Bien qu’ils aient joué un rôle capital pendant le siège, on n’a pas sans doute assez insisté sur l’aide précieuse que les chiens de guet ont apportée aux défenseurs du Mont. On le comprendra mieux si l’on observe que, en plus des remparts couvrant la partie est et sud-est du Mont, il fallait aussi surveiller, de nuit surtout pour éviter toute surprise, les escarpements rocheux de l’ouest, et la pente nord, de part et d’autre de l’escalier fortifié de la fontaine Saint-Aubert (le petit bois qui la couvre n’existait pas alors) ; et que, pour la surveillance d’un aussi vaste périmètre, les hommes astreints au guet étaient peu nombreux. C’est pourquoi de tout temps, des chiens de garde, que l’on lâchait la nuit autour du Mont, complétaient les rondes et surveillaient les grèves sur tout le pourtour de l’île. Ces chiens étaient vraisemblablement des dogues. Le document le plus détaillé que nous ayons sur eux est de quelques années postérieur au siège. C’est le mandement que signa Louis XI, après son troisième pèlerinage au Mont en 1473 : « (Le sire du Bouchage) nous a dit et remontré que, pour la garde et sûreté de notre place du Mont-Saint-Michel, on a de tout temps accoutumé avoir et nourrir audit lieu certain nombre de grands chiens, lesquels sont par jour attachés et liés, et de nuit sont menés tous détachés hors de ladite place et à l’entour d’icelle pour, au long de la nuit, servir au guet et garde d’icelle place ; nous avons veu à l’ueil et congneu que la nourriture et entretien desdits chiens est très fort utile et profittable à la garde de la place dudit Mont-Saint-Michel, pour ces causes… avons voulu et octroyé par ces présentes… que le lieutenant dudit seigneur… ayt et praigne dorénavant par chacun an de la somme de 25 livres tournois des deniers de la revenue de notre vicomté d’Avranches… ».