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EAN : 9782072771996
160 pages
Gallimard (07/06/2018)
3.6/5   5 notes
Résumé :
Contrairement à ce qu'annonce son titre, ce recueil de poèmes propose au lecteur un long et tumultueux voyage qui n'est rien moins que la traversée d'une vie, celle de l'auteur. Une vie d'homme, avec ses joies et ses peines, ses élans et ses chutes, sa foi profonde et ses doutes, dans un jaillissement continu d'images surprenantes où se mêlent le rare et le banal de toute existence. Le poète n'hésite pas à se mettre à nu, à parler de sa vie intime et de sa foi avec ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est par un pur et beau hasard que j'ai fait la connaissance de la poésie d'Emmanuel Godo et de son recueil Je n'ai jamais voyagé.
L'écriture d'Emmanuel Godo se révèle dès les premières pages. Elle parle au coeur, à l'émotion autant qu'à notre mémoire et à la perception que nous avons des êtres et des choses que nous portons en nous. Entre les lignes des poèmes, l'écriture agit comme un moyen de réappropriation de notre intériorité, de notre histoire individuelle, dans un monde contemporain où tout se nivelle, tout s'indiffère dans une servitude que nous ne contrôlons plus.
L'homme doit apprendre à désapprendre, à revenir à l'origine de lui-même, à un état d'ignorance qui puisse le façonner, le faire parvenir jusqu'à son entier présent.

« Les mots de l'enfant poète
Viennent-ils parfois se poser sur tes lèvres ?
As-tu gardé vivante la promesse du visage ?
Il viendra te chercher avec son sourire de salpêtre
Et la stupeur de ses yeux dans le sous-bois
Mais seras-tu prêt ?
N'auras-tu pas étouffé sous ta montagne de désirs ?
Ton esprit aura-t-il eu la patience de veiller ?
Auras-tu encore la simplicité d'avoir un coeur ?
Écoute
Le hasard est une mère aux amours étranges
La porte s'ouvre
Le froid de la lumière retombe sur toi
Il est l'heure »

Les textes d'Emmanuel Godo sont tous teintés d'un temps original de la conscience (souvent l'enfance) qui donne souffle à l'être et à sa présence au monde. S'essayer à la poésie, au pouvoir des mots, pour découvrir l'art de la patience, continuelle exigence, faire l'expérience d'une intériorité pour nous défaire des affects, des certitudes, des pulsions d'une époque pleine d'injonctions contradictoires.

Subtile et méditative, pleine de nuances, la poésie d'Emmanuel Godo est comme une lampe-tempête ; plongée dans le tumulte du temps présent, accrochée au dehors, elle nous éclaire et nous ramène à cette destination que nous continuions de chercher : nous-mêmes.

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C'est le voyage d'une existence. Emmanuel Godo attise un petit feu. Il souffle sous la tristesse. Il cueille les étincelles. Les mots des jours simples peignent un réel, éprouvé par la pensée. Une autre réalité devient envisageable : "Crois-tu qu'il existe un pays où s'en vont les visages ?" le dessin aime le double-sens : champ et contre-champ se croisent.
Où s'exprime d'une jolie voix la pensée, riche et philosophique, on vient rencontrer l'homme : "Il pleut dans le jardin la sale pluie douce de l'hiver / Pourquoi le monde paraît-il plus juste dans cette paix grise ? / J'ai l'impression de n'avoir fait que cela depuis cinq ans".
On reçoit ses goûts, ses confidences, ses vérités. Et l'on se prend à respirer plus calmement.
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critiques presse (1)
Actualitte
18 décembre 2018
Vidant son « sac à poèmes » rempli des traces de son corps-à-corps avec les mots qui lui ont permis de sortir de la nuit, Emmanuel Godo ne laisse personne écrire à sa place le poème de sa vie, comme évoqué dans « À mes filles ».
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le sépulcre de fleurs pourquoi le refuserais-tu
Tes souvenirs n'ont pas plus d'épaisseur qu'un papier
Qu'aurait déchiré une main imprudente
Ils flottent à la surface d'une eau capricieuse
Les amants réunis
Dans le sommeil invisible et pluvieux de la mort
Le silence fait surgir les visages
Qui te sourient et te protègent
Quand ils regardent le vide devant eux
Tu y prends la place qui te revient
Dans les souvenirs ceux qu'on aime attendent
De s'animer dans les cadres étroits
De la chambre et de la mémoire
Et quand ils le décident le passé redevient présent
C'est le début de l'éternité perceptible un instant
Dans une gloire indéniable et tremblée
L'image cesse d'être image
Et tu assistes ému aux larmes
Aux noces de la jeune fille que fut ta mère
Avec la silhouette de ton père déjà parti l'attendre
À l'envers de la vie dans la cour
De la grande maison sous l'église
Tu n'es pas distrait par tes pas
Sur le gravier du cimetière
Tu ne te laisses pas emporter
Tu sais que les sépulcres de mots
Sont incertains mais tenaces
Tu te demandes en repensant
À la grimace tremblante de ton visage
Ridé de larmes et de ta voix enfin délivrée
De l'insignifiance
Si les mères en mourant
Ne nous remettent pas au monde
Pour une autre enfance
Plus grave et plus tranquille


