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Critique de mumuboc


Il s'en passe des choses à l'Abbaye de Notre-Dame du Loup en 1584 en Provence.....  de cette communauté de bénédictines normalement dévolues à la prière et au secours des souffrants, Yannick Grannec pousse les portes de la clôture pour nous faire découvrir non seulement les conflits parfois larvés et luttes de pouvoir entre religieuses mais aussi le pouvoir des Simples, ces plantes que l'on nommait ainsi car poussant dans les jardins ou dans la nature et qui possédaient bien des vertus à qui connaissait leurs pouvoirs. Et celle qui les connaît, c'est la religieuse herboriste, soeur Clémence, femme âgée et qui a trouvé en Gabrielle, jeune fille de 15 ans, sa digne héritière.

Née de l'imagination de l'auteure cette abbaye abrite une communauté constituée de religieuses d'extractions diverses, ayant choisi (ou non) de se consacrer à leur Dieu, soit par la prière soit en oeuvrant aux travaux du lieu, la ressource principale étant la vente des plantes mais accueillant aussi dans  l'hôpital  les plus humbles. Abbaye imaginaire mais inspirée par des recoupements historiques, connaissances des plantes, de leurs bienfaits mais aussi parfois de leurs pouvoirs malfaisants et le tout avec une trame romanesque dans laquelle l'auteure intègre tout ce qui concourt à en faire un récit vivant, instructif et à rebondissements.

Car quand on fait entrer un jeune vicaire qui pose ses yeux sur la jeune apprentie herboriste dans la place, tout se dérègle, c'est faire entrer le Malin dans la bergerie..... On découvre que l'évêque entretient une relation avec la mère du jeune homme (les voeux de d'abstinence étaient ce qu'ils étaient....), que l'abbesse est confrontée à bien des rivalités, que les femmes sont souvent reconnues comme sorcières quant on leurs actions vont à l'encontre de la morale ou par simple convenance et que le Diable se fait un malin plaisir à mélanger les herbes cartes, le tout rythmé par des dictons de saison, des recettes et des odes aux échos de nature, de sentiments et de plantes.

L'auteure aborde judicieusement différents thèmes : condition féminine, misère, maladies, pouvoir, luttes d'influence, hérésie etc.... le tout dans une écriture fluide et parfois empreinte des parlers de l'époque.

J'ai lu avec plaisir (et avec effroi sur la fin quant il s'agit des tortures) ce roman, c'est une plongée dans les temps où il ne faisait pas toujours bon être femmes, détenir un savoir et un pouvoir, où l'Eglise régnait en maître avec des tribunaux où le justice était toujours du même bord sans compter les manipulations et revirements du peuple.

J'ai eu peur que cela ne verse à un moment sur une histoire convenue de romance avec la venue du jeune vicaire qui rencontre la jeune apprentie, mais Yannick Grannec évite cet écueil (pour moi) et se lance dans un récit aux multiples narrateurs vivant ou passant dans ce lieu si fermé mais où les passions sont parfois exacerbées.

C'est une lecture qui n'a pas été sans me faire beaucoup pensé à La nuit des béguines d'Aline Kiner qui se déroulait également dans le même type de lieu et d'intrigues....

Dès sa sortie ce livre m'avait interpellée car j'aime l'histoire, la nature et donc les plantes, je trouvai la couverture très jolie et évocatrice, je suis toujours curieuse de la vie monastique et donc il avait tous les ingrédients d'un livre à la fois divertissant mais instructif. Une réussite donc.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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