"Maman est folle", chante
William Sheller. Mais ici, il n'y pas qu'elle qui soit touchée par la maladie mentale, quelle que soit sa forme, identifiée, ou non.
Sans pathos, mais sans gommer la violence qui parfois l'accompagne (sans omettre celle de la société qui prône la résilience à grands cris, comme le rappelle
Emilie Guillaumin dans "La fabrique des fous"), chaque texte nous dépeint de l'intérieur ou de l'extérieur, via des proches, les addictions, la bipolarité , la dépression, bref les formes variées de ce qu'on appelle familièrement "folie".
Un mot honni par la mère de la nouvelle de
Violaine Huisman "La vieille folle" mais célébré par la fille de celle-ci "parce qu'il recèle l'amour insensé que j'ai voué à maman".
D'amour, il en est beaucoup question dans ces textes. Amour entre un frère et une soeur dans la nouvelle d'
Olivier Adam "De passage", nouvelle aux personnages plus vrais que nature où le mari de la soeur ne peut supporter le comportement de ce beau-frère instable à qui on pardonne tout et qui révèle de manière brutale les dysfonctionnements d'une famille.
Amour inquiet d'un père pour sa fille adolescente dont le corps est celui d'une femme et l'esprit celui d'une enfant, un père qui craint les prédateurs sexuels. Et dans cette nouvelle,"la flèche noire"
Emmanuelle Bayamack-Tam est à son meilleur, peignant avec subtilité tous les sentiments contradictoires qui peuvent animer les parents de cette adolescente.
Bref, on sent que les autrices et auteurs se sont vraiment impliqués dans ces textes , ce qui nous donne un recueil de très grande qualité. Un indispensable donc.