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EAN : 9782020045742
Seuil (01/11/1976)
3.65/5   59 notes
Résumé :
Après La Toison et La Lisière, composant "une autobiographie mythique", selon l'expression de l'auteur, Les Flamboyants, prix Goncourt 1976, a permis à Patrick Grainville d'être reconnu d'un large public. Deux protagonistes, William Irrigal et Tokor Yaki Yumalta, général africain, unis par une amitié fantasque, décident de partir ensemble à la recherche des Diorles, peuple sacré et ludique. Ils voyagent à traver... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Les membres de l'Académie Goncourt qui ont décerné leur prix en 1976 au roman de Patrick Grainville ont probablement voulu récompenser la flamboyance d'une écriture exubérante, lyrique qui convient parfaitement pour décrire selon les mots de l'auteur " l'apocalypse du royaume baroque ", outrancier du général fou Tokor Yali Yulmata, qui règne sur un pays africain de fiction, mais tellement prés de la réalité de certaines dictatures qui étaient de mises à cette époque sur ce continent. William Irrigal, un blanc originaire d'Ecosse, est envoyé en mission auprès de Tokor. Après s'être fait adopter par le dictateur, qui le méprise et le nomme le Néant blanc, il va découvrir et les lecteurs avec lui les outrances du roi fou, complètement mégalomane qui ruine son pays en dépenses fastueuses. Une armée richement équipée en tanks, avions Mirage, missiles, un armement ultra-moderne qui comble des colonels à sa botte, que le général roi fou a plaisir à faire défiler, et qu'il va retourner contre son peuple. Un palais présidentiel qui regorge de richesses, l'organisation de fêtes grandioses, l'entretien d'une cour de femmes élégantes. Une débauche de dépenses qui côtoie des quartiers de misère, d'immenses bidonvilles dont Mourmako celui de la capitale. Par contre ce roi fou voue un culte immodéré pour la faune et la flore africaine, il entraîne William Irrigal dans des visites de son pays pour lui montrer les splendeurs sur lesquelles il règne. La richesse de l'écriture de Patrick Grainville offre au lecteur des pages magnifiques sur la luxuriance de l'Afrique. Mais dans sa soif de pouvoir et de possession, Tokor lance son armée contre les ethnies différentes de la sienne, notamment les Diorles, qu'il croît détenteur d'un pouvoir divin. C'est la folie de trop, à la suite des massacres qu'il commet, certains de ses colonels se rebellent entraînés par l'un d'eux, Lalaka, qui a des idées socialistes pour sortir le pays des griffes du tyran, et soutenus par William Irrigal. Si l'on replace le roman dans le contexte de son temps, alors que de grands mégalomanes, des Amin Dada, des Jean Bedel Bokassa et d'autres régnaient sur l'Afrique noire, on imagine sa puissance, d'autant que dans les années 90, des génocides entre ethnies ont dévasté l'Afrique, comme celui que Tokor veut perpétrer contre les Diorles.
le roman est parfois difficile à lire tant l'écriture est intense, recherchée, truffée de métaphores, mais c'est ce qui en fait sa puissance.
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LES FLAMBOYANTS de PATRICK GRAINVILLE
L'introduction de ce roman donne le ton, William arrive en Afrique à bord d'un bateau au milieu d'un ouragan. C'est tonitruant, flamboyant et délirant, toute la puissance des éléments déchaînés. Ce jeune homme va rencontrer Tokor, un de ces potentats qui avec sa toque en panthère fait immanquablement à Mobutu Sese Seko. le père de William avait connu Tokor il y a longtemps et c'est comme invité de marque qu'il va découvrir le roi/ President et son palais. Tokor est protégé par une garde prétorienne de 500 hommes dont l'initiation consiste à rester nus plusieurs jours sans manger en se roulant dans des fleurs de flamboyants. Tokor a une obsession ( en dehors du sexe), c'est de faire la guerre avec ses voisins et de découvrir les Dorlies supposés être un peuple sacré avec des animaux magiques. Pour cela il part en campagne avec ses chars, ses avions de chasse(2) et sa garde. Mais avant le départ il organise une énorme fête païenne . William va tout suivre avec Tokor, admiratif puis dubitatif pour finir terrorisé par la folie du roi.
Tout est flamboyant dans ce livre, le délire de grandeur du roi/Président, la violence de la nature et des hommes, le tout servi par un texte qui déborde, qui amplifie et qui magnifie l'histoire. Tokor est un mélange de Mobutu, Amin Dada et Bokassa, tour à tour charmeur et menaçant s'enfonçant dans une folie incontrôlable et n'écoutant plus personne, pas même son fidèle colonel qui contrôle le nord du pays et le prévient que la révolte gronde.
J'ai pleinement apprécié cette épopée baroque et délirante qui m'a fait penser à ce film le Dernier roi d'Écosse avec Forest Whitaker.
Prix Goncourt 1976.
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Voici ma première critique, pour ce livre dont je suis surpris du faible engouement.
D'abord car il peut attirer notre attention à double titre: c'est le Prix Goncourt 1976 et son auteur Patrick Grainville est membre De l'Académie Française.
Ce n'est pas un livre facile à lire, du moins pour moi. Pas le genre de livre à choisir pour s'endormir ou pour lire dans un environnement bruyant.
