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Citations sur La solitude des grandes personnes (12)

Si les gens portaient aux humains le tiers de l’amour qu’ils portent aux chats et aux clebs, le Samu Social serait forcé de mettre la clé sous la porte.
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Les gens m’aiment uniquement parce que je ne leur ressemble pas. Parce que je représente ce qu’ils croient vouloir être alors que je ne fais que vivre ce qu’ils n’ont fait que fuir.
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Voler le rêve de quelqu’un, c’est couper les ailes des anges.
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Je crois qu'avoir des enfants, c'est d'abord une manière de rendre son vieillissement plus acceptable. Rien de plus effrayant que la fuite des années, que la flétrissure des corps, que l'acceptation de la mort comme unique échéance. Donc à la place, on crée un mini-soi pour le regarder vivre tant que c'est encore beau. Tant que l'on grandit, et non que l'on vieillit. C'est admirable et ridicule comme croire en Dieu ou voter en blanc. (p. 24)
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Sur le bord de la route, on croise parfois des vaches, parfois des moutons, parfois des panneaux. Le plus souvent, il est écrit: "TOUTES DIRECTIONS". Je me demande où on arrive si l'on va partout. Quand j'ai demandé où on allait, elle m'a répondu:
-Un meilleur endroit.
ça a l'air loin. (p. 8)
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Je déjeune dans l’arrière-salle d’une sandwicherie voisine. Deux hommes dévorent une pizza sans échanger un mot ni prêter attention à la télévision qui diffuse en boucle les images d’une guerre lointaine. Explosions, hurlements, scènes de panique… Je trie mes frites par taille pour isoler les plus croustillantes. L’envoyé spécial parle de morts par dizaines avec l’air affligé d’un serveur annonçant qu’il n’y a plus de plat du jour. Je suis repu. Je bois mon verre d’un trait en payant au comptoir, pressé de retourner à ma lecture. Je choisis un vieux banc que le soleil réchauffe à l’entrée d’un grand parc, retire mon marque-page.
 
– Tu ne peux pas contrôler ce que tu fais de ta vie.
– Ça, c’est sûr.
– Les gens disent que c’est l’hérédité, ou l’environnement… Mais je crois que c’est autre chose.
– Tu crois que c’est quoi ?
– Autre chose… Au-delà de tous ces concepts… Au-delà de ce que l’on sait. (Pause.) Peut-être qu’en rêve, parfois, on caresse la réponse. (Pause.) Qu’est-ce que t’en penses ?
– Je ne sais pas…
– Je ne crois pas que l’on puisse savoir… Je pense que si nous savions, nous serions morts.
– Nous serions Dieu.
– Nous serions Dieu. C’est exactement ça.

– Excusez-moi.
Ces deux mots glissent sur moi comme de l’eau sur une vitre pour aller se diluer dans le murmure du parc. Il ne me reste qu’une page. Le monde n’existera que lorsque je l’aurai terminée.

 
– Tu crois que l’enfer existe ? Que nous y sommes déjà ?
– Je ne sais pas, mec. (Pause.)
– Tu crois que l’on va quelque part quand on meurt ?
– Je ne sais pas mais… J’espère que oui. (Pause.)
– J’espère aussi… Peut-être au Paradis.
– Je ne sais pas.
– Je ne sais pas non plus, mais peut-être. (Pause.)
– J’espère.
 
– Excusez-moi.
J’entends cette fois, au loin, me déconcentre une seconde, perds ma ligne, la retrouve.
– Vous auriez pas quelques pièces ?
 
Il y a dans cette voix fluette une fragilité, une inconsistance, qui m’oblige à quitter le livre des yeux.
C’est un enfant, seul, qui se tient à un mètre. Il a un sac à dos qu’il serre contre son ventre. J’aimerais lui apprendre d’un geste que l’argent n’est qu’un moyen de transport. J’aimerais lui dire qu’entre ses mains sommeille déjà tout l’or du monde.
 
– Où est ta mère ? Pourquoi tu veux des pièces ?
– Pour en faire des étoiles. Vous êtes qui, vous, d’abord ?
 
L’homme ébauche un sourire.
 
– Quelqu’un qui va t’aider.
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Pour vous, le bonheur, c'est du passé. une folie adolescente avant que les choses comptent, des exploits juvéniles avant l'âge de raison, l'enchantement d'une naissance avant ses conséquences, une idylle idéale avant que tout ne se complique (...). Pour moi, c'est aujourd'hui, et demain, et hier, et je dois vous remercier, car sans vous rien de tout cela n'aurait été possible.
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L’enfance est un château sans murs. Citadelle impalpable où chaque loi est une pierre et chaque livre une fenêtre. Où chaque mot est une porte et chaque phrase une serrure. Où les peurs sont surmontables et les joies sans nuances. On repense à ces jours et l’on se trouve « mignon », comme le juste équilibre entre bête et heureux. Je repense à ces jours et je me vois assis face à une pyramide. Assis avec un chat qui goûtait l’eau d’une flaque et l’impression fugace de dompter l’univers.
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Nous allons prendre un taxi. Je ne suis pas sûr de notre adresse mais je me souviens du nom de la bibliothèque, et de là-bas, je sais comment rentrer. Clara a trouvé l’adresse en cherchant sur son téléphone.
Je n’ai jamais pris de taxi. Maman dit que c’est pour les riches et les flemmards. J’ai dit ça au chauffeur et il a rigolé en me disant que lui n’était ni l’un ni l’autre. Dehors, Paris défile. On dirait le résumé d’un livre dont j’étais le héros, sauf qu’il n’y a plus personne. Il paraît que c’est comme ça tous les dimanches matin.
– À quoi servent tous ces taxis s’il n’y a personne pour les prendre ?
– Ils ramassent ce qui traîne, dit Clara.
– Ils dépannent ceux qui peinent, dit le chauffeur.
La vraie réponse doit être quelque part au milieu.
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La vie n’est jamais simple. Les gens le sont toujours trop. Je suis de la lassitude laissée en suspension. Un esprit agité dans un corps disgracieux. Certains soirs, j’ai essayé d’être autre chose. Peut-être était-ce l’alcool, mais parfois, lorsque leur regard insistait, je me sentais femme et non pas viande. Je me sentais naïve ou belle, lascive ou bête, et cédais à ce jeu de regards qui se cherchent et s’esquivent en simulant la gêne ou la timidité. Je suis lassée de ces distractions inutiles, de ce besoin insatiable de donner du sens à une existence qui en est à ce point dépourvue.
La vie est une question. Le monde est un silence. La foi est un manteau. L’honneur est un caprice. L’ennui est un aveu. Je ne sais plus comment vivre. La mort ne me fait peur que parce qu’elle représente la possibilité d’une réincarnation.
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