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Critique de Kathleene


J'avais prévu de lire "Le Bal Mécanique" avant d'aller visiter l'exposition sur le Bauhaus, qui se tient actuellement au Musée des Arts Décoratifs à Paris (2016). Les hasards du calendrier en ont voulu autrement. Bienheureux changement de programme qui m'a permis au final de mieux m'imprégner de l'ambiance et des personnages du récit de Yannick Grannec..

Récit surprenant par sa chronologie hétéroclite en deux parties sur deux périodes historiques différentes, que tout relie au final.

Récit déroutant par le changement de rythme, de style, de personnes entre ces deux phases.
Les mots défilent sur un tempo enlevé dans la première partie, nous enveloppant dans le stress permanant de Josh, inapte à se poser.
La seconde partie nous entraine plus paisiblement, d'une certaine façon, dans la transcription de la vie de Magda dont l'effervescence continuelle surgit par sa personnalité affirmée, sur un fil de rébellion permanente.

Récit captivant par la force de son écriture, son allant, ses connaissances que nous fait partager Yannick Grannec sur ces hommes et femmes de ce courant architectural né en 1919 à Weimar, alors capitale culturelle de l'Allemagne et dissout en 1933 à la montée du nazisme.

Mêlant réalité et fiction, Yannick Grannec nous entraîne dans un roman à l'écriture pleine et entière, révélatrice d'une puissance indéniable. A un siècle d'intervalle, les protagonistes de cette histoire, évoluant dans le monde de "l'Art", sont tous confrontés à l'histoire familiale et à ses tourments générés par les non-dits, à la bataille de l'apparence contre la volonté personnelle de se réaliser dans le domaine de leur choix.

Traversant le temps en marche arrière, nous parcourons les méandres de la vie survoltée d'un producteur d'une émission de téléréalité, dont l'histoire familiale nous amènera à faire connaissance avec Magda, jeune fille et femme rebelle, détentrice d'une force de caractère certaine, insolente à ses heures, bravant l'autorité sans se départir de son désir furieux de sortir de la destinée réservée aux femmes de cette génération où la seule création qui leur était acquise était celle de la procréation.

Magda qui, très tôt, doit apprendre à être automne, ne pouvant compter ni sur l'instabilité de sa mère, ni sur l'égoïsme de son père, tous deux évoluant dans un seul monde de fête et d'apparence. Elle trouvera néanmoins une protection et un appui certain auprès de son parrain, le peintre Paul Klee, avec qui elle entretient un lien sincère et touchant."Je savais ce qu'était une bonne mère. Parrain avait été ce qui s'en rapprochait le plus ; il est des vérités qu'on ne dit surtout pas à ceux qu'on aime" (p. 514)


La lecture aisée de la première partie rend la transition vers la seconde plus ardue, de part le changement de cadence, d'époque, d'acteurs. Mais les interprètes de ce scénario hors du commun nous enveloppent rapidement dans les mailles de leurs vies, de leurs désirs et de leurs désillusions, ne nous laissant comme choix que celui de ne poser ce livre qu'une fois notre lecture terminée.


Merci aux Editions Anne Carrière et à Babelio via Masse Critique de m'avoir permis de déguster, savourer et de traverser ce siècle artistique.
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