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Critique de Ileauxtresors


Furtive et insaisissable – à tel point qu'on se demande presque s'il ne s'agit pas d'une apparition… Federica a pourtant laissé une empreinte indélébile dans la mémoire du narrateur qu'elle a, jadis, brièvement initié à l'insouciance et aux déambulations contemplatives, dans les rues et sur les toits de Paris. Vingt ans plus tard, elle refait brusquement incursion dans la vie de celui qui se présente lui-même comme un professeur de français et écrivain raté, solitaire et désenchanté. En lisant son journal, il apprend en effet qu'une certaine Federica Bersaglieri est suspectée en lien avec la disparition mystérieuse d'un jeune couple d'architectes dans les Dolomites. Aussitôt, les souvenirs surgissent et poussent le narrateur à mener l'enquête : qui était-elle vraiment ? Qu'est-elle devenue ?

Autant le dire tout de suite, je n'ai pas été transportée par l'extravagance et par les invitations peut-être un peu convenues de Federica à la légèreté et à la prise de risque – ne trouvant, il faut bien l'admettre, rien de tout cela extraordinaire au point de rester si marquant vingt ans plus tard. Rien qui ne donne envie de cultiver son goût du risque et de repousser ses limites en bravant des précipices surplombant Paris ou de vertigineux sommets italiens… Ces souvenirs sont, certes, probablement sublimés par la fascination entêtante exercée par la jeune femme sur le narrateur. Frêle et forte, avec son goût pour les hauteurs, son blouson de cuir et ses discours existentialistes, Federica pourrait être un personnage de cinéma des années 1970. Les escapades littéraires dans lesquelles elle entraîne le narrateur ont le même charme un peu désuet.

Le fil de pensée du narrateur est restitué avec finesse et sensibilité par la belle plume de Mark Greene, avec ses méandres, ses incursions dans le passé teintées de mélancolie. Récit, extraits de journaux, souvenirs, spéculations et l'écriture retrouvée du protagoniste s'entremêlent et finissent par se fondre. Le mystère ne se dissipe guère plus que ce que dévoile déjà copieusement la quatrième de couverture. La fin du roman, suggestive et empreinte de mystère, m'a donné l'impression de m'être fait prendre par un trompe-l'oeil, me donnant l'occasion de partager intensément la frustration du narrateur : moi qui avais envie de connaître le fin mot de l'histoire, j'ai finalement eu le sentiment que l'intrigue offrait plutôt un prétexte à des réflexions sur la solitude, le hasard, le processus d'écriture, le sens de la vie et le temps qui passe…

Un grand merci aux éditions Grasset, à Babelio et à l'opération Masse Critique consacrée à la rentrée littéraire 2018 !
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