Citations sur La dame au petit chien arabe (17)
Et elle se disait aussi qu'il n'est pas donné aux humains de saisir autant de beauté et que nous manquons de l'humilité nécessaire pour prendre la beauté comme elle vient. Non, on veut la saisir d'une façon ou d'une autre, se l'approprier, se disait Anna. Mais on n'y arrive pas, comment le pourrait-on ?
«Le petit chien était couché près d'Anna, son souffle soulevait a peine son flanc. Mine de rien il se rapprochait d'elle peu à peu, jusqu'à toucher sa jambe et, pour finir s'y appuyer, légèrement d'abord, puis un tout petit peu plus fort. Anna entendait le petit chien soupirer.»
Citation pour les amoureux des petits chiens comme moi....
Elle serra sa main un peu plus fort, essaya de graver dans sa mémoire tout ce qui était lui, comme si se souvenir de lui pouvait atténuer sa douleur à venir.
Ils parlaient de petits riens, de choses vécues, d'anecdotes tirées des journaux gratuits, ils riaient et se taisaient, se tenaient bien fort par la main. Et tous deux se disaient que jamais ils n'avaient été aussi près de la vie.
Le champagne est une fontaine de jouvence, se disait-on les uns aux autres en remplissant de nouveau les verres, et le mari d'Anna, qui était tout de même docteur, énonçait le verdict médical : le champagne stimule la circulation sanguine, améliore le fonctionnement des vaisseaux, fait baisser la tension et empêche la formation des caillots, il aide à prévenir l'infarctus du myocarde et les attaques.
Les plus beaux villages suisses sont ceux où l'on ne fait que passer, déclara un ami pendant le trajet en train, parce qu'on ne s'y sent pas encore à l'étroit.
Quand elle descendait la petite échelle qui menait au lac, Anna prêtait attention au friselis de l'eau autour de son corps, au froid piquant, aux petites plumes de cygne qui flottaient vers elle, au reflet du ciel bleu à la surface, à cette foule de détails qu'il convient de retenir quand on pense qu'on est heureux.
Il n’y avait quasiment plus de sensualité dans l’art.
Le monde de l’art était rempli d’administrateurs et de managers, et d’ailleurs le monde
entier souffrait de ce mal – peu de vision, beaucoup de gestion.
Les plus beaux villages suisses sont ceux où l’on ne fait que passer, déclara un ami
pendant le trajet en train, parce qu’on ne s’y sent pas encore à l’étroit. L’étroitesse
vaut mieux que le pittoresque surchargé et nunuche pour touristes saoudiens, répliqua
la meilleure collègue d’Anna, et les amis de rire.
Et elle se disait
aussi qu’il n’est pas donné aux humains de saisir autant de beauté et que nous manquons
de l’humilité nécessaire pour prendre la beauté comme elle vient. Non, on veut la
saisir d’une façon ou d’une autre, se l’approprier, se disait Anna. Mais on n’y arrive
pas, comment le pourrait-on ? Et cette impuissance dérange au plus haut point. Alors
on voudrait en être distraite aussitôt, par des bavardages et des confidences, par
l’indignation et l’apaisement, par toutes sortes de lectures futiles – être distraite
aussi du bar de la plage ou d’une liaison scandaleuse.