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Critique de Derfuchs


Au fur et à mesure de ses publications, Grisham
continue, implacablement, son analyse des Etats-Unis, sa patrie. Sans
complaisance il tente de nous amener à découvrir qu'idyllique ce pays ne
l'est point. Ici, par le biais du roman d'espionnage, nous nous
aventurons dans les arcanes du pouvoir réel, de ses enjeux et de ses
risques. Convaincant au fil des bouquins, la toute puissance du
président est, petit à petit, réduite à la portion congrue : sois beau
et tais-toi ! Certes il y a des exemples contradictoires mais
globalement est-on vraiment loin du compte ?
Il ne faut pas se méprendre, le livre n'est pas politique, il est, comme toujours, profondément humain. La politique est le vecteur de l'abaissement de l'homme, la partie réductive de ses qualités. Elle change le loup en agneau et le merle siffleur en vautour au bec dégoulinant de fange
sanguinolente.
Joël qu'on maltraite, qui est ce ON ?
- Qui êtes-vous, pour qui travaillez-vous?
- Cela vous avancerait à quoi de le savoir ?
- C'est vrai, à rien.
Alors, du changement, tu vas en avoir mon p'tit Joël, de nom d'abord,
d'habitudes ensuite : tu as connu le luxe et le pognon, tu vas connaître
l'indigence et le manque. Et, pour commencer, apprends l'italien, ça
mange pas pain et ça occupe, pas vrai ?
Alors, Grisham, nous fait découvrir une ville superbe : Bologne ! Il entre dans l'âme des bolognais, de leurs restaurants, de leur université, de leur fierté d'être bolognais, communistes et anti-fascistes et italiens jusqu'au
bout des ongles, de leur élégance extérieure et intérieure. Joël ou
Marco, qu'importe, lui qui sort de six ans d'enfermement, libre :
- Qui m'empêcherait de vous planter là, maintenant de sortir libre, hein, qui ?
- Personne, mais combien de temps resteriez-vous en vie ?
Carotte, bâton, bâton, carotte, n'empêche l'homme est serein et combatif ce
qu'il découvre. On peut vivre sans secrétaire et sans larbin, heureux
avec pas grand-chose, c'est nouveau, ça vient de sortir ? Mais non, ça a
toujours existé, mais ta vie, Joël, ta vie, tu la perdais. Alors il
rattrape, s'accroche à un sourire, se rabiboche avec son fils, le seul
de ses trois enfants à avoir correspondu avec lui en prison, avoir
envoyé une photo de son mariage de son épouse et de leur fille, ta
petite fille, grand-père, c'est quelque chose.
Et puis il y a Francesca, qui est belle comme un soleil et triste comme une nuit sans lune. L'espoir c'est elle, elle et Neal, le fils. Elle l'aidera, il
l'aidera !
Traqué il le sera, mais il apprendra la ruse et puis quand
on a été l'un des hommes les plus puissants de cette grande nation
c'est une preuve d'intelligence. Vous croyez ? Certainement, il le
prouve et fera mieux, il retrouvera sa dignité. Oh, pas pour lui, pour
ceux qui l'aiment, pour ceux qu'il aime.
Surprenant John, de l'espionnage, fallait le faire, n'est pas le Carré qui veut. le message, pourtant, est le même : avant d'être les maîtres du monde, un
petit coup de Monsieur Propre, une bonne serpillère, de l'huile de coude
et on frotte, ça fait pas de mal à l'ego.
Sous une plume toujours aussi impeccable, simple, la prosodie qui coule comme une source, Grisham est passionnant.
Il se fait guide et pas de n'importe quoi, de Bologne.
Des personnages pleins et percutants, déroutants parfois mais humains, ni
super héros, ni benêts, touchants souvent. Vous, moi avec nos qualités,
nos défauts, nos appréhensions, nos doutes, notre humanité tout
simplement.
De la belle ouvrage, mais est-ce une nouveauté ?

Un bémol quand même, beau jeune homme, les leçons d'italien, bravo,
bravissimo, cependant des dialogues entiers traduits, c'est un peu
lourd, heureusement, la qualité les rend supportables.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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