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Critique de Presence


En 2011, l'éditeur DC Comics décide de faire repartir toutes ses séries à zéro, après un crossover Flashpoint générant cette réinitialisation. La série Jonah Hex (commencée avec A face full of violence, forte de 10 tomes, plus une histoire complète No way back, débutée en 2006), s'arête donc, en 2011, au soixante-dixième épisode avec Bury me in Hell (épisodes 61 à 70), au grand dam des scénaristes Jimmy Palmiotti et Justin Gray qui espéraient battre le record de longévité de la précédente série de 1977 qui compte 92 numéros. DC Comics les place aux commandes de la nouvelle série consacrée à Jonah Hex : "All star western" dont ce recueil comprend les épisodes 1 à 6. Il intègre également les histoires parues en bonus en fin de chaque numéro mensuel.

Jonah Hex (illustrations de Moritat -Justin Norman de son vrai nom-, et mise en couleurs de Gabriel Bautista) - Jonah Hex effectue un séjour à Gotham City dans les années 1880. L'inspecteur de police Lofton a demandé son assistance (rémunérée bien sûr) pour capturer un tueur en série s'attaquant aux prostituées. le même inspecteur a également demandé l'aide d'Amadeus Arkham, un médecin adepte de la psychologie (cette histoire se passe avant la fondation de l'asile qui portera son nom). Cette première enquête va les amener à se confronter à un groupe d'intérêts de la haute société, ainsi qu'à leurs hommes de mains. La deuxième enquête se déroule dans les sous-sols de Gotham à la recherche d'enfants disparus.

L'objectif assigné à Gray et Palmiotti par le responsable éditorial est de se servir de cette nouvelle série pour rattacher Jonah Hex à l'univers partagé DC en général, et à celui de Batman en particulier. C'est la raison pour laquelle Hex passe quelques temps à Gotham plutôt que de vagabonder d'affrontement en affrontement sur le territoire sauvage des États-Unis. Et la première histoire permet d'établir un lien avec The Court of Owls. Il y a bien sûr la présence d'Amadeus Arkham, et l'apparition du Maire Theodore Cobblepot (ascendant du Pinguin) qui renforcent encore la connexion avec l'univers de Batman. Mais passé ces éléments, le lecteur retrouve le Jonah Hex qu'il connaît bien. La vraie concession effectuée par les scénaristes est de raconter des histoires en plusieurs épisodes, plutôt qu'en 1 seul comme dans la série précédente. Pour le reste, l'incidence de la remise à zéro de l'univers partagé DC est nulle. Jonah Hex est égal à lui-même, la continuité est réduite à sa plus simple expression (son attachement à la vareuse sudiste, sa cicatrice, et sa volonté d'opérer seul).

Pour les lecteurs de la série précédente, ils retrouvent tout le charme repoussant de Jonah Hex ; pour les nouveaux lecteurs il découvre un personnage immédiatement accessible, sans besoin d'avoir lu quoi que ce soit d'autre. L'incursion dans la haute société de Gotham n'est pas très palpitante et met en scène une organisation secrète générique, peu intrigante, avec le retour de la Bible du Crime (déjà développée par Greg Rucka avec le personnage de Renee Montoya dans Five books of Blood), l'un des concepts les plus débiles de l'univers partagé DC. Par contre, Gray et Palmiotti n'ont rien perdu de leur savoir faire pour inventer des criminels sadiques et dérangés perpétrant des actes ignobles, dignes de l'intérêt de Jonah Hex. La narration gagne en ironie grâce à l'inclusion d'Amadeus Arkham qui s'accroche aux basques de Jonah Hex, pour former un tandem très savoureux. La deuxième partie plonge le lecteur dans une enquête glauque à souhait, avec un nouvel opposant réussi, même s'il faut encore en passer par un élément du mythe de Batman.

Ces 6 épisodes sont illustrés par Moritat qui dispose d'un style marqué, assez éloigné des canons propres aux superhéros. Il a une façon de dessiner les visages qui laissent une impression d'esquisse brutale qui ne met pas en avant la beauté des individus. Cette approche a pour avantage de bien faire ressortir la laideur de la cicatrice de Jonah Hex. Il est évident qu'il a soigneusement accompli son travail de recherche de références historiques. L'uniforme d'Hex est convaincant, ainsi que les décors, et même les rues de Gotham. le lecteur a l'impression de se trouver dans des rues plausibles, sans qu'elles n'en deviennent franchement réalistes. le niveau d'immersion est supérieur à celui des comics de base. La froideur et le manque de sentiments d'Hex sont parfaitement mis en image. Moritat s'exonère parfois de dessiner des décors. Il s'agit d'une pratique habituelle dans les comics et le metteur en couleurs meuble avec de savants camaïeux. Mais quand les décors disparaissent pendant 4 pages d'affilée, Moritat saborde lui-même son ouvrage, car ses décors sont souvent très fouillés. du coup, le lecteur est choqué par le hiatus entre ces pages dénudées, et les autres décrivant des décors riches et attirants. Il est également difficile de croire à l'authenticité des costumes dont il affuble les prostituées.

Jose Oscar Ladrönn réalise les couvertures des épisodes 4 à 6 et elles sont magnifiques. Il s'agit de véritables peintures insistant sur la situation dangereuse dans laquelle se trouve le héros pour un pastiche des couvertures des romans d'aventures des années 1940 : un régal savoureux.

Globalement ces 6 épisodes constituent une lecture divertissante pendant laquelle il est agréable de suivre les actes impitoyables de Jonah Hex, bien mis en valeur par Amadeus Arkham, dans un Gotham plein de caractère. 4 étoiles.

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El Diablo (16 pages, illustrations de Jordi Bernet) - Lazarus Lane arrive dans une ville où les habitants sont la proie d'une malédiction les faisant ressembler à des zombies agressifs et sans âme. Seules 4 personnes ont échappé à la transformation et sont retranchées dans un bâtiment où elles détiennent un indien.

En 16 pages, Gray et Palmiotti racontent une histoire rapide, peu originale, qui a pour objet de rappeler au lecteur l'existence de Lazarus Lane. le récit s'oublie aussi vite qu'il se lit. Il reste les dessins de Bernet toujours aussi crus et efficaces. 3 étoiles.

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Barbary Ghost (24 pages, illustrations de Phil Winslade) - En 1878, à San Francisco, la famille Tiandihui a la mainmise sur le racket de la protection. Quelques gros bras viennent réclamer le montant de la "protection" à la famille Tsen qui tient une épicerie. Wei Tsen (le père) refuse de courber l'échine. La violence éclate. Une jeune femme se faisant appeler Barbary Ghost s'attaque aux hommes de main du clan Tiandihui.

Gray et Palmiotti présentent Yanmei Tsen, une nouvelle héroïne, très pulp dans l'esprit, avec son costume improbable, son manque de tout remord en exécutant sa vengeance. Les dessins de Phil Winslade sont minutieux et permettent au lecteur de croire à ces aventures second degré, avec une ambiance très convaincante. 4 étoiles.
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