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Critique de Kenehan


Challenge Pavés 2015/2016
Challenge MULTI-DEFIS 2016
Item : Un livre de plus de 700 pages (836 pages)

"La pierre des larmes" fut une véritable révélation :
1) Je déteste Richard Cypher/Rahl.
2) le style de Terry Goodkind est bardant.
3) J'ai bien changé…

Près de 840 pages, un véritable pavé ! Déjà bien lourd dans sa forme, il l'est également dans son contenu. Il faut dire que le personnage principal, à savoir le fameux Sourcier, est un homme sexy doté d'un cerveau pas plus gros qu'un petit pois. D'homme viril, brave et puissant lorsqu'il s'agit d'accomplir sa mission, il se transforme en vilain petit garnement prépubère. Tout simplement insupportable ! Avec un tel personnage, comment ne pas éviter les interminables chapitres que l'on pourrait facilement résumer à des joutes verbales puériles du genre :
" - Richard, tu as le don.
- Non j'ai pas le don !
- Si, tu as le don !
- Non, même pas vrai ! T'es qu'une menteuse !"

Naïf, aveugle, buté, sourd, irréfléchi, stupide, la liste des défauts de Richard est longue. Il a bon coeur, mais ça ne rattrape pas tout le reste. Je comprends bien qu'il s'agit là d'une saga initiatique et que Richard doit apprendre, pendant longtemps, pour devenir l'exceptionnel messie chargé de tout régler. Mais était-il nécessaire de démarrer avec un personnage aussi...con ? Son apprentissage doit-il constamment et nécessairement se faire au travers d'erreurs qu'il commet ? Est-ce si dur pour lui de méditer deux minutes sur "la deuxième leçon du sorcier" avant de la violer trois pages plus tard ?
Au fond, je soupçonne Terry Goodkind d'avoir succomber à une facilité : créer un personnage à l'intelligence limitée pour caresser ses lecteurs dans le sens du poil : "Oui mon petit, tu avais bien deviné que tout ce se passerait comme ça. Bravo, tu es doué !". Eh bien moi, ça m'agace !

Heureusement, Kahlan, louée soit la Mère Inquisitrice, relève le niveau. Archétype de la femme forte, elle se peaufine assez vite au travers de ses doutes et de ses faiblesses internes. Femme dévouée prête à tous les sacrifices pour sauver ceux qu'elle aime, fine stratège, guerrière implacable, inquisitrice désabusée, elle multiplie les visages pour notre plus grand bonheur. Peut-être lui reprocherais-je simplement son coeur de guimauve en présence de Richard où elle devient digne des plus vieux soap opera et telenovela.
Le casting de personnages intéressants capables d'évoluer (bien plus rapidement que Richard) s'étend à Chandalen, soeur Verna, Gratch (oui même lui !) et j'en passe quelques-un(e)s.

Venons-en au style. Dans l'ensemble, l'écriture n'est pas si mal. Ça ne fait pas mal aux yeux c'est un juste un chouïa inégal avec de brusques envolées lyriques qui détonnent légèrement d'avec le reste. Mon plus gros reproche concernant la plume de Terry Goodkind, c'est sa tendance à la répétition. Supporter l'incessant rabâchage de nos héros sous prétexte qu'ils croisent un personnage qui n'a pas eu vent des dernières news c'est vite lassant. Au bout d'un moment la crédibilité du procédé laisse place à du vulgaire remplissage. Je sais pas moi, faites un texto groupé !
Et je ne reparle pas (je vais me gêner !) des trop nombreuses querelles et lamentations de Richard. Je pourrais à nouveau caricaturer d'autres séquences mais ce serait faire preuve d'un mauvais fond (et je ne laisserai pas le sadisme de Goodkind déteindre sur moi ! Non, jamais !).

A plusieurs reprises, je me suis demandé si Terry Goodkind n'avait pas quelques problèmes psychiques à moins qu'il ne partage trop facilement quelques-uns de ses fantasmes avec son lectorat. Après les Mord-Siths SM, voilà les soeurs lubriques ! Aurons-nous droit aux infirmières barbares dans le troisième opus ? Bon, je reconnais que cette fois j'exagère un peu, l'aspect "lubrique" des Soeurs de la Lumière s'estompe petit-à-petit notamment grâce à Verna et la Dame Abbesse.
En revanche, je n'en démordrais pas, le viol est bien trop prégnant ici. Si vous êtes une femme dans cet univers, vous avez 70 à 80% de risque d'y passer un jour ! En fin de compte, les "méchants" ne se cassent pas la tête : "les hommes on les étripe, les femmes, on les viole puis on les étripe". C'est simple, efficace et ça permet de faire des milliers de victimes inutiles dans un roman de 836 pages juste histoire qu'il soit "sombre". Personnellement, je trouve cette violence omniprésente discutable et simpliste. de la violence, d'accord, mais un peu de profondeur et de variations ne font pas de mal. Les automates configurés en mode "je viole, j'étripe, je viole, j'étripe", mouais quoi !

Étrangement, le premier tome m'avait laissé un très bon souvenir. Celui-ci sera en demi-teinte. Partagé entre l'enthousiasme et l'agacement, l'intérêt et l'ennui, ce livre aura pesé de tout son poids pendant un long mois. Pas si étonnant quand on regarde bien la construction de l'intrigue qui oscille entre scènes mémorables et scènes redondantes ou clichées, personnages captivants et héros tête-à-claque, développement interminable des intrigues et conclusion abruptes de celles-ci dans les derniers chapitres, violences prépondérantes et fin à la soupe Disney.
Je suis assez fier d'avoir surmonter les longueurs sans sauter de pages mais je n'arrive pas à me départir d'une certaine déception. "Le Sang de la Déchirure" est déjà couvert de poussière dans ma PAL, je le lirais donc. Pour le reste de la saga, le doute m'envahit subitement...
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