C'est par un pur et beau hasard que j'ai fait la connaissance de la poésie d'
Emmanuel Godo et de son recueil
Je n'ai jamais voyagé.
L'écriture d'
Emmanuel Godo se révèle dès les premières pages. Elle parle au coeur, à l'émotion autant qu'à notre mémoire et à la perception que nous avons des êtres et des choses que nous portons en nous. Entre les lignes des poèmes, l'écriture agit comme un moyen de réappropriation de notre intériorité, de notre histoire individuelle, dans un monde contemporain où tout se nivelle, tout s'indiffère dans une servitude que nous ne contrôlons plus.
L'homme doit apprendre à désapprendre, à revenir à l'origine de lui-même, à un état d'ignorance qui puisse le façonner, le faire parvenir jusqu'à son entier présent.
« Les mots de l'enfant poète
Viennent-ils parfois se poser sur tes lèvres ?
As-tu gardé vivante la promesse du visage ?
Il viendra te chercher avec son sourire de salpêtre
Et la stupeur de ses yeux dans le sous-bois
Mais seras-tu prêt ?
N'auras-tu pas étouffé sous ta montagne de désirs ?
Ton esprit aura-t-il eu la patience de veiller ?
Auras-tu encore la simplicité d'avoir un coeur ?
Écoute
Le hasard est une mère aux amours étranges
La porte s'ouvre
Le froid de la lumière retombe sur toi
Il est l'heure »
Les textes d'
Emmanuel Godo sont tous teintés d'un temps original de la conscience (souvent l'enfance) qui donne souffle à l'être et à sa présence au monde. S'essayer à la poésie, au pouvoir des mots, pour découvrir l'art de la patience, continuelle exigence, faire l'expérience d'une intériorité pour nous défaire des affects, des certitudes, des pulsions d'une époque pleine d'injonctions contradictoires.
Subtile et méditative, pleine de nuances, la poésie d'
Emmanuel Godo est comme une lampe-tempête ; plongée dans le tumulte du temps présent, accrochée au dehors, elle nous éclaire et nous ramène à cette destination que nous continuions de chercher : nous-mêmes.
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