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Critique de Clelie22


William a connu Marianne et Marguerite pendant son enfance dans les îles anglo-normandes. Il lui arrivait alors souvent de confondre les prénoms des deux soeurs. Par contre, dans son coeur, il ne les a jamais confondues : au fil des années, y est né un attachement profond pour la solaire et joyeuse Marguerite. Mais dix ans et bien des mésaventures plus tard, au moment de demander sa bien-aimée en mariage par lettre, sa plume s'embrouille et, quelques mois plus tard, c'est Marianne qu'il trouve sur le pont du bateau qui l'a amenée en Nouvelle-Zélande, la laide, autoritaire et perpétuellement insatisfaite Marianne.

Le résumé de l'édition du Livre de Poche, assez proche de celui que je vous ai fait ci-dessus, m'avait intriguée. Comment William va-t-il se tirer de cette situation incroyable ? En fait, l'événement dramatique qui va bouleverser sa vie n'intervient à peu près qu'au tiers du livre. Cependant, cela ne m'a pas du tout empêchée d'apprécier ce premier tiers. Sachant ce qui allait arriver ensuite, j'oscillais en permanence entre des sentiments très différents à l'égard des personnages. Marianne paraît tour à tour dure et pitoyable, Marguerite attachante ou un peu bêbête. Je n'arrivais pas à trancher : est-ce que l'erreur de William sera si dramatique que cela ? Bon, après le mariage, Marianne devient d'autant plus imbuvable que son arrogance paraît déplacée lorsqu'on connaît la vérité sur les circonstances de son mariage. Malgré tout, je n'ai pas pu la détester. C'est une des grandes forces de ce roman de nous présenter des personnages tout en contrastes, avec leurs côtés attachants et leurs côtés moins brillants.
L'intrigue principale parvient à maintenir l'intérêt du lecteur jusqu'à la dernière page : Marianne découvrira-t-elle un jour que William l'a épousée par erreur, par faiblesse et par pitié ? Mais l'intrigue va bien au-delà. Ce roman est surtout une histoire d'âmes : celles de Marianne, de Marguerite, de William mais aussi de plusieurs personnages qui gravitent autour d'eux. Comment ces âmes progressent-elles dans leur cheminement, dans la recherche de leur pays particulier ? Comment les événements de leur vie les conduisent à l'humilité et à la connaissance de Dieu ? Car ce roman écrit par la fille d'un directeur de collège de théologie est imprégné de spiritualité chrétienne. La quête spirituelle de chacun y prend autant de place, sinon plus, que les accidents de sa vie terrestre. Cet aspect pourrait rebuter ou même exaspérer des lecteurs qui n'y sont pas sensibles mais j'ai trouvé qu'Elisabeth Goudge le traitait avec beaucoup de finesse, sans caricature, montrant différents personnages ayant différentes conceptions de Dieu mais aboutissant tous, par des chemins différents, à cette conclusion : on n'apprend vraiment à connaître Dieu que dans l'humiliation, le renoncement à nos illusions sur nous-mêmes.

En résumé : un roman prodigieusement long (presque 700 pages en poche, écrites en tous petits caractères et avec de toutes petites marges) mais je ne m'y suis pas ennuyée une minute. Une histoire ample, pleine de ramifications, riche, qui donne à réfléchir. Des personnages attachants malgré leurs défauts. Et un style d'écriture fluide, bien maîtrisé, sans fausses notes.

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