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Critique de ChristianLV


Bonsoir,

Lorsque j'ai lu Mon Siècle de Günther GRASS, j'ai jubilé.

Dans chacun de ses 100 courts récits, il détricote la pensée allemande, officielle ou commune tout en décrivant le quotidien de ses concitoyens. Chaque histoire est à la fois symptomatique de la manière d'être et de penser pour un allemand de l'année concernée. C'est une étude de caractères très bien ciselée et sans fards. de quoi scandaliser les plus orgueilleux, et Dieu sait que bien des Allemands ont de l'orgueil à revendre. le prix Nobel avait fait grincer des dents outre-Rhin. Pourtant, en ce qui me concerne, j'avais trouvé ce livre plutôt affectueux et tendre avec l'histoire du peuple allemand, tout juste ironique avec les travers. En tous cas j'y retrouvais ce que j'aimais chez eux.

Je me souviens de ces anciens de la Wehrmacht qui se retrouvent au Weinstube et n'ont toujours pour seul regret que d'avoir perdu la guerre, refaisant les batailles : et si on avait fait ceci ou cela, on n'aurait pas perdu la guerre...

J'ai travaillé en Allemagne dans un palace à Bühl Baden comme cuisinier et cet esprit frustré et revanchard je l'ai bien senti chez certains. En 1982, il restait aussi beaucoup de personnes bien placées durant la guerre. Ceux qui avaient été en situation de pouvoir entre 1935 et 1945 n'avaient guère que 75 à 85 ans. Je me souviens de la veuve Krupp, de ses gros diamants pendant aux oreilles, de son chauffeur décoré comme un sapin de Noël et de sa Cadillac rose dépassant du garage, cette femme même que Visconti, dans son film, fait périr empoisonnée à la fin de son film "Les Damnés". Dans la réalité, la famille Krupp a bien été indemnisée.

Je pourrais en raconter beaucoup plus, mais je souhaite principalement rendre hommage à tous les allemands qui m'ont aussi accueilli avec beaucoup d'amitié, et ce sont les plus nombreux. Tel ingénieur, lui catholique, marié à une protestante évangélique, vraiment très sympa. Tel prêtre en permanence à Notre Dame de Paris au titre de la réconciliation franco-allemande et qui m'a consolé aux heures noires de ma vie. Telle famille de viticulteurs avec lesquels nous entretenons toujours des relations et dont le père, à 18 ans, était prisonnier de guerre dans notre famille dans la poche de Saint-Nazaire. Et tous ces jeunes de Paderborn, dont le diocèse est jumelé avec celui du Mans, et tous les clients qui ensuite m'ont permis de vivre durant des années. Les jumelages ont été d'ailleurs une oeuvre des plus heureuses.

Bref, lisez cet ouvrage, un condensé bien sympathique et honnête de l'Allemagne. J'aime ce pays et je lui pardonne tous ses défauts.
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