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Critique de lalahat


La phrase toujours longue chez Julien Gracq développe une pensée portée par la mémoire de l'enfance, ou les souvenirs de voyages. le choix des mots est pertinent. Les textes séduisent par le charme désuet de leur poésie. Ils sont issus de carnets de l'auteur et assemblés de façon assez libre mais organisée. Ils s'attachent d'abord aux lieux visités et fréquentés par l'écrivain géographe.

Que sont les noeuds de vie ? Ce sont les fils emmêlés qui tissent le rapport de l'homme au monde. Lorsque Julien Gracq évoque l'avenir, le tableau s'assombrit. le travail de l'homme sur le monde manque de considération pour le futur, à son goût. Gracq, dans les années 80 – 90, s'en inquiète. Il a raison, bien sûr, même si par exemple, quand il déplore que les jardins ne sont plus cultivés, on peut constater aujourd'hui un retour aux pratiques de cultures potagères même dans le milieu urbain. Une prise de conscience tardive a opéré.
Julien Gracq se souvient de changements réjouissants apportés par l'occupation allemande : routes désertes, villes nocturnes sans éclairages. Il aurait sans doute trouvé du charme à notre période Covid. le confinement lui aurait convenu.
Il flâne, et ses flâneries sont aussi littéraires. Il y a de la sensualité dans son regard sur la nature, dans quelques instants de paresse au lever dont il est coutumier. Il livre aussi des considérations plus politiques ou religieuses. Elles semblent bien clairvoyantes au lecteur d'aujourd'hui. Il y a de la malice dans le paragraphe qui traite de Freud. Julien Gracq appartient à la génération qui a vécu l'essor de la psychanalyse.
Les lectures de Gracq et les critiques acerbes parfois des écrivains qui les accompagnent font l'objet de la troisième partie de l'ouvrage : Lire. le grand Victor Hugo y est comparé à une trompette ! Il y mentionne – qui l'aurait imaginé ? - le seigneur des Anneaux de Tolkien. Il semble conquis par le genre. Il fait preuve là d'une ouverture d'esprit étonnante.
La dernière partie, Ecrire, est particulièrement intéressante. Les réflexions de l'auteur sur sa motivation et sa place dans le milieu des écrivains convergent vers un point fondamental : la liberté. Gracq revendique une indépendance totale, et aussi une certaine distance par rapport à l'écriture. Il peut se passer d'écrire, dit-il, pendant des années. Mais c'est peut être sans compter ces notes et ces carnets, qui, bien que sans objectif précis et loin du romanesque, témoignent aussi d'une forme d'écriture quotidienne. Il évoque aussi l'écriture de rêves qui n'est pas éloignée du surréalisme. Gracq n'a pas été imperméable aux influences de son époque.

Noeuds de vie forment un recueil de réflexions d'un Julien Gracq vieillissant. Il porte un regard sur la littérature en général, mais surtout sur la place singulière qu'il occupe lui-même. Les première et deuxième parties, Chemins et rues et Instants sont les plus poétiques. La suite se fait plus intellectuelle et plus difficile d'accès. L'ouvrage donne évidemment envie de lire et relire les romans de l'auteur.
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