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Critique de Malaura


Le livre s'ouvre sur la projection du film de Fellini "La Dolce Vita", en février 1960. le prince Malo, aristocrate décadent, y tient un petit rôle...Un vent de liberté indécente souffle alors sur une Italie encore bien partisane des vieilles traditions.
Mais aujourd'hui, Malo n'est plus qu'un vieillard malade à l'article de la mort, et dans un dernier travail de mémoire, il confesse au prêtre Saverio les turbulences de sa vie ainsi que celles de cette Italie des années de plomb dont il connaît les exactions commises pendant vingt ans.
Dans son palais à la douce pénombre, il remonte le temps et révèle les complots politiques, les assassinats et les attentats, les trahisons et les secrets…

Avec « Dolce Vita », la romancière italienne Simonetta Greggio peint une vaste fresque politique et sociale de l'Italie, de 1959 à 1979, par laquelle elle énumère les sales affaires qui ont entachées le pays au fil du temps et dont l'écho perdure encore aujourd'hui.
Les Brigades Rouges, la loge maçonnique P2, l'assassinat d'Aldo Moro et de Pasolini, la chasse au communisme...autant de faits divers, de complots d'état et d'attentats qui défilent en vrac sous nos yeux en scénettes palpitantes mais néanmoins un peu obscures pour le non-initié peu adepte d'histoire italienne.

Découpé en plans-séquences, « Dolce vita » ne partage pas que son seul titre d'avec le film de Federico Fellini.
Il offre aussi une construction originale, très cinématographique, dans le montage des faits historiques. Un procédé qui passe sans transition (et sans souci de chronologie), d'un évènement à l'autre, un peu comme une caméra se déplace en travelling circulaire afin de donner un effet de mouvement et de dynamisme aux faits issus du réel. Elle revient ensuite se focaliser en gros plan sur l'élément fictionnel incarné par Malo, ménageant une sorte de respiration entre deux aveux d'affaires criminelles, pour de nouveau reprendre son balayage de l'espace national italien et son évocation des années 60/70.

Le côté documentaire de l'ouvrage se révèle être captivant, mais il faut toutefois le nuancer par le sentiment un peu frustrant de ne pouvoir que survoler les affaires abordées. Ces histoires de complots, d'échauffourées, d'actions militantes, d'accointances avec le crime organisé, etc…sont toutes extrêmement intéressantes, si bien que l'envie s'en savoir plus nous gagne, fatalement ; une envie qu'il nous faut abandonner et qui cause un certain dépit mitigeant la lecture.

En comparaison, l'histoire intime et fictionnelle de Malo et Saverio est nettement moins prenante ; elle aurait même tendance à plomber quelque peu l'ambiance générale et l'atmosphère trouble émanant de ces vieilles affaires d'état au relent de soufre. Quelque chose de statique émerge dans le face-à-face entre le vieillard et son confesseur, une sorte d'immobilisme qui – et bien qu'elle soit nimbée de poésie et de délicatesse - soumet le lecteur à un brin d'impatience, un empressement curieux de retrouver le climat délétère qui enveloppe les épisodes véridiques.

A mi chemin entre le roman et le document, « Dolce Vita » se révèle un peu en demi-teinte mais l'ouvrage a cependant le mérite de nous passionner pour l'histoire contemporaine de l'Italie et pour toutes les intrigues qui l'ont gangrénée au mépris de cette « douceur de vivre » chère à nos amis italiens…
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