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Critique de Ellane92


Sandro est professeur de philosophie à l'université. Mais il est surtout en deuil : son épouse est morte, offerte en sacrifice par une tribu primitive d'Amazonie dans laquelle elle effectuait un reportage. le meurtre a eu lieu il y a presque un an, mais le deuil, malgré tous les bons conseils trouvés dans les livres de philosophe, ne se fait pas. Pour continuer à vivre, Sandro ne voit qu'un seul moyen : se venger ! Mais pas n'importe comment. Il veut que les membres de la tribu souffrent autant que lui souffre de la disparition de sa bien-aimée. Et pour cela, il a un plan machiavélique : à l'aide des quatre mercenaires engagés pour l'amener jusqu'au village des primitifs (ce sont les mêmes que ceux qui avaient accompagné sa femme un an auparavant), il va détruire leur société en leur apprenant ce qu'est la propriété, la compétition, l'envie, la consommation, etc…
Eliana, la presque shaman du village, ne voit pas d'un bon oeil l'irruption des cinq hommes dans la vie de son village mais que peut-elle faire, toute seule avec ses plantes et son bon sens, contre les attraits du miroir aux alouettes de la société de consommation ?

Quand mon beau-frère m'a proposé ce livre, j'ai dit : "bof merci mais non tu sais, j'ai plein de trucs sur ma table de chevet et sur mes étagères". Comme il insistait et disait que c'était à la fois génial et hyper drôle, je l'ai embarqué avec moi. Puis Gounelle, ça fait longtemps qu'on m'en parle, qu'on m'en vante les mérites, enfin, les ouvrages, à la fois drôles, agréables à lire, et distillant au tout-venant de la culture philosophique. Alors je me suis dit : vas-y Ellane, ne meurs pas bête, prend l'objet à pleine main et plonge-toi dans cette histoire.
Ce livre est, à mon avis (qui ne vaut franchement pas grand-chose mais je suis quand même là pour le donner) un truc puant de démagogie à 3 balles (des balles qui datent d'avant l'euro), mixant un "je te fais la morale sur la télé que c'est pas bien et que ça sert à rien de vouloir ressembler aux top modèles" à une pseudo-histoire d'amour qu'on voit arriver comme le nez au milieu de la figure et qui se hisse, avec difficulté, au niveau des Harlequin de ma préadolescence, et une soi-disant vulgarisation philosophique quasi-culturelle (mais de loin, hein, faut pas pousser la ménagère de moins de 50 ans sur des réflexions trop poussées non plus) qui m'ont donné le sentiment d'être prise, disons-le, pour une abrutie (et ça, je n'aime pas !).
Bon, puisqu'on en est au versant "philosophique" du truc, voici, en substance et "en diagonale" le message : la télévision, la société de consommation, la compétition, les informations, la pudeur, la jalousie, la propriété, boooooouh, c'est maaaaaal. Vivre nu, du produit de sa cueillette et de sa chasse, dans des maisons 100% écolo et durables, en baisant qui nous plait quand ça nous plait, aimons-nous les uns les autres, écoutons les vieux qui ont plein d'expérience à partager, restons positif même quand il pleut (!), etc… ouaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis, c'est biiiiiiiiiiiien. Super !! C'est sûr, je me sens l'âme à prendre la vie avec beaucoup de philosophie tout à coup !!
Le bon point, c'est que, primo, c'est pas long (300 pages mais écrites en police large !), et secundo, c'est pas compliqué à lire, on ne se pose pas beaucoup de questions.
Ben oui, parce que les indiens primitifs d'Amazonie, qui vivent en pagne et sont pacifiques, mais qui auraient des dieux (!!) auxquels ils sacrifieraient (!!) des blondes mêmes pas vierges (!!), ben ça parle l'anglais d'Amérique. Ben oui ma brave dame !
