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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
« De grands hommes vous ont précédé, seconde classe Larret. de bien meilleurs que vous ! Croyez-vous vraiment pouvoir faire mieux avec le jus de navet qui vous tient lieu de cervelle, corniaud de bleusaille ? Non ? Bien ! Alors, dans le rang et en silence derrière la statue du Général. » En me remémorant cette affectueuse tirade de mon adjudant-chef à la lecture du premier tome des Carmidor, j'ai supposé que son autrice avait dû faire ses classes sous un olibrius du même calibre. Et qu'elle l'avait écouté.

Au risque de surprendre ceux qui auraient d'ores et déjà remarqué la longueur de cette chronique, je n'ai pas grand-chose à dire sur « Trahir et Survivre ». Je ne m'attarderai pas à présenter l'intrigue et les personnages. Il faut dire qu'à moins d'avoir vécu depuis 2011 dans la cave d'un bunker souterrain dans le cratère d'Aitken, vous les connaissez déjà.
Après un pompeux prologue assez peu convaincant, la pompe change de forme, et la première partie du roman énumère des concepts, des situations, des enjeux, des péripéties et des figures qui tous se retrouvent, dans leurs aspects les plus généraux comme les plus détaillés, dans la saga du Trône de Fer écrite par George R.R Martin (dont les premiers tomes sont parus en 1998 en France) puis adaptée en série par H.B.O et diffusée entre 2011 et 2019.
Hasard ou coïncidence ?

Bien sûr, l'on peut s'agiter du monomythe et clamer avec Robbe-Grillet que « Les anciens mots toujours déjà prononcés se répètent, racontant toujours la même vieille histoire de siècle en siècle, reprise une fois de plus et toujours nouvelle ». Mais il y a tout de même de grandes différences entre une base universelle et un fac-similé peinturé à la hâte, plus en tout cas qu'entre l'oeuvre de Georges Martin et celle d'Olivia Gometz.

Sans conteste, tous les auteurs se nourrissent de références plus anciennes, de mots et d'univers dont ils ont été bercés, nourris. Sitôt que l'on prend la plume, les icônes qui ont couvé nos rêves planent au-dessus de nous, et au fil des mots, comme les phrases s'enchaînent sous nos doigts, leurs ailes nous effleurent et leurs souffles nous frôlent, et leurs mots pour le dire nous viennent aisément.
Certes. Tout le monde peut-être en toute bonne foi la proie innocente de l'hommage inconscient. Sur des tournures, un concept, une personnalité. Sur un roman entier ? Sur un roman entier porté par une maison d'édition, donc relu par un comité de professionnels de la littérature, qui n'aurait pas discerné le risque qui transpire dudit roman ?

Alors, oui, l'imitation est la plus sincère des flatteries, mais encore faut-il rendre à César. Et c'est, au fond, la grande question que m'a posé Trahir et Survivre. Pourquoi ne se présente-t-il pas comme ce qu'il est, c'est à dire une fan-fiction (le terme n'est pas péjoratif) du Trône de Fer ? Pourquoi ne pas l'assumer en note d'introduction (car note d'introduction, il y a) ? Dans ce cas, sans nul doute aurais-je pris plaisir à découvrir une nouvelle interprétation, une nouvelle narration, un nouveau regard sur les personnages et les intrigues que je connaissais déjà. J'aurais joué le jeu sans réserve, si les règles en avaient été claires, honnêtes et revendiquées.

Hélas, ce n'est pas le cas. J'ai déjà évoqué le déferlement de similitudes entre les deux oeuvres, dont la liste n'a pas sa place au sein de cette chronique. Vous pouvez la trouver dans un fichier séparé établi par mes soins (voir lien), qui comporte pour illustrations de nombreux extraits du roman et donc révèle des éléments des Carmidor que vous n'allez de toute façon pas vraiment découvrir.
Et ce tsunami d'analogie a englouti et noyé tout le reste. En me débattant dans ses flots saumâtres, je n'ai pu ni savourer la plume non dénuée d'élégance, ni les développements inédits, îlots de créativité dans cet océan de duplicatas. J'ai tout de même surnagé jusqu'à la dernière page, l'oeil fouillant l'horizon à la recherche des dissemblances avec son modèle. Et, ainsi embarquée sur frêle esquif (qu'est-ce que j'disais...), j'en ai tout de même noté une d'importance.

Tout comme la saga de Martin, les Carmidor présentent pléthore de personnages aux intentions diverses et souvent opposées. En revanche, les nombreuses figures centrales de Trahir et Survivre remplissent toutes le triptyque du protagoniste grandboéfort. Certaines s'avèrent moins sympathiques que d'autres, par excès de fougue, de fierté ou d'ambition, mais la laideur, la faiblesse, la lâcheté, la bêtise, la paresse, la veulerie, la puanteur, la difformité physique et morale qui donnaient à la galerie de Westeros et alentours toute sa dimension humaine sont ici à peine évoquées avec une pudeur déconcertante.
J'ai choisi pour exemple le personnage de Giorda Carmidor, dont la situation initiale et l'arc narratif sont calqués sur ceux de Sansa Stark. Là où la rouquine du Nord se montrait belle, noble, éduquée, digne, d'une obédience lassante, d'une arrogance énervante, d'une mièvrerie agaçante, d'une malléabilité horripilante et d'une couardise exaspérante, la brune de Corance est belle, noble, éduquée, digne, courageuse, résiliente, déterminée, généreuse, intelligente, brillante, ensorcelante, intrépide, indomptable, indépendante, et probablement équipée de panneaux solaires et d'un émetteur bluetooth. Les failles et les fragilités des personnages constituent le plus souvent un moteur de leur évolution, créent des enjeux, des risques, de l'intérêt. Et donc, là où Sansa, durant ma lecture, m'inspirait de nombreuses réflexions qui peuvent se résumer par un « Mais secoue-toi, pauvre truffe ! », Giorda ne m'inspire... rien.

Il est cela dit tout à fait possible que ce reproche, que je pourrais faire à la plupart des autres personnages des Carmidor, se base surtout sur une lecture biaisée par la comparaison incessante que j'ai faite au fil des pages. Un récit et un univers originaux auraient pu, je pense, rattraper ces clichés sans gravité dans la construction des personnages. Ils auraient pu me faire avaler des raccourcis scénaristiques un peu gros. Ils auraient pu, aussi, faire oublier certaines lourdeurs de style hyper récurrentes comme la création de suspense à la fin des paragraphes en reprenant le dernier sujet de la proposition dans une phrase courte voire non verbale.
Une phrase non verbale lourde de sens.

En réalité, c'est dommage pour les Carmidor. Son refus de se détacher de son modèle à succès le plombe comme mon adjudant-chef face à ce salopard de piaf qui s'est soulagé sur un de nos Leclerc. Pour moi, il en a complètement oblitéré les aspects inventifs et plaisants. Mais pour d'autres lecteurs, il se peut qu'il en relève la saveur. Il n'y a, au fond, pour vous, qu'un seul moyen de le savoir...
Lien : http://guensorde.home.blog/2..
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