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Critique de ATOS


ATOS
04 décembre 2015
« Dans leurs relations, c'est surtout un sentiment d'animosité aux aguets qui dominait les gens et qui était aussi invétéré que la fatigue de leurs muscles. Ils étaient nés avec cette maladie de l'âme qu'ils héritaient de leurs pères, qui les accompagnait comme une ombre noire jusqu'à la tombe, et leur faisait commettre des actes hideux d'inutile cruauté ». Voilà le peuple des «  scorie humaines ».
Voilà la vie maudite, l'enfer des hommes créée par les hommes. 1906, Gorki est en exil. A cette date il commence la rédaction de ce roman qui paraître en 1907. La première révolution de 1905 est un échec pour le monde des ouvriers et des paysans Mais tout n'est pas perdu, bien au contraire. L'esprit est vivant. le monde politique l'entend, le pouvoir en place le comprend-t-il ?, le tsar lui veut l'ignorer et renforce son autocratie.
Gorki raconte, peint, porte « la mère ». «  La mère » Un des plus beaux personnages de la littérature du 20 e siècle. Personnage d'une réalité romanesque remarquable, fait de chair, d'une chair qui crève de misère , fait de ces os que l'on broie, fait de larmes, de peur, de nuit et d'ignorance mais fait également de force et de courage.
Bien sur 1906. Et non 1917...L'histoire est en marche. le peuple reprend son souffle , la mère s'émancipe. Elle s'émancipe à travers la nouvelle génération. C'est à travers la jeunesse de son pays que la mère comprend l'injustice de sa condition. C'est à travers la jeunesse, et tout d'abord avec l'aide de son fils Paul, qu'elle comprend la férocité et l'iniquité de sa vie.
Au delà de l'Histoire, c'est la naissance de ce personnage qui est intéressante. le personnage de cette mère, marquée de naissance comme le sont les bêtes de somme, vouée de naissance, à la misère sociale, au mépris, la mère, la femme, la plus humiliée parmi les méprisés, la plus pauvre parmi les plus pauvres. C'est à elle que Gorki choisit de confier le drapeau déchiqueté du 01 mai.
La fille, l'épouse, la mère, qui s'éveille et qui devient femme, militante, active, et activiste dirions nous aujourd'hui 'hui. La mère qui se souvient qu'elle connaissait ses lettres, et qui se rappelle..Et la voilà qui se met à lire , elle se met à parler, elle témoigne, elle apprend, il ose. La mère qui tremble devient la femme qui combat. Elle part, voyage, rencontre, prend l'initiative, propose, la voilà résistante. Bien sur... 1906.
Ce livre a connu dès sa parution un succès immédiat aux USA, en France, en Allemagne. Succès légitime. L'âme est présente, l'écriture est puissante, les personnages sont inoubliables.
Alors oui Gorki. Parce que 1905. là où le destin de la Russie a sans doute basculé. L'après 1905, ces années où le pouvoir russe s'est obstiné a laissé le pouvoir entre les mains du tsar, tsar qui s'est lui même obstiné de 1881 à 1904, a maintenir la Russie dans un état d'urgence ou un état de siège quasi permanent. Alors que le pays commençait sa révolution industrielle. A une période où les lignes bougeait, à un moment où les choses auraient peut être été encore possible. Autrement, autrement que ce que L Histoire a construit. Parallèlement, le pays connaissait un rapide essor économique. Essor et mutation économique qui ne bénéficiaient en rien au prolétariat, qui livrait les mougiks à une nouvelle servitude .
Un pouvoir qui armera le bras de son agent double Dimitri Bogrov pour assassiner le ministre Stolypine en 1911. le ministre qui aurait peut être pu mener les réformes sociales et politiques nécessaires.
Et puis 1917. Parce qu'il fallait faire un choix. .. Et puis plus tard, Staline.Staline resté seul après avoir écrasé ses opposants. Là n'est pas le sujet de la mère bien évidement. Puisque..
«  La mère » 1906 .
Alors oui, « La mère » pour la qualité littéraire du roman, pour la puissance des personnages, même si entre les lignes on voit ressurgir l'ancien culte, celui qui était pourtant combattu, celui qui devait s'opposer à l'arrogance du profit et à l'autocratie,  : l'effroyable culte de l'homme.
Culte de l'homme qui allait transmuter l'autocratie en dictature.
Alors oui, «  La mère » pour la mémoire du dimanche rouge , pour la mémoire de celles et ceux qui menèrent la grève générale d'octobre 1905, « la mère » en mémoire également de celles et ceux assassinés par Staline.
« La mère » d' Alekseï Maksimovitch Pechkov , dit Maxime Gorki, «  la mère » parce que 1906.

Astrid Shriqui Garain
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