"Il avait demandé à Yéhiel pourquoi il n'avait pas inscrit son nom au dessus du titre. Sans se détourner de sa tâche, le rescapé avait répliqué : "Ce n'est pas moi qui écris ce livre, ce sont les morts. Ils s'appellent Ka-Tznetnik et ils portent ce numéro." Alors Yéhiel avait remonté la manche gauche de son pyjama pour découvrir l'avant-bras sur lequel était tatoué à l'encre bleue : 135633."
Les rescapés formaient dans cette nouvelle nation en marche dont se réclamait Eli un angle mort, une communauté obscure unie par le silence qui plane après l’abattage. Personne ne voulait écouter ce qu’ils avaient à dire. Personne ne voulait voir ce qu’ils avaient vu. Personne n’avait prévu qu’ils survivraient.
Les yeux de Yehiel sont ceux d’un homme qui a vu le néant sans s’être transformé en statue de sel