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Critique de JMLire17


Les membres de l'Académie Goncourt qui ont décerné leur prix en 1976 au roman de Patrick Grainville ont probablement voulu récompenser la flamboyance d'une écriture exubérante, lyrique qui convient parfaitement pour décrire selon les mots de l'auteur " l'apocalypse du royaume baroque ", outrancier du général fou Tokor Yali Yulmata, qui règne sur un pays africain de fiction, mais tellement prés de la réalité de certaines dictatures qui étaient de mises à cette époque sur ce continent. William Irrigal, un blanc originaire d'Ecosse, est envoyé en mission auprès de Tokor. Après s'être fait adopter par le dictateur, qui le méprise et le nomme le Néant blanc, il va découvrir et les lecteurs avec lui les outrances du roi fou, complètement mégalomane qui ruine son pays en dépenses fastueuses. Une armée richement équipée en tanks, avions Mirage, missiles, un armement ultra-moderne qui comble des colonels à sa botte, que le général roi fou a plaisir à faire défiler, et qu'il va retourner contre son peuple. Un palais présidentiel qui regorge de richesses, l'organisation de fêtes grandioses, l'entretien d'une cour de femmes élégantes. Une débauche de dépenses qui côtoie des quartiers de misère, d'immenses bidonvilles dont Mourmako celui de la capitale. Par contre ce roi fou voue un culte immodéré pour la faune et la flore africaine, il entraîne William Irrigal dans des visites de son pays pour lui montrer les splendeurs sur lesquelles il règne. La richesse de l'écriture de Patrick Grainville offre au lecteur des pages magnifiques sur la luxuriance de l'Afrique. Mais dans sa soif de pouvoir et de possession, Tokor lance son armée contre les ethnies différentes de la sienne, notamment les Diorles, qu'il croît détenteur d'un pouvoir divin. C'est la folie de trop, à la suite des massacres qu'il commet, certains de ses colonels se rebellent entraînés par l'un d'eux, Lalaka, qui a des idées socialistes pour sortir le pays des griffes du tyran, et soutenus par William Irrigal. Si l'on replace le roman dans le contexte de son temps, alors que de grands mégalomanes, des Amin Dada, des Jean Bedel Bokassa et d'autres régnaient sur l'Afrique noire, on imagine sa puissance, d'autant que dans les années 90, des génocides entre ethnies ont dévasté l'Afrique, comme celui que Tokor veut perpétrer contre les Diorles.
le roman est parfois difficile à lire tant l'écriture est intense, recherchée, truffée de métaphores, mais c'est ce qui en fait sa puissance.
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