(extrait de " Journal de poésie (2009-2014) " - pp. 20-21).
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Journal de poésie (2009-2014)


VEZELAY
Pour Jean-Pierre Lemaire
Extrait 2

Au silence des fantômes
Dans les sous-bois
     Le pas craque
Sur le tapis de feuilles
     Et de branches
Dans la pénombre des lisières
L’eau dort sans méfiance
La petite fille se fait silhouette
     Ma joie
     Mon puits de larmes
Le détour est un art
Autour de la colline
Et du dieu qui se tait
Pour ne pas nous effrayer
     La marche
     Une prière
Qui attise en nous
     Un feu
     Imprévisible
     Et doux

p.19
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Journal de poésie (2009-2014)
PROSE


Dans le roman que je n’écrirai jamais
Il y aurait eu cette phrase
Il portait
Vestige de l’élégance des anciens dimanches
Des chaussures de cuir blanc
Il y en aurait eu des détours
Pour que la phrase puisse venir à point
Et avec elle la silhouette d’un homme
Qui marche devant sa pauvreté
Traversant la rue à pas de corde
À côté de cette peur que la vie leur fait tomber dessus
Cette sorte de défaite qui accable les hommes
Et que lui conjurait avec cette paire de chaussures blanches
Que la poussière ne grisait pas suffisamment
Pour qu’on ne puisse reconnaître des
Chaussures blanches
Et avec elles l’élégance
Toute l’élégance
Des anciens dimanches
Ou de ce qu’on appelle ainsi
Cette manière que les hommes ont parfois
De glisser sur leurs peurs
D’en faire un tapis de verre
Et de glisser dessus
Comme sur le parquet de bois blond
Des guinguettes ou des thés dansants
Des anciens dimanches

p.16-17
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A MES FILLES

Vous me lirez quand je serai mort
et ce sera bien ainsi
Car tout ce que j'ai écrit je l'ai écrit
dans cette ombre paisible
Juste à côté de vous dans le silence heureux
Où les mots se laissent entendre dans une clarté
Qui n'existe que là

Et lorsque vous me lirez ce sera
comme si une voix glissait
De l'autre côté des futaies et venait vous rappeler
Qu'il existe une autre manière
de parler donc de vivre
Et que le monde n'est pas cette fête triste
qu'on en fait
Pour vous empêcher de vivre
toute la vie qui vous appelle
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Comme un qui retourne vers la maison abandonnée
Et se rend compte à l’approche sans même
     L’épreuve du seuil
Qu’il n’a jamais cessé de l’habiter
     En pensée comme en rêve
Tout au long du voyage qui le menait ailleurs
Vers cet oubli bruyant qu’on appelle le monde
J’ai fait retour au pays natal
     Ouvert aux quatre vents
     Sans drapeau et sans haine
Ce lieu de nulle part aux fondations errantes
     Où tout a commencé
La parole les abords lumineux de l’absence
     La forme inexacte de ton visage
J’ai retrouvé l’usage du silence
     Je suis redevenu poète
Sans savoir si j’appelais poésie
Le lieu lui-même ses parages les sentiers inaperçus
L’attente évanouie ma mémoire capricieuse
     La promesse toujours nouvelle

p.9
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La Café Littéraire - Emmanuel Godo, Ne fuis pas ta tristesse
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