Et puis, en plus, c'est qu'ils n'ont pas une once de bon sens, de sagesse ou de quoi que ce soit, ces primitifs. Eux, c'est plutôt le genre enfant bisounours naïf (les fameux "bons sauvages" de Rousseau ?), qui n'attendent qu'une chose : se faire corrompre par les vilains premiers mercenaires venus (enfin, même s'ils les ont déjà vu avant !) qui certes, ne sont pas très malin (eh eh, la tête ou les jambes, faut choisir) mais sont déterminés et coachés par un philosophe déçu en plein deuil. Ça fout les jetons hein ? du coup, les grands méchants mercenaires manipulent (ben oui, c'est quand même au coeur de l'intrigue) les gentils petits enfants béats d'admiration devant l'une des leur qui leur raconte que la cueillette a été mauvaise (clin d'oeil à BFM TV ?) et qui s'est mis des bouts de bois dans les seins (pour qu'ils soient plus gros) cachés dans un petit haut (pour donner envie aux hommes de voir en vrai, et aux femmes, d'avoir les mêmes). Bref, intellectuellement parlant, raconter qu'en gros des "adultes" au fait de la modernité peuvent manipuler des "enfants" qui n'en ont jamais entendu parler, ça ne me fait même pas rire jaune, et je trouve ça limite, très limite, très très limite ! Voire même que ça dépasse la limite !
Allez zou, j'arrête le sarcasme (je me sentais pourtant bien partie) et je vais dire ce qui m'a le plus dérangé dans ce livre. Ce qui m'enquiquine le plus, c'est pas l'histoire d'amour gnan-gnan, la fin cucul la praline, le manichéisme pas vraiment cousu de fil blanc qui donne l'impression qu'on est vachement intelligent parce qu'on a compris que l'auteur mettait en parallèle, avec caricature et humour (je n'y suis pas sensible mais c'est pas grave), deux systèmes de société opposés, les discours démago de Sandro à ses sbires qui ne comprennent pas à quoi ça sert de manipuler les primitifs , etc… Moi ce qui m'embête, c'est qu'à la lecture de ce livre, on a l'impression que l'humain, il est bon et gentil intrinsèquement. Et que c'est le dehors, la société, les manipulateurs, qui corrompent cette bonne nature. Que en plus, nos petits bisounours, ils n'y peuvent rien, c'est extérieur à eux, au-delà de leur système de compréhension du monde, et qu'ils le subissent de plein fouet, et qu'ils n'ont pas les moyens d'y résister, parce que ce méchant extérieur ne leur en laisse pas l'opportunité et qu'ils ne s'en aperçoivent même pas. Et que, s'il n'y a pas une presque-chaman pour les guider sur le bon chemin, quelqu'un d'éclairé donc, qui réfléchit par lui-même, ben les petits bisounours se transforment en gentil troupeau de moutons qui suit le dernier qui aura parlé. Parce que le cerveau, faudrait voir à pas s'en servir, au cas où il s'userait ! Pour un Laurent Gounelle, "spécialiste des sciences humaines" et dont les "livres expriment sa passion pour la philosophie, la psychologie et le développement personnel" (dixit la courte biographie précédant l'ouvrage), le message aurait gagné à être un peu plus… réfléchi ? (désolée de ma replongée dans le sarcasme).
Bref, je n'ai pas du tout aimé ce livre, au même titre que je n'aime généralement pas ceux de Musso ou de Coelho ; ce n'est pas leur faute, mais je prends leurs textes comme des leçons de morale du genre "yakafokon", ce qui me donne des boutons, de l'urticaire, l'envie de manger deux tablettes de chocolat, de me ronger les ongles, etc… Après, je connais des gens très bien à qui ça plait. Alors ne vous laissez pas influencer par ma chronique chagrine, pensez par vous-même, et décidez en votre âme et conscience si, oui ou non, vous vous laisseriez tenter par l'histoire de ce "Philosophe qui n'était pas sage" !
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