Citations sur Angélique, tome 7.1 : Angélique et le Nouveau monde (20)
L'alcool commençait à lui brouiller un peu les idées. Elle oubliait pourquoi elle était venue. Le charme courtois du colonel agissait sur elle. La sympathie qu'il lui avait inspirée dès le premier abord se muait en un sentiment de confiance.
La simplicité de ses manières, de ses gestes nets et précis, s'accompagnait d'une sorte de grâce enveloppante et douce en laquelle l'esprit observateur d'Angélique ne manquait pas de déceler l'habitude que cet homme avait de s'entretenir avec les femmes. Non pas dans le sens de galanterie qu'on lui prête trop souvent, mais dans celui, plus rare, qui consiste à savoir parler aux femmes un langage qui leur est familier et les met à l'aise, et qui, en bref, sans chercher à les séduire, les rassure et les apprivoise.
Elle le faisait avec une avidité singulière. Il s'imposait à elle au delà de sa volonté. Ses gestes, les inflexions de sa voix qu'elle commençait à trouver plus familière l'intriguaient et la passionnaient, sans qu'elle pût s'en défendre, ni s'expliquer pourquoi, Il n'y avait peut-être rien à expliquer en fait. C'était dans l'ordre de cette attirance excessive et naturelle qui pousse vers une autre chair celle qui lui est prédestinée.
Son cœur battait plus vite quand il s'approchait d'elle, ses attentions la comblaient, la crainte l'envahissait dès qu'il s'éloignait. Surtout elle n'était pas encore habituée à ne plus le perdre, à ne plus l'attendre.
Chérie, plus je vous regarde, plus je vous trouve merveilleusement belle. Vous ne pouvez imaginer combien vous êtes troublante. Quand vos yeux brillent ainsi dans votre visage empourpré, quand vos paupières se cernent un peu de lassitude, que vous avez chaud, et que vous vous retenez de laisser paraître votre fatigue... Je vous adore.
L'esclavage a du bon... surtout pour les maîtres. Ici il faut se passer de domestiques et d'esclaves. Car l'Indien est tout ce que l'on veut mais pas un serf. S'il est contraint au travail, il meurt.
Si je commence à m'imaginer que derrière ces masses d'arbres interminables il y a un monstrueux désert hostile, je vais m'user à l'avance... Autant attendre de SAVOIR ce que signifie réellement ce pays et ne pas penser.
Angélique avait confiance en ses mains, elles étaient ses meilleures alliées. Mais, pour le reste, elle se sentait lasse, par moments. Une faiblesse enfantine. Le cœur et l'esprit en déroute, une sensibilité à fleur de peau, les larmes proches du rire, en désarroi pour un mot, en joie pour un autre, l'incertitude, la perplexité, et cette oppression qui montait en elle, sans nom et sans objet, et l'envahissait comme là-bas les nuages entassés au-dessus des vallées commençaient insidieusement à s'enfler et à envahir un ciel pur.
C'était cela, l'Amérique. La mort violente était partout, mais on avait le droit de vivre et de se défendre.
Là où doit vivre l'homme, là doit parvenir le cheval. C'est un principe de civilisation bien établi. Les Huns n'ont-ils pas amené leurs chevaux ? Alexandre le Grand n'a-t-il pas conquis l'Inde à cheval ? Et les Arabes l'Afrique ?
La vie lui avait enseigné à lire sur les visages, à scruter une physionomie, à discerner dans une expression la pensée fugitive. Quand on a eu l'occasion de voir sa vie dépendre du verdict des autres, ce sont des choses qui s'apprennent...
S'encombrer de femmes et d'enfants dans une caravane, c'est une folie. Je ne dis pas cela pour vous, ma mère... Vous êtes la femme de mon père, c'est normal que vous nous accompagniez. Mais avouez que de voyager en caravane dans un pays inconnu, c'est autre chose que de danser dans les salons de Versailles !