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Citations sur Je n'ai jamais voyagé (14)

Le sépulcre de fleurs pourquoi le refuserais-tu
Tes souvenirs n'ont pas plus d'épaisseur qu'un papier
Qu'aurait déchiré une main imprudente
Ils flottent à la surface d'une eau capricieuse
Les amants réunis
Dans le sommeil invisible et pluvieux de la mort
Le silence fait surgir les visages
Qui te sourient et te protègent
Quand ils regardent le vide devant eux
Tu y prends la place qui te revient
Dans les souvenirs ceux qu'on aime attendent
De s'animer dans les cadres étroits
De la chambre et de la mémoire
Et quand ils le décident le passé redevient présent
C'est le début de l'éternité perceptible un instant
Dans une gloire indéniable et tremblée
L'image cesse d'être image
Et tu assistes ému aux larmes
Aux noces de la jeune fille que fut ta mère
Avec la silhouette de ton père déjà parti l'attendre
À l'envers de la vie dans la cour
De la grande maison sous l'église
Tu n'es pas distrait par tes pas
Sur le gravier du cimetière
Tu ne te laisses pas emporter
Tu sais que les sépulcres de mots
Sont incertains mais tenaces
Tu te demandes en repensant
À la grimace tremblante de ton visage
Ridé de larmes et de ta voix enfin délivrée
De l'insignifiance
Si les mères en mourant
Ne nous remettent pas au monde
Pour une autre enfance
Plus grave et plus tranquille


(extrait de " Journal de poésie (2009-2014) " - pp. 20-21).
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Journal de poésie (2009-2014)


VEZELAY
Pour Jean-Pierre Lemaire
Extrait 2

Au silence des fantômes
Dans les sous-bois
     Le pas craque
Sur le tapis de feuilles
     Et de branches
Dans la pénombre des lisières
L’eau dort sans méfiance
La petite fille se fait silhouette
     Ma joie
     Mon puits de larmes
Le détour est un art
Autour de la colline
Et du dieu qui se tait
Pour ne pas nous effrayer
     La marche
     Une prière
Qui attise en nous
     Un feu
     Imprévisible
     Et doux

p.19
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A MES FILLES

Vous me lirez quand je serai mort
et ce sera bien ainsi
Car tout ce que j'ai écrit je l'ai écrit
dans cette ombre paisible
Juste à côté de vous dans le silence heureux
Où les mots se laissent entendre dans une clarté
Qui n'existe que là

Et lorsque vous me lirez ce sera
comme si une voix glissait
De l'autre côté des futaies et venait vous rappeler
Qu'il existe une autre manière
de parler donc de vivre
Et que le monde n'est pas cette fête triste
qu'on en fait
Pour vous empêcher de vivre
toute la vie qui vous appelle
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Journal de poésie (2009-2014)
PROSE


Dans le roman que je n’écrirai jamais
Il y aurait eu cette phrase
Il portait
Vestige de l’élégance des anciens dimanches
Des chaussures de cuir blanc
Il y en aurait eu des détours
Pour que la phrase puisse venir à point
Et avec elle la silhouette d’un homme
Qui marche devant sa pauvreté
Traversant la rue à pas de corde
À côté de cette peur que la vie leur fait tomber dessus
Cette sorte de défaite qui accable les hommes
Et que lui conjurait avec cette paire de chaussures blanches
Que la poussière ne grisait pas suffisamment
Pour qu’on ne puisse reconnaître des
Chaussures blanches
Et avec elles l’élégance
Toute l’élégance
Des anciens dimanches
Ou de ce qu’on appelle ainsi
Cette manière que les hommes ont parfois
De glisser sur leurs peurs
D’en faire un tapis de verre
Et de glisser dessus
Comme sur le parquet de bois blond
Des guinguettes ou des thés dansants
Des anciens dimanches

p.16-17
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Comme un qui retourne vers la maison abandonnée
Et se rend compte à l’approche sans même
     L’épreuve du seuil
Qu’il n’a jamais cessé de l’habiter
     En pensée comme en rêve
Tout au long du voyage qui le menait ailleurs
Vers cet oubli bruyant qu’on appelle le monde
J’ai fait retour au pays natal
     Ouvert aux quatre vents
     Sans drapeau et sans haine
Ce lieu de nulle part aux fondations errantes
     Où tout a commencé
La parole les abords lumineux de l’absence
     La forme inexacte de ton visage
J’ai retrouvé l’usage du silence
     Je suis redevenu poète
Sans savoir si j’appelais poésie
Le lieu lui-même ses parages les sentiers inaperçus
L’attente évanouie ma mémoire capricieuse
     La promesse toujours nouvelle

p.9
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Journal de poésie (2009-2014)


VEZELAY
Pour Jean-Pierre Lemaire
Extrait 1

Labours de pierres
Chemins effacés
Par le jeu des hommes
Dans la terre serrée
Nos empreintes éphémères
     Et lourdes
La vie comme une énigme
Déchiffrable soudain
Les trois bonds d’un chevreuil
     Dans le visible
     Sur la route
Le salut de l’inconnu
L’esprit envolé
Le sourire du simple
     Qui dit
Je connais le chemin le plus court
     Mais il monte
À la maladrerie
     Le rire
Pour tenter de tenir tête

p.18
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Journal de poésie (2009-2014)
SAINTE-VICTOIRE


Extrait 1

Des femmes promènent des chiens à tête d’enfant
Avec des yeux d’inquiétude couleur de montagne
Elles vous fixent à travers leurs franges
Comme pour savoir ce qu’il y a après
     La communion du dimanche
Si au barrage on pouvait une fois se jeter dans le vide
     Les bras en croix pour voir ce qui advient
Si jamais une ascension se cachait dans la chute
Et si de la beauté éparpillée sur les chemins
On peut faire quelque chose d’autre qu’un poème

p.15
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Journal de poésie (2009-2014)
SAINTE-VICTOIRE


Extrait 2

Il y a aussi les promeneurs au visage émacié
Contrefaisant bien avant qu’on les croise la disparition
Marchant avec méthode comme des protestants échappés
     D’une très ancienne déroute de l’histoire
Retenant leur souffle si jamais au détour du sentier
Ils trouvaient de l’inconnu
          Un frère
     Parti les attendre sur l’autre rive

p.15
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Journal de poésie (2009-2014)


Extrait 4

Le mitan de la vie ce n’était donc pas se connaître mortel
Mais se redécouvrir de loin fidèle à la nuit qui chemine
Sans autre guide que l’ange au visage d’hier
Que bouleversait la voix venue souffler ses mots
Au milieu des ténèbres et voici que dans la forêt féroce
Dans le paysage de quarantaine
Ressurgit sans crier gare l’heure du poète
De l’enfant qui croit à la nuit, du roi pauvre
Dans le silence de la mémoire voici

Le temps de l’offrande
De l’aube attentive
Du recueillement de tout ce qui fut épars

p.14
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« Ô poésie,
Je ne puis m’empêcher de te nommer
Par ton nom que l’on n’aime plus parmi ceux qui errent
Aujourd’hui dans les ruines de la parole.
Je prends le risque de m’adresser à toi, directement,
Comme dans l’éloquence des époques
Où l’on plaçait, la veille des jours de fête,
Au plus haut des colonnes des grandes salles,
Des guirlandes de feuilles et de fruits »

//Citation liminaire Yves Bonnefoy
Les planches courbes
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