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Critique de FungiLumini


J'ai toujours hâte de découvrir les recueils de nouvelles des éditions du Chat Noir : ils combinent toujours des plumes qui sont déjà au catalogue et qu'on adore avec de nouvelles autrices/auteurs à découvrir, talents de demain. Cette fois, le thème est le « 9 », parce que les éditions du Chat Noir ont fêté l'an passé leur 9ème anniversaire, et que cela marchait bien avec les 9 vies qu'on attribue habituellement au chat. Des chat, il y en aura, mais pas que, puisque chaque nouvelle aborde une déclinaison différente entourant ce chiffre. Ce recueil, comportant bien évidemment 9 nouvelles, était plus sombre que les précédents, je l'ai grandement apprécié !

La Justice des Ogres (Jérôme Akkouche) : le recueil commence fort avec un groupe de jeunes qui tue violemment des chatons ! La scène est bien sûr filmée (qu'est-ce qui ne l'est pas à notre époque) et les coupables attendent leur sentence. Parmi eux, Idir, le frère de Taniri, qui va devoir payer un plus lourd tribu, car dans son pays, on ne tue pas les chats impunément, le dieu Yacuk applique sa propre justice à ceux qui osent leur faire du mal. Taniri va devoir entamer un voyage initiatique pour tenter de sauver son frère de la colère divine et s'imerger dans la culture et les croyances de sa terre natale. J'ai adoré cette nouvelle, qui nous plonge dans un univers de sombre magie et de rites occultes !

La 9ème symphonie (Mathilde Verboz) : la déclinaison du chiffre 9 développée dans cette nouvelle n'est pas trop compliquée à deviner. 😉 Albert Hoffmann, compositeur reconnu mais père malheureux d'avoir perdu sa fille trop tôt, compose sa 9ème symphonie, celle qui est maudite chez les autres grands musiciens, celle après laquelle tout s'arrête. Au travers de la musique qu'il crée, il croit percevoir la présence de son enfant décédée, synesthésie magique, mais qui le pousse au bord de la folie. Parviendra-t-il à finir sa partition ? Une nouvelle toute en douceur et émotions, sur le lien qui unit un père à sa fille.

Les larmes du Kyubiko (Émilie Malherbe) : encore une fois, le thème de la nouvelle est assez aisé à trouver puisqu'un kyubiko est un renard à neuf queues dans la tradition japonaise. Aya et Haruo sont attaqués par l'animal et le jeune homme n'y survit pas. On remonte le temps, oscillant entre l'instant présent et le passé, pour découvrir les origines d'Aya et la romance qui naissait entre les deux jeunes gens. Une plongée dans le Japon ancestral magique et envoutant, sur les traces des créatures magiques qui l'habitent.

La maison des Gabory (Clémence Godefroy) : le récit atypique d'une jeune femme noble qui dit être enceinte, mais que personne ne croit, la prenant pour une folle, puisqu'elle n'a aucun prétendant. La narration est très variée, passant de spéculations familiales sur l'état inquiétant d'Odelia, rumeurs entre domestiques, discussions entre médecins ou encore correspondances épistolaires, ce qui donne un très chouette rythme de lecture. Un texte qui montre les difficultés des femmes à cette époque à faire entendre leur voix. J'ai beaucoup aimé l'ambiance victorienne de cette nouvelle, ainsi que sa résolution !

Le pendu (Sophie Abonnenc) : un vieux sans-abri donne rendez-vous à un trio de jeunes inséparables dans la forêt, au pied d'un arbre ancestral en leur promettant monts et merveilles. Pendant 9 jours, ils vont devoir veiller, prouver leur valeur dans un rite ancien, mettant à rude épreuve leur mental, mais aussi leur amitié. La narration bascule souvent du présent au passé, en faisant un récit assez fragmentaire. A vous de découvrir l'identité du vieillard. 😉

Nine (Jean Vigne) : Nolan, ancien flic, est dans un hôpital psychiatrique suite à une affaire qui a très mal tourné. Une journaliste vient le questionner sur ce cas, ravivant en lui les souvenirs enfouis de cet horrible événement. Un récit étrange, parsemé de coïncidences bizarres et de faits louches. Une cabale secrète réunie dans un seul but, ramener une déesse à la vie. le passé revient hanter le protagoniste, pour notre plus grand plaisir !

Kaibyo (Céline Chevet) : une mystérieuse femme envoute le prince d'un amour mortel. La soeur de celui-ci souhaite le venger, mais va devoir elle-même sacrifier ce qui lui tient à coeur. Une seconde incursion dans le Japon ancestral, toujours avec les étranges créatures qui le peuplent, mais on explore ici le côté plus sombre, maléfique, et le prix à payer pour la vengeance.

Neuf jours pour l'Enfer (Aiden R. Martin) : dans les déclinaisons du 9, celle-ci est la plus originale, à laquelle je n'avais absolument pas pensé quand j'avais réfléchi au thème. On suit les derniers jours de Jane Grey, qui fut reine d'Angleterre pendant 9 jours. On suit en parallèle les conflits sociaux et religieux qui animent le pays, tout en s'attachant à cette reine prisonnière, qui n'a d'autre choix que d'attendre que son sort soit scellé. J'ai adoré cette nouvelle à la fois très personnelle et pourtant historique.

Les 9 fantômes de Mayfair (Gwendolyn Kiste) : une nouvelle qui clôt très bien ce recueil. On y entre dans une maison et on explore les différentes pièces en compagnie d'un guide lugubre, découvrant 9 fantômes d'âge, d'époque, de milieu social différent qui la hantent, ainsi que leurs histoires tragiques. Un texte qui m'a rappelé la fameuse maison hantée de la première saison d'American Horror Story !

Un recueil de 9 nouvelles qui m'a énormément plu : les textes y sont originaux, les thèmes variés nous emmènent dans des époques différentes à la rencontre de cultures et de traditions parfois proches parfois très éloignées des nôtres. J'y ai également découvert de très belles plumes qu'il me tarde de relire. Une belle réussite !
Lien : https://livraisonslitteraire..
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