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Critique de granada


Pour Jabulile et Steve, il y a avant et après : avant la fin de l'apartheid et après. Elle, fille d'un directeur d'école réservée aux Noirs , et recteur de sa communauté religieuse, a pu aller étudier au Swaziland. Son père a contrevenu aux traditions pour permettre à sa fille d'étudier, et lui a fait transmettre des livres lorsqu'elle était en prison . Lui, jeune homme blanc engagé dans la lutte contre l' apartheid en mettant ses connaissances de chimiste au service de l' ANC, a du s'exiler au Swaziland pour éviter la répression. Entre les deux, l'amour, le combat commun , un mariage à l'époque interdit entre gens de couleurs différentes , donc la vie dans la clandestinité. En 1994, comment « vivre à présent » ? Dans une société qui n'interdit plus leur relation, mais où ce qui faisait la lutte commune n'apparaît plus comme évident, comment se situer ? D'abord un déménagement auprès de leurs amis de la lutte, dans un quartier petit bourgeois, le choix d'une école privée pour leur fils, l'entrée à l'université de Steve , le travail de Jabulile auprès du Justice Centre, pour aider les noirs analphabètes à accéder à la justice. Mais bien vite, ce sont les désillusions, les interrogations : le parti se déchire entre groupes rivaux, la corruption envahit la nouvelle administration jusqu'aux plus hautes sphères du gouvernement, les noirs qui accèdent aux classes moyenne et supérieure se comportent avec les plus pauvres comme les classes blanches le faisaient avec eux ou presque. Les violences faites aux noirs n'ont pas disparu comme plusieurs évènements dans des universités ou écoles mixtes le montrent. le niveau d'inculture des enfants noirs leur rend difficile l'accès aux études supérieures et aux emplois correspondants. le chômage et la violence s'accroissent… le doute s'installe chez ceux qui ont consacré leur jeunesse au changement. « Qui aurait pu prévoir . Qu'on en arriverait-là » dit l'un d'entre- eux. « le nouveau président , qui atteint des sommets de popularité aux yeux de l'homme du peuple, sera un président sur lequel pèsent soixante-douze chefs d'inculpation pour fraude et corruption ».
La tentation est grande pour le couple de partir pour protéger leurs enfants de cette société qui n'est pas celle dont ils ont rêvé et pour laquelle ils se sont battus. « Qu'est - ce qui explique la différence ente ne rien faire du tout et en être arrivé au point , bien malgré soi, où l'on reconnaît que ce en quoi on croyait, ce pour quoi on s'est battu n'a jamais été un tant soit peu appliqué- d'accord, ne pouvait l'être- en quinze années de gouvernement- et dégénère à présent de jour en jour. «
Ce roman pose aussi la question de l'identité, des identités : les rapports de Jabu et son père et sa famille, les relations de Steve à sa propre famille , un de ses frères décidant d'assumer leur origine juive ….
J'ai lu les romans d' André Brink avec passion et désir de voir s'effondrer le régime abominable de l' Apartheid. Dans un monde idéal , on aurait aimé une société pacifiée, égalitaire, harmonieuse. la réalité n'est pas celle-là. Tout reste à faire pour le peuple d' Afrique du Sud, pour que la promesse d'une vie meilleure se réalise .
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