Abdou est une pelote de nerfs.
Le professeur continue sur cet abandon, en incitant les élèves à plus de réflexions…
« – Je disais donc, reprend le prof, on congédie Fantine. Que fait-elle alors pour gagner sa vie ?
Je lève la main :
- Elle vend ses cheveux.
- C'est tout ?
- Et ses dents.
- C'est tout ?
- Elle a fait la… comment vous dites…
Des rires au fond de la classe. Je rougis, et je murmure :
- … la prostituée. »
Mais lorsque Abdou explose en disant que l'acte de Fantine est une preuve d'amour, Sonia pressent que l'histoire de Fantine pourrait bien être celle de la mère d'Abdou.
Difficile de sonder ce camarade ! Abdou s'échappe de la classe et disparaît pour quelques jours. Malade ? C'est l'excuse qu'il donne.
Curieuse, déjà un peu amoureuse de ce mystérieux garçon, Sonia va essayer de l'apprivoiser et de l'aider. Abdou est une âme soeur.

Lorsque je tourne la dernière page de ce livre, je me demande comment l'auteur a fait pour écrire autant d'émotions, d'images, de parfums, dans ce tout petit roman. La plume, la voix, elle l'a laisse à Sonia la conteuse, une jeune fille courageuse et réfléchie, qui, très tôt, a eu aussi sa part de peines. Moins meurtrie que le jeune Malien, élevée par un père aimant, elle va l'aider à se construire, se réconcilier avec son histoire de déraciné, d'orphelin, et lui offrir une belle amitié nuancée de sentiments amoureux.
Une mère qui abandonne son enfant n'est pas forcément une mauvaise mère. Abdou Traoré sait que cela peut être une preuve d'amour d'une abnégation absolue. Sans papier, sans famille, sans argent, Mariama a eu la force de laisser son fils aux services sociaux et de partir. Il aimerait tant le lui dire !
Abdou et Sonia ont identifié leur Fantine, Valjean et Javert…

L'amour décliné sur toutes ses facettes ; ce roman est très beau. Il est écrit avec finesse, générosité, et malgré le sujet dur, déchirant, j'ai ressenti de la douceur. Abdou charrie la violence de son pays, les miasmes de la rue, le désespoir et l'espérance de sa mère. Sonia paraît aussi légère qu'un char à voile qui s'enfuit dans le vent, elle a une odeur iodée, elle est la fille qui regarde l'océan, libre et heureuse. Ils forment un beau duo, fort et confiant.

Ce livre est à recommander, je vous souhaite une bonne lecture.
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