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Critique de Eve-Yeshe


Nous faisons la connaissance de Guillermo en 1947, le jour de la messe des Rameaux, alors qu'il attend une jeune femme qui a beaucoup compté dans sa jeunesse Amparo, pour lui demander de l'aide alors qu'elle est pour Franco depuis le début, alors que le Docteur Guillermo Garcia était républicain. Il s'agit de sauver un ami proche. L'aidera-t-elle ? ainsi commence ce que l'auteure Almudena Grandes appelle « Mon histoire est celle de trois imposteurs. »

On assiste alors à un retour vers le passé et la guerre entre républicains et partisans de Franco, début des années trente.

Guillermo est un chirurgien reconnu et apprécié, qui sauve des vies, met en place avec un médecin canadien Norman Bethune, les premiers dons du sang. Il vit une histoire d'amour avec Amparo qu'il finira par épouser, car elle est enceinte, hyper catholique…

Pendant ce temps en Allemagne arrive au pouvoir le NSDAP avec ce cher Adolf qui met en place la politique qu'on connait, avec au passage une amourette avec une descendante de Wagner, son compositeur fétiche : Winifred Wagner … « À partir de ce jour, Winifred vit exclusivement pour Adolf Hitler. »

Hitler va aider son « ami » Franco bien-sûr, lui donnant avions, bombes, pour écraser Madrid et la révolution…

Guillermo est obligé de quitter l'hôpital et renoncer à la médecine et surtout changer d'identité, grâce à la complicité de son meilleur ami, diplomate républicain, Manuel Arroyo Benítez et devient Rafaël Cuesta Sanchez alias Rafa…

Pendant ce temps la guerre fait rage, certains Espagnols choisissent d'aller combattre aux côtés des nazis, se livrant aux exactions qu'on connaît : on rencontre Jan un jeune Flamand plus que séduit par les théories raciales : « exécuter des Juifs, cela n'est rien, car ils ont l'apparence des humains mais n'en sont pas » et son meilleur ami, un ancien boxeur tricheur, Adrian Gallardo. On les suit jusqu'à la défense du bunker à Berlin, où ils tiennent à résister jusqu'au 2 mai pour que les Russes ne puissent pas fêter leur victoire le premier mai !

Ils vont finir par rester en Allemagne, changeant d'identité aussi. Mais Adrian est recherché car il a commis des atrocités, donc criminel de guerre.

Le décor est planté. La chasse aux nazis commence, mais, Franco est là et tous ses partisans, notamment les bigotes à ses bottes vont tenter par tous les moyens d'empêcher les arrestations en distribuant des faux papiers bien en règles et des filières se mettent en place de façon magistrale il faut bien le reconnaître.

Manuel est également obligé de changer d'identité, plusieurs fois et finit par prendre celle Adrian Gallardo Ortéga en1947 puisque ce dernier est considéré comme criminel de guerre et porté disparu.

Les deux hommes resteront en contact et le « docteur Garcia » continuera à exercer ses talents de médecin sous le manteau, avec beaucoup de prudence…

Manuel est né dans une famille nombreuse et n'a jamais été aimé par ses parents, notamment par sa mère qui s'en débarrasse en le plaçant chez un prêtre qui va lui apprendre à lire et écrire, faire son éducation, lui permettant de faire des études, qui vont changer son destin. Il occupera des fonctions importantes à la Société des Nations en Suisse, durant la République.

Comme l'auteure le répète assez souvent dans le roman : « Manolo Arroyo Benítez avait toujours eu à la fois la poisse et beaucoup de chance. »

On va suivre, les réseaux qui se mettent en place. Bien-sûr l'Église catholique a les siens, mais l'auteure nous parle davantage des réseaux organisés par les civils, notamment celui de Clara Stauffer, (fille d'un brasseur de bière allemand et de mère madrilène), la manière dont les dignitaires nazis mais aussi les moins gradés, sont recevoir la nationalité espagnole, puis migrer vers l'Argentine de Perón qui leur réserve un accueil enthousiaste.

Almudena Grandes mêle la grande et la petite histoire de manière magistrale. Au début, j'ai eu du mal avec les noms espagnols à rallonge ;'ai pourtant l'habitude avec les noms portugais, mais les consonances sont différentes et surtout les personnages principaux changent d'identité ! et surtout il y a beaucoup de monde dans ce roman !

Je me suis rendu compte, après avoir lu une centaine de pages, qu'il y avait à la fin du livre, la liste des personnages réels ou fictifs, leurs différentes identités, ce que m'a beaucoup simplifié la vie.

Guillermo-Rafa à Madrid et Manolo-Adrian en Argentine, vont tenter, en risquant leur vie, de surveiller, tenir des registres de l'or nazi et surtout des oeuvres d'art volés aux juifs, à la demande des autorités américaines. Hélas, l'ennemi a changé ! c'est la guerre froide, l'ennemi c'est Staline et pas Franco qui aura ainsi de beaux jours devant lui….

On va rencontrer ainsi, au fil des pages, des Républicains, qui se cachent sous d'autres identité, qui continuent à espérer la République, des gens sincères, des salauds de la pire espèce qui continueront à être protégés…

Tout en nous racontant l'Histoire de l'Espagne Franquiste, que je n'ai jamais étudiée de près car le Caudillo me déclenchait de l'urticaire (il est décédé en novembre 1975 !) et je reconnais que je me suis davantage intéressée à Salazar et sa clique et à la révolution des oeillets au Portugal le 25 avril 1974 qu'à lui. Donc négligence réparée…

J'ai adoré ce livre passionnant à plus d'un titre, dans lequel l'auteure a fait un travail de recherche considérable pour étayer son raisonnement et rester au plus près de la réalité historique et je me suis aperçue que ce livre était en fait le quatrième d'une série consacrée à la guerre civile, qui en comporte encore deux autres.

Certains personnages semblent récurrents, mais cela ne gêne absolument de ne pas avoir lu les précédents, ce que je vais sûrement faire. Je proposerai le plan de l'oeuvre dans une autre page de mon blog, afin de ne pas donner le tournis.

Un livre exceptionnel comme l'est d'ailleurs « La fabrique des Salauds » dont je vous ai tant rebattue les oreilles, fin 2019, et dont j'ai tourné la dernière page avec tristesse, tant je m'étais attachée à tous ces personnages. Bip-Bip! je deviens lyrique, il est temps que je termine cette chronique.

Un immense merci à NetGalley et aux éditions Lattès qui m'ont permis de découvrir une auteure géniale et une partie de sa fresque historique.

#LespatientsdudocteurGarcia #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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