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Critique de le_chartreux


« Tout le monde t'en voudra. Les Algériens, les Français… même les harkis t'en voudront. »
Lisa étudie à Paris et souhaite devenir journaliste. La pénurie de logements étudiants la contraint à accepter de partager le logement d'un vieil homme afin de lui tenir compagnie. Elle aura sa propre chambre et pourra dîner avec lui de temps en temps mais aussi devra prévenir son fils en cas de nécessité.
Ce vieil homme s'appelle Mohamed, il était maçon, mais ça, c'était sa vie en France, son activité... Auparavant, en Algérie, il aimait courir d'un village à l'autre avec ses cousins dans l'insouciance de leurs vingt ans. Mais un jour, avec la seule intention de défendre ses proches des attaques de fellagas, il avait accepté de devenir guide et traducteur pour les Français ; il était devenu harki et, dès lors, porteur de cette tache indélébile qui le marquera toujours quarante ans plus tard.
Il y a beaucoup de douleur contenue en Mohamed comme en Lisa. le premier qui sait sa chance et sa malédiction. Sa chance d'avoir rencontré Louise alors qu'il avait été interné dans un camp au retour d'Algérie ; elle est devenue sa femme. Et sa malédiction d'avoir travaillé pour les Français pendant la guerre d'indépendance. Les sentiments de rejet et de peur ne l'ont jamais quitté.
Lisa, quant à elle, est une jeune et jolie métisse de mère guadeloupéenne et de père absent et inconnu ; c'est sa névrose. Pour combler ce manque, elle cherche et se documente ; le journalisme est sa voie et sa rédemption.
LISA ET MOHAMED est un album sur les détresses existentielles et les blessures émotionnelles telles que le rejet ou l'abandon, l'humiliation, la trahison ou l'injustice ; ces problèmes rencontrés dans l'enfance et l'adolescence qui ouvrent en nous des brèches si profondes que le traumatisme engendré nous hante encore à l'âge adulte.
Comment se remettre des actes innommables entrevus ou commis, comment se débarrasser des peurs ainsi chevillées au corps et à l'esprit, comment apprendre à se réconcilier, comment pardonner, comment apprendre à revivre (ensemble) ?
Quant au dessin de Mayalen Goust, il est sensible et pudique et convient tout à fait au récit de Julien Frey. Déjà bien connue en tant qu'illustratrice pour les éditions pour la jeunesse - ses productions étaient malicieuses, féériques, énigmatiques, poétiques - on lui reconnaîtra dorénavant de nouvelles compétences.
C'est un bel exemple d'ouverture d'esprit et d'humanisme. Plus que jamais, on en a besoin !
« On était trois cousins. Tayeb, Amine et moi. On courrait tout le temps… »
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