C'est un livre à l'écriture exigeante, travaillée et avec un vocabulaire choisi avec précision. Cet aspect que j'ignorais à considérablement ralenti ma lecture, car il m'a au départ découragé et empêché de rentrer directement dans l'ouvrage.
Une fois compris à qui j'avais à faire j'ai pu profiter complètement de cet oeuvre. L'auteur nous offre des descriptions grandioses et des envolées joviales et farfelues au milieu de la brousse africaine. Bien des fois j'ai voyagé et j'ai frissonné depuis mon canapé, et c'est là un des objectifs de mes lectures.
Je recommande donc sa lecture, pour ceux qui recherchent des textes précis et riches, vous passerez un excellent moment.
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'Ce roman du mouvement et de contemplation, comme le dit Paule Constant dans sa préface, pour la réédition de ce prix Goncourt 1976, m'aura donné bien du mal.
J'ai mis en effet plus d'un mois pour en arriver à bout, en alternant d'autres lectures.
Ce n'est pas que ce roman est mauvais mais j'ai eu du mal à m'imprégner de ce monde empli d'extravagances, d'imagination, de sauvage et plein de fantasmes.
L'écriture en est excellente et précise.
Un livre qui m'aura donné peut-être un peu de mal mais qui restera présent longtemps dans ma mémoire car c'est bien souvent les livres sur lesquels je bute qui gardent une place durable !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
– Il faudra que tu apprennes à aimer Blanc-Bec !… encore une sublimité qui t’échappe ! Ah ! tu sais ! nous les nègres, nous les sauvages ! on a fait d’instinct – et cela depuis les plus lointaines lignes du temps – le tour des grandes et profondes expériences de la vie. On n’a pas eu besoin de raconter nos extases à longueur de romans courtois, sentimentaux ou romantiques… Notre roman s’est épanoui dans la brousse, dans les guerres tribales et les chasses et les veillées, les feux, les méandres voluptueux de l’Humko et ses rapides effrénés, sous les tornades brusques, dans l’élan des frondaisons tenaces, tapageuses ! Dans cette énormité grouillante et féconde… On a fait le tour de la question, crois-moi ! On n’a pas eu le temps de se creuser la cervelle. C’est là devant nous, on a reçu dès la naissance ce grand coup de soleil et de vertige en plein torse et nos entrailles n’ont pas cessé de brûler depuis ! Nous étions la race immédiate. Tu aimeras, je te le dis, fils. Alors tu verras ! tes pudeurs de prince blanc seront balayées et tu n’auras plus peur du mauvais goût ! Hein ! Les grands sentiments c’est vrai, c’est brouillon, peu esthétique mon agneau, mais transgressif ! n’oublie pas ! et propres à rebrousser le cénacle des gens subtils, policés. Les missionnaires qui nous faisaient l’école appelaient votre maladie occidentale d’élégance et d’ordre en tout : le classicisme ! Il paraît à t’observer William que vous en êtes tout guindés encore, tout puritains… »
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William se sentit agressé de toutes les impulsions d’une nature redondante et délirante… Cela ruisselait d’orchis et de lis bleus, se hérissait de pétales gladiolés, se boursouflait de frondaisons arrondies en boucliers trapus, en oreilles d’éléphant… De grands lobes jaillissaient, trouaient un flottement d’îles essaimées de verdures. Bondissaient, s’enroulaient mèches vertes et fouets. Des nœuds épais, rengorgés de feuillage somnolaient. S’épandaient de libres lacis de lianes pulpeuses. Martiales des fleurs s’exhibaient, ou dissimulées, matricielles… Des bulbes charnels et poussifs côtoyaient des urnes de népenthès bondés d’insectes engloutis. La vénusté d’arums en purs cornets vous éclairait soudain dans l’arrogance et le halètement des verts. Les orchidées éclataient comme des fous rires, creusant leurs petites gueules carminées ou flavescentes d’où giclaient les étamines obèses et douces, pétries de grumeaux et de sèves blanches. Liasses épaisses de feuillages ou paperasses moussues, franfreluches indiscrètes, virides. Soudain prurit de bougainvillées pourpres. Agglutinements, oppressions, tiges garces, mares lourdes, océans de feuillées sereines. Fourmillement de bribes, de fétus, de phasmes mimétiques… fumées, nébules… unanime bavement des verts. Hourla pareille à la carène colossale et surchargée de l’arche de Noé…
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C'est vrai, on est des malins... tu vois la foule est bête et les prétendus grands de ce monde le sont autant. Deux races captives et encombrées, les uns de crasse, de paludisme, de cancrelats et de bourbouille, les autres de responsabilités honorifiques, de monuments et de discours inauguraux.
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Les flamboyants dressés déploient leurs armoiries de feu : floraisons immobiles, écarlates sur le bleu irréel de l'azur et de la mer. (p. 11)
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Vidéo de Patrick Grainville
Lecture de Patrick Grainville tiré du livre Figures d'écrivains, dirigé par Étienne de Montety.
Découvrez un portrait inédit de la littérature française. La visage, la plume et la voix de 70 grandes figures des lettres réunies pour un cadavre exquis historique.
Pour en savoir plus : https://www.albin-michel.fr/figures-decrivains-9782226436351
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